Incendie dans la forêt au Brésil.

Les feux en Amazonie font cartonner Ecosia, l'alternative écolo à Google

© Pedarilhos via Getty Images

Le nombre d’utilisateurs d’Ecosia a explosé suite à la médiatisation des incendies de la forêt amazonienne. Ce moteur de recherche écologique allemand concilie numérique et environnement en plantant des arbres toutes les 45 recherches environ.

« L’Amazonie brûle et tout le monde s’en fout », ont reproché certains instagrammeurs et autres twittos sur les réseaux. Eh bien non, tout le monde ne s’en fout pas. Certes, nous n’avons pas tous les moyens de sauver la forêt à hauteur de 5 millions de dollars comme Leonardo DiCaprio. Mais les petites actions comptent aussi. Et utiliser Ecosia, un moteur de recherche allemand qui plante en moyenne un arbre toutes les 0,8 secondes en reversant 80% de ses bénéfices à des associations, en fait partie. Le site a connu un pic d'audience suite aux premiers articles publiés sur les incendies le 12 août 2019. « Le nombre de personnes qui rejoignent Ecosia chaque jour est passé de 20 000 à 250 000, soit une progression de 1 150 % », se félicite Ferdinand Richter, responsable d’Ecosia France.

« C’était une surprise, reconnaît-il. Les feux de forêts en Amazonie sont connus depuis longtemps et concernent tout le monde. Mais la médiatisation a pris une ampleur inédite. Cela a suscité un choc chez beaucoup de gens. Quand on habite dans une ville comme Paris, on n'a peu de possibilités pour agir. Mais puisque l'on va tous les jours sur internet, faire ses recherches sur Ecosia est une solution simple », analyse-t-il. 

Merci le G7 

En France, l’appli d’Ecosia s’est même hissée en tête des tops téléchargements de l’App Store. Elle occupe aujourd’hui la neuvième place des applications gratuites les plus téléchargées. Le nombre d’utilisateurs actifs est particulièrement important comparé à la moyenne mondiale, constate Ogury, spécialiste du marketing et des applications mobiles. 67 % des Français qui ont l'appli l’ont utilisée au moins une fois durant l’été. L’effet G7, durant lequel Emmanuel Macron a largement communiqué sur les incendies.

« Durant nos sept premières années d'existence (de 2009 à 2016), nous avons planté environ 5 millions d’arbres. En 2019, 50 millions d’arbres ont déjà été plantés », précise Ferdinand Richter.

Publicité numérique et combat écologique, un mariage impossible ?

Développer une activité dans le secteur numérique, dont on connaît l’impact environnemental pas franchement glorieux, est-il compatible avec la lutte contre la déforestation ? Ecosia tente en tout cas ce tour d'équilibriste. La société se targue d’alimenter ses serveurs uniquement grâce aux énergies renouvelables. « Nous faisons aussi attention à la conception du site web. Dernièrement nous avons décidé de ne pas afficher de vidéo de présentation sur le site car on sait que cela consomme beaucoup de bande passante et donc d'énergie. » Une limite toutefois : les résultats obtenus sur Ecosia sont issus du moteur de recherche Bing de Microsoft, qui ne se fournit pas qu’en énergie renouvelable.

La publicité en ligne – même si, chez Ecosia, elle est promise sans traçage des utilisateurs – n’est pas le modèle le plus vertueux qui soit, c’est sûr. Ecosia pourra difficilement s’en détacher mais tente de diversifier ses sources de revenus. Notamment Ecosia Voyage, une solution de réservation en ligne qui permet à l’entreprise de se rémunérer via une commission (certains argueront qu'encourager le tourisme n'est pas très écolo). 

Leader des moteurs de recherche alternatifs

Évidemment, Ecosia est un poids plume comparé au mastodonte du secteur : Google. Son taux de pénétration reste faible. Seuls 1,7 % des mobinautes français utilisent l’application selon Ogury. En revanche, dans la catégorie des moteurs de recherche alternatifs, Ecosia s’est imposé comme le leader en France devant Qwant, Duck Duck Go et Bing. Et le pic des téléchargements suite aux incendies en Amazonie a creusé l’écart avec ses challengers.

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Marine Protais

À la rubrique "Tech à suivre" de L'ADN depuis 2019. J'écris sur notre rapport ambigu au numérique, les bizarreries produites par les intelligences artificielles et les biotechnologies.
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