jeune femme adulte en colère avec logos slack et discord sur fon rouge

Slack, Discord, Reddit : les outils de la colère pour les salariés de la Silicon Valley

© Tima Miroshnichenko

Aux États-Unis, ces réseaux sociaux sont devenus des outils de mobilisation pour les salariés des GAFAM qui tentent depuis plusieurs mois de briser la loi du silence dans leurs entreprises, voire de se syndiquer. 

Les réseaux sociaux seraient à l'origine de nos emballements collectifs. Mais ils ne sont pas les seuls outils à faire monter nos colères et nos mobilisations : cela vaut aussi pour les réseaux utilisés en entreprise. Sur Slack, on organise les réunions du matin, on scrute parfois les heures de connexion de ses petits camarades, on s’envoie des GIFs... mais on cause aussi droit du travail. La messagerie professionnelle, comme d’autres plateformes telles que Discord, Airtable et Reddit, serait même devenue un outil clé pour les insurgés de la Silicon Valley, explique Protocol.

On commence sur Slack, on continue sur Discord

Le média américain rapporte que des mouvements de protestation interne chez Apple sont apparus peu de temps après la mise en place de Slack dans l’entreprise en 2018. Et les équipes dirigeantes semblent être conscientes de ce lien. L’une des chaînes dédiées aux revendications salariales ayant été récemment supprimée par leurs soins. Mais c’est surtout sur le serveur Discord AppleConnect, créé par des techniciens sous-traitants d’Apple puis rejoint par 600 salariés de l’entreprise, que les équipes échangent sur leurs frustrations, la politique de l’entreprise et les derniers ragots. Presque tous utilisent des pseudonymes. De quoi permettre des échanges entre salariés qui n’auraient jamais interagi en dehors de cet espace en ligne, raconte Protocol. Le serveur aurait favorisé l’émergence du mouvement #AppleToo, un hashtag créé en août dernier pour inciter les salariés à partager leurs mauvaises expériences de travail sur les réseaux sociaux. 

Il y a encore trois ans, se syndiquer était une idée absurde

Depuis plus d’un an, des salariés des Big Tech, tout comme les salariés des plateformes (Uber, Instacart), brisent la loi du silence et constituent (ou tentent de constituer) des syndicats. Le 4 janvier dernier, plusieurs centaines de salariés de Google ont lancé le premier syndicat local, Alphabet Workers Union.

Il y a encore trois ans, l’idée paraissait absurde dans la Silicon Valley. « On se moquait de vous si vous proposiez de lancer un syndicat. Les communautés de travailleurs en ligne ont participé à l’émergence d'un mouvement protestataire », estime Meredith Whittaker, membre du directoire de Signal et ex de Google. Reste que ces tentatives sont régulièrement étouffées. Le 16 octobre, Apple a annoncé le licenciement de Janneke Parrish, l’une des leadeuses du mouvement #AppleToo.

Marine Protais

À la rubrique "Tech à suivre" de L'ADN depuis 2019. J'écris sur notre rapport ambigu au numérique, les bizarreries produites par les intelligences artificielles et les biotechnologies.

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