Des t-shirt verts sur cintre

Les futures étiquettes « score carbone » sur les vêtements peuvent-elles avoir un vrai impact ?

Alors que le Nutri-Score s’est imposé dans les rayons alimentaires des supermarchés, le gouvernement propose un système similaire pour les autres secteurs, à commencer par le textile. Mais c’est pas gagné.

C’est le premier article du projet de loi Climat adopté par les députés et il porte sur la création d’un « score carbone » . Sur le principe du Nutri-Score dans l’alimentation, ce « CO2-score » doit indiquer de façon claire l’impact climatique de chaque produit. Objectif : mieux informer les consommateurs et consommatrices sur l’impact de leurs achats. Le secteur de l’habillement sera le premier concerné par la mesure. Alors que certains se félicitent de cette première décision, d’autres émettent de nombreuses réserves.

Une « vraie » loi Climat ?

Depuis le 29 mars 2021, la loi Climat est discutée à l’Assemblée Nationale. Avant même le début des discussions, le projet de loi suscitait les critiques des militants qui reprochent au gouvernement d’avoir vidé de leur sens les propositions de la Convention citoyenne. Parmi les propositions de ces 150 Françaises et Français tirés au sort, on trouve « la mise en œuvre d’un CO2-score fiable à l’horizon 2024, intégré à une note globale environnementale. » Dans les faits, l’étiquetage environnemental adopté par 93 voix contre 28 concerne un dispositif de test d’une durée maximale de cinq ans avant une possible obligation du « score carbone » si l’expérimentation est concluante. Un délai beaucoup trop long face l’urgence de la situation pour Valérie Grammond, la fondatrice de Green Lobby, interrogée par FranceInfo.

Des critères critiqués

Derrière la bonne nouvelle du « score carbone » se cache la question des critères retenus pour évaluer l’impact environnemental. Un point qui a fait débat dans l’Hémicycle. Alors que certains députés ont poussé pour prendre en compte la santé environnementale et les droits humains, le score carbone prend finalement en compte les émissions de gaz à effet de serre, les atteintes à la biodiversité et la consommation de ressources naturelles. Pour certaines ONG environnementales, le « score carbone » provoque surtout de la méfiance. Dès octobre 2020, Clément Sénéchal, porte-parole Climat de Greenpeace, s’inquiétait de la grande place de cette étiquette environnementale dans le débat. Il estimait que le score carbone allait « servir de joker contre les autres mesures nettement plus structurantes et qui conduisent vraiment à des baisses d'émissions. »

Une expérimentation qui existe déjà…

Mais le principal problème de l’expérimentation du « CO2-score » est peut-être qu’elle existe déjà. Dans la foulée de la loi antigaspillage votée début 2020, l’ADEME, l’Agence de la Transition Écologique, avait mis en place une expérimentation similaire. À l’image du Nutri-Score, l’affichage environnemental de l’ADEME est constitué d’une note symbolisée par une lettre comprise entre A et E. La période d’expérimentation se terminera en juin 2021.

La même efficacité que le Nutri-Score et Yuka ?

L’objectif affiché de la mesure concerne la transparence de l’information envers le consommateur. Mais à l’instar du Nutri-Score ou de l’application Yuka, son utilisation pourrait également inciter les fabricants à revoir leurs modes de production, l’utilisation de leur matière première ou les conditions de transport de leurs produits. En 2019, Intermarché avait ainsi modifié 900 recettes pour obtenir une meilleure note. Et puisque les consommateurs et consommatrices sont désormais habitué.e.s à se fier au petit logo, le « score carbone » sur nos vêtements, même expérimental, pourrait bien avoir un vrai impact.

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