Mains, couleurs

Comment nos entreprises intègrent l’inclusion dans leur plan de développement ?

© Tim Mossholder via Unsplash

L’inclusion signifie faire société. Un mot d’une sagesse redoutable, né pour contrer son antonyme, porteur de maux quotidiens. Essence d’une société à part entière, les entreprises se saisissent du sujet, afin d’avoir un impact sociétal transverse via une batterie de programmes. Piles (de CV) incluses.

À l’occasion du Mastercard Innovation Forum qui s’est tenu le 26 novembre 2020, Solveig Honoré Hatton, directrice générale de Mastercard France et Véronique Crouzier, directrice des ressources humaines pour le groupe Arkéa, nous expliquent l’importance de l’inclusion interne et externe à l’entreprise, et des solutions respectives mises en place.

État des lieux : éducation, entreprises et IA

De l’éducation, aux entreprises, en passant par la formation et l’intelligence artificielle, l’inclusion est un pilier, celui d’une société équilibrée. Le fameux « melting pot » originaire de la pièce de théâtre homonyme d'Israel Zangwill reste le rêve d’ailleurs d’une société malade de l’homogénéité, de l’entre-soi, en particulier dans certains secteurs. En France, celui de la Tech est concerné. « À l'échelle européenne et en France, on a de plus en plus de métiers liés aux compétences technologiques, des développeurs, de l'intelligence artificielle qui crée de nouveaux emplois... On a pourtant une baisse du nombre de femmes dans ces métiers de 11% dans l’Hexagone. Parallèlement on observe une augmentation de 14% pour le reste de l’Europe », interpelle Solveig Honoré Hatton. Et cela se ressent dans les formations et les écoles de la Tech, avec 6% de diplômées en moins. « Et on sait que le fait d'avoir des femmes dans les métiers de la Tech de demain est extrêmement important pour pallier les biais que cela génère aujourd'hui », ajoute-t-elle.

Pour éveiller les jeunes consciences féminines ou non, Mastercard, Arkéa et leurs partenaires lancent un programme baptisé Tech the Power. Le concept ? Attirer et enrayer les clichés autour des métiers de la Tech via des petites vidéos digitales pédagogiques à destination des plus jeunes, des jeunes filles, des collégiennes… L’inclusion des genres est une question à part entière, mais le nœud repose tout de même sur la mixité. Notamment pour avancer, à plus grands pas. « On a vraiment besoin de profils très divers, soulève la directrice générale, pour pouvoir faire en sorte que les innovations soient riches ».

Inclusion interne et externe, donner du sens et innover

Une salle, une ambiance…, mais des programmes complémentaires. Côté Mastercard, cela se traduit par l’engagement d’inclure jusqu’à cinq millions de personnes dans l’économie digitale à travers trois programmes : le premier vise l'éducation budgétaire pour lutter contre le surendettement des ménages français, le deuxième, souhaite aider les personnes en quête de changement d'emploi à se reconvertir en tirant profit des nouvelles technologies et de l'intelligence artificielle. « Nous sommes en train de développer une plateforme qui permet d'aider les personnes à trouver un emploi plus durable », complète Solveig Honoré Hatton. Le troisième sujet est celui d'avoir plus de femmes dans les métiers incontournables d'aujourd'hui : les métiers technologiques.

Côté Arkéa, l’entreprise s’appuie sur une communauté d’ambassadeurs pour la mixité interne. « Près de 500 collaborateurs ont travaillé en interne et en externe à sensibiliser les 10 500 salariés autour des biais inconscients et des stéréotypes », annonce Véronique Crouzier.  Ce programme consiste à agir sur les process, le recrutement, la détection des talents en interne, et « de faire bouger les lignes », ajoute-t-elle. D’ailleurs, ce procédé interne permet d’avoir un impact plus global, à l’extérieur de l’entreprise.

Pour un impact sociétal positif

Pour Véronique Crouzier, l’inclusion interne est « un levier de performance, pour mieux comprendre nos clients et leurs besoins. Donc leur ressembler en interne et d’accueillir la diversité ». Pour ce qui est de l’impact sur la motivation et la société, l’idée est rapidement approuvée par Solveig Honoré Hatton : « Pour moi, travailler sur l’inclusion en interne, c’est impacter l’externe. D’avoir des programmes qui motivent les employés et de pouvoir donner du sens à ce qu’on fait pour améliorer la société ». D’ailleurs ajoute-t-elle, « plus on inclut de communautés et de personnes dans l'économie digitale, plus la société est performante. Il y a un aspect vertueux de motivation interne à l'entreprise. Mais aussi en externe. Le fait de vraiment avoir un impact positif sur l'économie et sur la société en tant que tel ».

Une question se pose d’ailleurs : dans le sillage des entreprises à mission, l’inclusion devrait-elle s’inscrire dans les statuts des entreprises ? Véronique Crouzier tente d’y répondre positivement : « bien sûr que l'on doit l’inscrire dans les statuts et ambitionner d'être une société de mission pour faire bouger les lignes. C'est une évidence. Je pense que les entreprises doivent prendre leur part dans la formation et dans la correction des problématiques de formation et de mixité ». D’inclure donc, une exclusion définitive de l’exclusion dans sa philosophie d’entreprise ?



Vincent Thobel

Après des débuts en radio, Vincent Thobel se dirige vers la presse écrite où il dépeint la société de la Russie au Moyen-Orient en tant qu’indépendant puis pour le magazine NEON. Il met ensuite cap vers le lifestyle et la gastronomie pour Rue89 et L’Express avant de devenir chef de projet éditorial pour le Groupe Figaro. Il rejoint L’ADN en 2019.

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