Dans la mode comme ailleurs, ce sont les plus petites boîtes qui subissent le plus la crise. Bonne nouvelle : une solidarité s'installe, et certaines décident de soutenir leurs partenaires les plus fragiles.
La crise du coronavirus nous invite peut-être à revoir nos modes de consommation, il n’empêche que niveau fashion, ce sont les entreprises pionnières dans les pratiques durables et éthiques qui sont le plus durement touchées. Il faut dire que dans la majorité des cas, ce sont aussi des marques plus petites ou confidentielles.
Rémunérer ses partenaires pour faire perdurer les bonnes pratiques
Un article de Vogue Business résume assez bien le problème. La mode est un secteur très polluant qui ne peut se permettre de perdre ses bons élèves - à savoir les petites marques qui s’engagent sur la voie du développement durable et qui inspirent les grandes au passage.
Dans cette optique, la marque de fringues écolo Toad&Co a lancé un programme pour partager, à hauteur de 30%, les revenus générés par ses nouveaux clients en ligne avec les distributeurs indépendants qui revendent ses produits. Au total, ce sont entre 10 et 20 boutiques qui s’inscrivent au programme chaque jour. « C’est chouette, et c’est vertueux pour le business », comme le souligne Gordon Seabury, CEO de l’entreprise. « Ça permet de faire croître nos revenus aussi », admet-il, rappelant au passage que les boutiques indépendantes sont des piliers importants de son succès. « Sans retailers spécialisés, les petites marques n’ont aucune chance. »
Rassurer les fournisseurs et travailleurs plus fragiles
Autre enjeu : ne pas disparaître du jour au lendemain et laisser ses fournisseurs en plan. Dans certains cas, les impacts sur l’économie locale sont dramatiques. Jane Mosbacher Morris, fondatrice et CEO de la marque To The Market explique qu’elle n’a annulé aucune commande auprès de ses fournisseurs. « Je remplis juste ma part du contrat, à savoir payer ce que j'ai commandé. Je leur ai donné ma parole, et la tenir ne devrait pas être considéré comme quelque chose de dingue. »
Sauf que par les temps qui courent, ça l’est, un peu dingue. Car bon nombre d’acteurs n’honorent pas leurs commandes ou leurs contrats. De son côté, Jane Mosbacher Morris préfère parler avec ses partenaires pour comprendre leurs besoins, leurs contraintes. Dans certains cas, ils ont déjà engagé des dépenses ou de l’énergie pour développer les produits. « Savoir si je continue à travailler avec eux ou pas, c’est parfois ce qui jouera dans le fait qu’ils puissent payer leurs équipes ou non. » Et de rappeler qu’en tant que CEO de son entreprise, il est plus facile pour elle de soutenir ses équipes que « pour une couturière de subvenir aux besoins de sa famille. »
Partager la peine en fonction de ce que chacun peut supporter
« Il est normal que les plus gros acteurs portent le plus gros du poids de la situation. Et les plus petits… et bien il faut les payer. » Le message partagé par Gordon Seabury est clair. Et il est entendu par ses pairs. Vogue Business rapporte que des marques comme Behno, Good Krama, Tonlé ou la plateforme Wearwell s’assurent d’honorer leurs commandes pour que la crise n’impacte pas, de façon disproportionnée, les acteurs les plus vulnérables. « Nous sommes une petite marque, et la crise nous touche financièrement, note Katia Nicolas, fondatrice de Good Krama. Mais nous sommes aussi très conscients de la façon dont la situation peut être dramatique pour les travailleurs du textile à travers le monde. »
Ces initiatives sont plutôt réjouissantes. Seul bémol : elles viennent de marques déjà engagées et éthiques. Pas trop de news du côté des très grands acteurs du secteurs... Sauf de H&M, qui, vivement critiqué pour avoir annulé ses commandes venant du Bangladesh, a fait marche arrière et a annoncé payer pour les commandes annulées.
On croise les doigts, et on espère qu’encore une fois, les petites entreprises vont inspirer les plus grandes.
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