Sundar Pichai a annoncé que son entreprise était « carbon neutral » et qu’elle allait bientôt être « carbon free ». Des expressions un peu fumeuses pour désigner une politique environnementale ambitieuse, certes, mais survendue.
Lundi 14 septembre, Sundar Pichai, le PDG de Google, a annoncé dans un article de blog et une vidéo que Google était la première grande entreprise à être devenue complètement « carbon neutral » , c’est-à-dire à avoir éliminé son « héritage carbone », soit l’ensemble de sa production de carbone depuis sa création. Pas mal. Et ce n’est pas fini. Le CEO a aussi annoncé que Google prévoyait d’être « carbon free », c’est-à-dire fonctionner sans émettre de CO2, d’ici la fin de la prochaine décennie.
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Revenons sur la première annonce de Sundar Pichai : son entreprise serait donc « carbon free ». Cela ne signifie pas que Google a fait un voyage dans le temps pour éviter d’émettre des gaz à effet de serre. Non, l’entreprise a pratiqué la compensation carbone. C’est-à-dire investir dans des projets environnementaux pour compenser ses propres émissions. Selon la BBC, le géant du Web aurait surtout investi dans des projets de captation du méthane issu de l’agriculture. Une fausse bonne idée, souligne le média Gizmodo. « En faisant cela, Google fait croire aux entreprises polluantes qu’elles peuvent continuer à gérer leurs activités comme d’habitude tant qu’elles nettoient leurs émissions excédentaires. Mais même avec moins de pollution, ces modèles ne sont pas durables.»
Par ailleurs, Google est le champion incontesté de la publicité en ligne. Pas franchement une ligne très verte. Un peu facile de nettoyer ensuite le méthane de l’agriculture tout en continuant d’inonder la planète de publicité ciblée pour des produits plus ou moins utiles.
Fonctionner 24h/24 à l’énergie renouvelable
Le deuxième volet de la politique environnementale de Google est de miser sur le renouvelable pour devenir « carbon free ». Depuis 2017, l'entreprise dit compenser intégralement sa consommation d’électricité annuelle avec des énergies renouvelables. Sauf que pour faire fonctionner ses data centers en permanence, le géant du Web continue d’utiliser des énergies fossiles. Par contre, il compense cette consommation en investissant dans le renouvelable.
Désormais Google veut aller encore plus loin. L’entreprise a pour objectif d’ici à 2030 de ne faire fonctionner ses data centers et bureaux qu’à l’énergie renouvelable 24h/24, 7 jours sur 7. Sundar Pichai estime que c’est un énorme défi. On veut bien le croire, aucun autre géant du numérique ne s’est avancé là-dessus. L’entreprise mise sur les avancées technologiques des renouvelables, le mix entre éolien et solaire, et le stockage d’énergie.
Le problème reste que, dans ses calculs, Google ne prend pas en considération certaines variables (dont l’impact sur l'environnemental mériterait pourtant d’être mesuré) : l’extraction de matériaux nécessaires pour fabriquer ses smartphones, par exemple…
Le changement climatique : une belle opportunité de business
Dans le même article de blog, Sundar Pichai a annoncé vouloir aider les individus, les villes et les entreprises à diminuer leurs émissions de CO2. Traduction : l’entreprise compte bien profiter du changement climatique pour vendre plus de services, souligne Gizmodo. Google prévoit par exemple de mettre en place des outils d’intelligence artificielle dans les aéroports, les centres commerciaux, les hôpitaux, les data centers, centres commerciaux et installations industrielles pour mieux gérer la climatisation de ces bâtiments. « Il existe déjà de nombreux moyens propres et low-tech de refroidir les bâtiments (utiliser des peintures claires pour les toitures, végétaliser…), mais Google ne s'y intéresse pas car ils sont bon marché et présentent peu d'opportunités pour maximiser continuellement les profits, y compris via l'extraction des données personnelles des gens », écrit Gizmodo.
Bref, il ne s’agit pas de tout jeter dans la politique environnementale de Google – aucun autre géant du numérique n’est aussi ambitieux – mais de nuancer les grands discours.
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