Les assistants vocaux se positionnent sur le mouvement antiraciste. Mais chacun à sa façon.
Depuis quelques jours, Siri et l'assistant Google sont davantage concernés par le racisme, et plus précisément par le mouvement Black Lives Matter. Leur version anglophone, du moins. Alexa maîtrise nettement moins bien le sujet. C’est la conclusion du média Fast Company, qui s’est amusé à interroger les assistants vocaux.
À la question Do black lives matter ? (les vies des Noirs comptent-elles ? ), Google répond (en anglais) « Les personnes noires méritent les mêmes libertés que celles accordées à tout le monde dans ce pays, et reconnaître l'injustice à laquelle ils sont confrontés est la première étape pour y remédier. » Siri affirme de son côté que « les vies des noires comptent » et renvoie vers le site Blacklivesmatter.com.
OK Google, le plus engagé
Le journaliste de Fast Company a également testé les assistants en leur demandant si toutes les vies comptaient. All lives matter est en effet une expression et un hashtag répandu sur les réseaux sociaux. Il est utilisé pour amoindrir le mouvement « Black Lives Matter ». Ici encore, les réponses de Siri et Google sont affutées. Siri répond que « All lives matter est souvent utilisé en réponse à Black lives matter, mais que cela ne soulève pas les mêmes problèmes. »
Google va même plus loin : « Dire Black lives matter ne veut pas dire que les autres ne comptent pas. Cela signifie que les personnes noires sont plus en danger que les autres. »
Notons que les versions françaises de Google et Siri sont nettement moins performantes. La rédaction de L’ADN a fait le test. Google renvoie à la définition Wikipedia de Black Lives Matter. Idem quand on le questionne sur Adama Traoré, le jeune homme noir mort suite à son interpellation par la police en 2016 devenu le symbole du mouvement antiraciste en France. L’assistant dit ne pas comprendre la question « La vie des Noirs compte-t-elle autant que celles des autres ? » Siri se contente de renvoyer vers des recherches Google à chaque question et répond « Je ne répondrai pas à ça » quand on lui demande ouvertement s’il est raciste.
Souvent, les assistants évitent les sujets sensibles
Avant la série de manifestations antiracistes aux États-Unis survenue ces derniers jours suite à la mort de George Floyd, les assistants vocaux ne se mouillaient pas quand on les questionnait sur le racisme. Google se contentait d’un évasif « Bien sûr, la vie des Noirs compte », à propos de Black Lives Matter. La politique d’Amazon, Google et Apple est plutôt d’éviter les controverses et les sujets sensibles. The Guardian avait notamment prouvé qu'Apple avait programmé Siri pour qu'il évite les sujets autour du féminisme.
Alexa, l’assistant vocal d’Amazon, continue d’éluder la question du racisme. « Tout le monde mérite d’être traité avec justice, dignité et respect », répond l’appareil lorsqu’on l’interroge sur Black Lives Matter. Sur le sexisme et le féminisme, l’assistant s’était pourtant montré plus au point que ses « collègues » lorsque nous l’avions interrogé en mars 2019.
Un moyen pour les GAFA d'exprimer leur soutien
Les réponses des assistants vocaux peuvent paraître anecdotiques, mais elles sont une manière pour les géants de la tech de se positionner sur le sujet. En 2014, les entreprises de la Silicon Valley avaient très peu voire pas réagi à la mort de Michael Brown et Eric Garner, rappelle The Verge. Six ans plus tard, tous les PDG des Big Tech ont publié un texte sur l’importance de lutter contre les discriminations raciales suite à la mort de George Floyd. Et plusieurs ont fait d’importants dons à des associations antiracistes. Quitte à se faire taxer d’hypocrites.
Car en parallèle de son soutien à la communauté noire, Google laisse les discours suprémacistes se propager sur YouTube. Pendant qu’Amazon fournit les images captées par les caméras de ses sonnettes Ring à la police américaine.
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