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Comment Slack peut être un outil de surveillance

© mgkaya via Getty Images

La messagerie, très prisée depuis la pandémie et la généralisation du télétravail, contient notamment une fonctionnalité statistique qui permet de mesurer les échanges entre collègues et leur activité sur la plateforme.

Depuis le début de la pandémie, le télétravail est devenu une nouvelle norme pour de nombreuses entreprises. Et les outils de communication pro comme Slack en profitent. La messagerie a battu des records en termes de nombre d’utilisateurs durant la première vague en mars dernier. La plateforme surfe sur son côté cool grâce à un design intuitif, un code couleur pop, et des fonctionnalités rigolotes (personnaliser un emoji par exemple). Mais quelques manipulations peuvent aussi la transformer en outil de surveillance.

Slack mesure tout

On vous suggère de faire l’expérience avec la chaîne Slack de votre entreprise. Tapez dans la barre URL de votre navigateur :  [Nomdel'équipe].slack.com/stats. Vous trouverez des statistiques précises sur l’utilisation de Slack au sein de votre société. Quel pourcentage de messages est envoyé par message direct ? Quels sont les canaux les plus populaires ? Pour les forfaits payants, les chiffres sont plus précis encore. Il est possible d’avoir des données sur un utilisateur en particulier : combien de messages a-t-il envoyé, quel est son temps d’activité sur la plateforme, quelle est la part de messages envoyés via canal privé…

Par ailleurs Slack ne supprime aucun message, rappelle Wired. La plateforme autorise les administrateurs à exporter le contenu partagé dans les chaînes publiques. Et les administrateurs ayant souscrit à un forfait Plus ont eux accès à un outil permettant d’exporter les données de tous les canaux, y compris les messages directs (entre deux collègues). « Chaque propriétaire d’espace de travail doit s’assurer que (a) des contrats de travail appropriés et des politiques d’entreprise ont été mis en place, et que (b) toute utilisation de l’exportation de données est conforme à la législation en vigueur », précise Slack sur son site.

Un bot pour savoir qui est le meilleur 

Pour les employeurs les plus zélés, il existe aussi des services comme qui proposent d’analyser les échanges sur Slack. Peoplelogic a par exemple développé un bot Slack baptisé Lexi, qui croise différentes données (conversations Slack, e-mails, logiciels de gestion) et est ainsi capable de répondre à des questions comme « quel est le meilleur employé de la semaine selon son activité hebdomadaire ? »

Certains patrons utilisent ces fonctionnalités pour surveiller leurs salariés. Dans un article publié fin septembre, The Guardian notait que la télésurveillance au travail était en hausse depuis la pandémie. Celle-ci passe par des logiciels spécialisés comme HubStaff et Sneek, pour lesquels les intentions d’achat sont en plein boom aux États-Unis, mais aussi par de simples outils de communication comme Slack, Microsoft Teams et Zoom.

Des outils pour berner Slack 

Des salariés ripostent en utilisant des outils permettant de berner Slack afin d’échapper à la télésurveillance permanente. Presence Scheduler permet par exemple d’apparaître comme étant actif sur la plateforme durant la totalité de ses horaires de travail. Les ventes de ce logiciel ont doublé pendant les premiers mois du confinement, raconte Korii.

Rappelons qu’en France, la mise en place d’outils de surveillance des salariés est encadrée par la loi. Il faut que le dispositif soit justifié et que les salariés soient prévenus.

Marine Protais

À la rubrique "Tech à suivre" de L'ADN depuis 2019. J'écris sur notre rapport ambigu au numérique, les bizarreries produites par les intelligences artificielles et les biotechnologies.
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