
Après la modération des propos de Donald Trump sur Twitter, d’autres réseaux sociaux ont décidé de rendre la parole présidentielle moins visible tandis que d’autres préfèrent la restreindre le moins possible. Petit tour d’horizon.
Twitter : la guerre est déclarée !
Le 27 mai 2020, la plateforme utilise pour la première fois ses outils de modération des fausses informations sur le compte du président américain. Alors que ce dernier affirme que le « vote par correspondance n’est rien d'autre chose qu’une fraude », un lien sous le tweet propose aux internautes de vérifier la véracité de cette information.
There is NO WAY (ZERO!) that Mail-In Ballots will be anything less than substantially fraudulent. Mail boxes will be robbed, ballots will be forged & even illegally printed out & fraudulently signed. The Governor of California is sending Ballots to millions of people, anyone.....
— Donald J. Trump (@realDonaldTrump) May 26, 2020
En cliquant sur le lien, les utilisateurs tombent sur une série d’articles et de vérifications réalisés par différents services de fact checking comme CNN Politics ou le Washington Post. Deux jours plus tard, la plateforme récidive et masque un autre tweet du président qu’il considère comme une glorification de la violence et donc contraire à ses règles. Elle ne l’efface cependant pas, arguant qu’il s’agit de la prise de parole d’un personnage public.
We have placed a public interest notice on this Tweet from @realdonaldtrump. https://t.co/6RHX56G2zt
— Twitter Comms (@TwitterComms) May 29, 2020
Mercredi 3 juin, rebelote ! Twitter efface une vidéo publiée par les équipes de Donald Trump dans laquelle le président pose sa voix sur des images de manifestations pacifistes. Cette fois-ci, c’est le droit d’auteur qui est invoqué.
En coulisse :
Les relations entre Donald Trump et le CEO de Twitter, Jack Dorsey n’ont jamais été au beau fixe. Le président se plaint régulièrement de la « sur-modération » de certains comptes qui soutiennent sa politique et a sous-entendu en avril 2019 que la plateforme diminuait artificiellement son nombre d’abonnés. De son côté, Jack Dorsey considère que les personnalités politiques doivent pouvoir s’exprimer, mais qu’il faut aussi traiter ces comptes comme les autres et les modérer en cas de manquements. Il a par ailleurs banni les publicités politiques de sa plateforme.
Facebook : une liberté totale
Depuis toujours la plateforme assure aux politiques une liberté d’expression totale. Le 3 juin dernier, Mark Zuckerberg a d’ailleurs confirmé qu’il n’allait pas supprimer les messages du président Trump, au nom de la liberté d’expression et de l’intérêt du public à s’informer. En réaction, plusieurs centaines de salariés se sont mis en grève pendant une journée et 33 anciens salariés ont signé une lettre ouverte indiquant que la position de Mark Zuckerberg était « incohérente et dangereuse ».
En coulisse :
Le CEO de Facebook a toujours considéré que ce n’était pas le rôle d’une entreprise privée de modérer et restreindre la parole publique. Ce principe s’applique d’ailleurs aux très nombreuses et lucratives publicités politiques ciblées qui sont diffusées sur Facebook en période électorale. Cette position lui a d’ailleurs valu une volée de bois verts par la député Alexandria Ocasio-Cortez qui l’accusait de laisser la porte ouverte aux fake news. Cette décision controversée aurait été soufflée par le milliardaire Peter Thiel, ancien conseiller de Donald Trump et membre du board chez Facebook.
Snapchat : fin de la promotion des vidéos de Trump
La plateforme préférée des ados a annoncé le 4 juin dernier qu’elle arrêtait de faire la promotion des posts du président dans son onglet Discovery. Le compte de Donald Trump reste toutefois ouvert et accessible. « Nous n'allons pas amplifier des voix qui incitent à la violence raciale et à l'injustice en faisant leur promotion gratuite », a indiqué la plateforme dans un communiqué à l’AFP.
En coulisse :
L’équipe de campagne de Donald Trump a accusé la plateforme de vouloir truquer les élections de 2020 : « Le PDG extrémiste de Snapchat Evan Spiegel préfère promouvoir des vidéos d’émeutes d’extrême gauche et encourager ses usagers à détruire l’Amérique plutôt que de partager le message positif d’unité, de justice, de la loi et de l’ordre du président ».
Reddit : la plateforme empêtrée dans ses contradictions
Alors que le président américain n’est pas inscrit sur ce gigantesque forum, le patron de la plateforme, Steve Huffman a toutefois publié sur Twitter un courrier envoyé à ses employés indiquant que les démonstrations de racisme et de violence ne sont pas tolérées.
En coulisse :
Bien que pétrie de bonnes intentions, cette lettre semble venir un peu tard. Un jour après sa diffusion près de 25 modérateurs des subreddits les plus populaires ont protesté contre Steve Huffman, l’accusant d’être hypocrite face à la prolifération du racisme sur la plateforme. Classé dans le top 20 des sites les plus populaire du web, Reddit est critiqué depuis longtemps pour le manque de modération des discours de haine et la prolifération de fake news. L’ancienne CEO du réseau, Ellen Pao, a aussi protesté sur Twitter, rappelant que Steve Huffman avait toujours refusé de fermer le subreddit r/The_Donald. Ce forum, qui compte près de 800 000 membres, est depuis plus de 4 ans un point de diffusion massif de thèses suprémacistes et haineuses.
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