Bryan Johnson

Bryan Johnson, l’homme qui rajeunit en direct sur les Internets

© Dustin Giallanza

Son secret : les oléagineux, les légumes et 30 médecins. 

Tous les jours sur Twitter, vous pouvez suivre la routine de Bryan Johnson. Rien d’étonnant sur un réseau social, sauf que le quotidien de ce multimillionnaire de la tech est un peu particulier. Bryan Johnson, 45 ans, consacre sa vie – et une partie de son argent – à retrouver la forme de ses 18 ans.  

La (très longue) vie de Bryan 

Le 22 février 2023, nous apprenions que son rythme de vieillissement avait ralenti de 9,2 %. Le 3 février, il partageait la recette détaillée du nutty pudding – un mélange de noix, de baies et de protéines en poudre dont il se délecte chaque jour. Le 29 janvier, il expliquait pourquoi son visage ne faisait pas si jeune : son programme actuel passe en partie par la réduction calorique, ce qui amincit ses joues, mais il a enclenché un programme « baby face », prévient-il. Il s’est effectivement fait injecter du gras dans le visage pour remédier à ce problème. 

Selon Bloomberg, Bryan Johnson (qui a revendu sa société pour 800 millions de dollars en 2013) aurait dépensé en un an 2 millions de dollars dans des médicaments, une équipe de 30 experts médicaux, des dizaines de procédures médicales dont des tests sanguins, des IRM, des appareils ultrasons et bientôt des thérapies géniques… L’ensemble de ses organes sont observés à la loupe selon un protocole scientifique pour suivre la progression de son rajeunissement. 

Nutty pudding 

Pour retrouver sa jeunesse, Bryan s’astreint à un régime alimentaire très spécifique. Il se compose essentiellement de légumes, de baies, d’oléagineux, d’une centaine de pilules chaque jour (compléments alimentaires, vitamine, médicaments). Tous les jours, il prépare les deux mêmes plats : le super veggie – un assortiment de lentilles noires, brocolis, champignons, chou-fleur, ail et gingembre, et le nutty pudding (évoqué plus haut). Pour son troisième repas, il s’autorise quelques variations. Mais le tout est vegan, et ne doit pas dépasser 1 977 calories sur la journée. Petit plaisir : du chocolat noir 100 % de cacao. Il fait beaucoup d’exercices : une heure quotidienne, en plus de trois séances d’effort intensif par semaine. Il se couche tous les soirs à 20h30. À cela s’ajoutent diverses thérapies plus techniques comme la luminothérapie ou un appareil à ultrasons qui stimule son ouïe. Enfin, Bryan passe un certain temps à appliquer méticuleusement toutes sortes de crèmes, concoctées spécialement pour ses cheveux et sa peau. 

Ce rythme de vie épuisant a été baptisé BluePrint par son équipe médicale et lui-même. L’objectif est de tester un protocole pour ralentir le vieillissement puis tenter de l'inverser. Une grande partie des données est accessible au grand public, pour que d’autres s’approprient le programme. L’équipe médicale et les scanners en moins. 

« Testing Tuesdays »

Pour prouver l’efficacité de ce protocole, Bryan Johnson partage sur Twitter et YouTube de nombreuses données. On sait par exemple qu’il a réussi à gagner environ 5 ans sur son âge chronologique selon son équipe médicale dirigée par un certain Oliver Zolman, docteur spécialiste de la médecine régénérative. Son cœur a 37 ans, sa peau 28, ses poumons ont la capacité d’un jeune homme de 18 ans. Sa température corporelle est de seulement 35 degrés – une température plus basse que la moyenne améliorerait la longévité selon certaines études. Lors d’une vidéo YouTube, il se filme lors de sa tournée de tests mensuels – « Testing Tuesdays », l’appelle-t-il. L’une des membres de son staff médical mesure son tour de taille, la sensibilité de ses pieds, sa vue, ses poumons… Tout y passe. À chaque résultat, le quarantenaire trépigne d’impatience et saute de joie quand ses scores sont en progression. 

Nous connaissions les dataïstes – ces férus de données qui suivent la qualité de leur sommeil et leur nombre de pas quotidiens. Mais Bryan Johnson atteint un tout autre niveau. Le millionnaire participe également à une sorte d’olympiade du rajeunissement – qu’il a lui-même inventée – où des participants partagent leur rythme de vieillissement. Et évidemment notre entrepreneur est numéro 1. 

Une vieille lubie 

Que le rajeunissement, voire l’immortalité, passionne l’élite de la tech n’est pas une nouveauté. Peter Thiel, le fondateur de Paypal déclarait dès 2012 : « le vieillissement est un problème à régler ». Une rumeur, finalement fausse, racontait qu’il se faisait transfuser le sang de jeunes personnes. Jusqu’alors ce désir d’immortalité restait discret. Il était évoqué dans les médias au détour d’une interview, ou lors d’un investissement dans une biotech portée sur la question. 

Bryan Johnson, lui, rend son rajeunissement plus que public. Il en fait la promotion. Il est son propre cobaye. Cette exposition permanente lui vaut moqueries, critiques et messages haineux sur les réseaux sociaux auxquels il répond avec calme. Ici encore, son impassibilité se veut aussi une démonstration de l’efficacité de son protocole – qui est censé le débarrasser de toute irritabilité. Au micro de Bloomberg, il estime que les critiques qu’il reçoit sont prévisibles et compréhensibles. Elles sont, à ses yeux, le reflet de nos combats intérieurs contre nos comportements autodestructeurs. 

Surexposition et moqueries 

BluePrint serait, à ses dires, bien plus qu’un programme de santé. C’est un projet pour l’humanité, écrit en substance Bryan Johnson sur son site. « Il s'agit en réalité d'un système visant à rendre nos lendemains meilleurs pour vous, moi, la planète et notre avenir commun avec l'IA. » 

Le jusqu’au-boutisme du millionnaire est difficilement reproductible chez soi. Même si l’entrepreneur affirme qu’il est possible d’appliquer BluePrint pour 1 590 euros par mois, nutty pudding et super veggie inclus. Super. 

Ces olympiades du rajeunissement réunissent tout de même 1 750 personnes dans le monde. Par ailleurs, la course à la longévité n’est pas qu’un délire de millionnaire de la tech – c’est un aussi un sujet en vogue chez des biotechs et chercheurs, qui veulent développer des traitements accessibles à un plus grand public

Marine Protais

À la rubrique "Tech à suivre" de L'ADN depuis 2019. J'écris sur notre rapport ambigu au numérique, les bizarreries produites par les intelligences artificielles et les biotechnologies.
commentaires

Participer à la conversation

  1. Avatar Anonyme dit :

    L'article ne nous dit pas si ledit personnage vit pleinement sa vie ou la passe-t-il plutôt à lutter contre le temps. Là est la question : doit-on vivre pleinement ou passer sa vue à lutter contre?

  2. Avatar Anonyme dit :

    Autant chercher une vie saine est louable, autant ingurgiter autant de pilules et manger la même chose chaque jour me deprimerait au plus haut point.

Laisser un commentaire