Kim Kardashian l’assure : l'IRM de la startup Prenuvo peut sauver des vies. Les radiologues sont moins convaincus.
L’hypocondriaque que je suis en rêve un peu honteusement : se faire scanner l’ensemble du corps pour être certaine qu’aucune tumeur ne menace en silence mon existence. En Amérique du Nord, c’est devenu une réalité accessible aux plus riches. Contre 2 500 dollars, la startup canadienne Prenuvo propose des IRM du corps complet, sans nécessité de prescription, raconte le Washington Post. D'autres services comme celui de l'entreprise new-yorkaise Ezra sont légèrement moins onéreux : 1350 dollars pour le scan d'entrée de gamme.
La procédure dure une heure et l’analyse des images permet de détecter diverses maladies dont des cancers à des stades précoces. Sur les réseaux sociaux, on peut lire de nombreux témoignages de personnes remerciant cette technologie de les avoir sauvés d’un AVC, ou d’un cancer pris en charge suffisamment tôt. Un certain Ryan Crownholm, entrepreneur de 46 ans vivant à Los Angeles, tweetait ceci en décembre 2022, après avoir fait appel aux services de Prenuvo : « J'ai donc passé un scanner. On a découvert un très gros carcinome à cellules rénales qui se cachait à l'intérieur de mon corps. On m'a enlevé le rein et je n'ai plus de cancer. Merci les amis ! »
Kim K veut juste « rester en vie pour ses enfants »
Kim Kardashian herself décrit Prenuvo comme « une machine qui sauve des vies ». Dans un post Instagram, on peut la voir poser devant l’IRM design de la startup. “NotanAd” précise-t-elle en légende. Kim Kardashian n’a pas de problème particulier, c’est juste que comme toutes les mères « elle veut rester en vie pour ses enfants », explique Dr. Raj Attariwala, co-fondateur de la startup, au Washington Post.
Toutes les mères qui ont pas mal d’argent, en tout cas. Les autres se contenteront de manger moins de petits gâteaux et de se remettre au sport. Car si Prenuvo et ses concurrents espèrent démocratiser leur technologie, pour le moment, leurs clients appartiennent aux 1 % les plus aisés. Ils habitent la Silicon Valley, Dallas, New York, Miami et Los Angeles où sont ses cliniques. Beaucoup font partie du secteur de la tech, et financent ces entreprises en plus d’utiliser leurs services.
L’un des investisseurs d’Ezra s’appelle Bryan Johnson, un serial entrepreneur obsédé par l’idée de rajeunir. Sur les réseaux sociaux, il partage les détails de ses multiples tests quotidiens et de son régime draconien afin de gagner quelques années d’espérance de vie. Anne Wojcicki, PDG des tests ADN 23andMe et férue d’health tech en tout genre est, elle aussi, cliente et investisseuse d’Ezra et de Prenuvo, rapporte le Washington Post.
Le quantified self à son paroxysme
Ces scans complets du corps marquent la résurgence du quantified self, cette tendance qui consiste à calculer les moindres recoins de son quotidien et les moindres signaux envoyés par son corps dans le but d’améliorer sommeil, régime alimentaire, capacités cognitives... Et surtout : augmenter sa longévité, l’obsession des ultra-riches.
Selon un sondage publié cet été par A/B Consulting et Maveron VC firm, 46 % des Américains dont les revenus sont supérieurs à 250 000 dollars par an sont prêts à dépenser la majorité de leurs revenus dans leur santé et leur espérance de vie, contre 30 % pour ceux qui gagnent moins de 50 000 dollars par an. 41 % des plus riches sont prêts à « télécharger leur cerveau » pour vivre plus longtemps, 40 % sont OK pour modifier les gènes de leurs enfants et leur assurer santé et longévité, et 42 %, à suivre des traitements risqués.
Ces scans sont toutefois loin de faire l’unanimité chez les médecins. Le corps médical reconnaît que les cancers sont généralement pris en charge trop tardivement, mais aucune institution ne reconnaît l’IRM complet comme une solution. En avril, l'American College of Radiology a publié une déclaration affirmant qu'il n'y avait « aucune preuve documentée que le scan corporel total soit rentable ou efficace pour prolonger la vie ».
Participer à la conversation