
Chez Instagram, c'est la grande hémorragie.
Non seulement l'application perd de plus en plus d'utilisateurs, mais le fait d'avoir un Finsta, un second compte Instagram réservé à ses proches, ne séduit plus personne. Avoir un Finsta était jadis la base pour tout instagrameur accompli. Par Finsta, comprendre « fake Instagram » (faux Instagram, ou second compte Instagram) qui selon les usages nourrit deux fonctions : endosser une identité secrète pour espionner ses ex ou bien partager un contenu spécifique (selfies sans filtres, private jokes...) avec sa garde rapprochée. Mais aujourd'hui, l'usage se perd.
TikTok is the new Finsta
Pour le Urban Dictionary, le Finsta est « un faux compte Instagram où l'on peut publier des photos déglinguées sans craindre de se faire persécuter ensuite par ses pairs, son boulot et la société », ou encore un compte où les gens « postent ce qu'ils ont trop peur de poster sur leur vrai compte. » Pour les adolescents, c'était aussi le meilleur endroit pour partager les photos. En deux mots, Finsta est l'expression d'un moi numérique plus authentique et libéré. Sauf qu'aujourd'hui, ce second moi n'intéresse plus vraiment les jeunes. « Il y a eu un moment où les Finstas étaient à leur apogée, probablement entre 2016 et 2018. Les gens utilisent toujours des Finstas, mais seulement une fois tous les deux mois. Il n'y a tout simplement plus autant d'attrait qu'avant », rapporte Lilabel, lycéenne de 14 ans, au média américain Mashable.
Tout d'abord car la génération Z se fiche d'Instagram : un sondage conduit en 2021 note qu'Instagram est la plateforme préférée de seulement 22 % des adolescents, contre 33 % en 2015. Ensuite car Instagram se transforme peu à peu en grand supermarché où le partage de photos est supplanté par la publicité et le placement de produits. Finalement parce que Finsta est remplacé par TikTok, la plateforme dont les posts sont par essence moins lisses et policés que sur Instagram, ou par Snapchat, où les contenus disparaissent après quelques secondes.
Facebook à la pêche aux profils
Encore empêtrée dans le scandale des Facebook Files, la firme de Mark Zuckerberg, propriétaire d'Instagram, regarde d'un mauvais œil cet exode numérique. Et contre-attaque en lançant une campagne pour inciter ses utilisateurs à se créer de nouveaux profils sur Facebook afin de regonfler les rangs de la plateforme. Sans grand succès probablement... Car qui a envie de s'occuper de l’administration d'un énième compte de réseau social ? Ou d'aider Facebook à récolter encore plus de données pour satisfaire ses actionnaires ? Non merci.
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