
Les polémiques autour des nouvelles conditions d’utilisation de WhatsApp (finalement reportées) ont mis d’autres messageries sur le devant de la scène. Signal, mais pas seulement. Tour d’horizon.
Signal, la star
Lorsque WhatsApp a annoncé début janvier la modification de ses conditions générales d'utilisation (finalement repoussée au 15 mai), Signal a été le premier choix de nombreux utilisateurs. L’appli américaine créée en 2015 s’est retrouvée en top des téléchargements en France, en Belgique, en Allemagne, à Hong Kong... Il faut dire qu'elle a bénéficié du soutien de personnalités comme Elon Musk, Jack Dorsey (le PDG de Twitter) et Edward Snowden. Ce raz-de-marée vers ses serveurs ne s’est pas fait sans problème technique. Pour faire face à l’afflux, Signal a dû ajouter de nouvelles capacités en un temps record.
Sa particularité : Son code libre d’accès (un vrai plus en matière de sécurité, car des experts cyber extérieurs peuvent ainsi y accéder et proposer des améliorations) et son modèle de financement similaire à celui de Wikipedia. Signal reçoit des dons d’utilisateurs via une fondation à but non lucratif créée à cet effet. À noter : l’un des généreux donateurs est Brian Acton, l’un des créateurs de WhatsApp. Avec ce statut, Signal ne peut pas être vendue. De quoi éviter les mauvaises surprises, souligne Numerama.
Les données collectées : numéro de téléphone (mais n’est pas lié à l’identité de l’utilisateur).
Telegram, la sulfureuse
L’application fondée par deux milliardaires russes a elle aussi profité des déconvenues de WhatsApp. Elle se place sur le podium des applis les plus téléchargées ces derniers jours. Pourtant la messagerie a moins bonne presse que sa concurrente américaine. En 2016, Telegram était accusée d’être utilisée par les djihadistes de l’État Islamique. Plus récemment, on lui a reproché d’être un refuge pour les mouvances complotistes d’extrême-droite, expulsées des grandes plateformes, et de permettre la propagation des discours de haine. Contrairement à d’autres réseaux accusés des mêmes maux comme Parler, Telegram n’a pas été expulsée de l’App Store. Cela n’a pas échappé à la « Coalition for a Safer Web », un groupe militant américain, qui a attaqué la firme de Tim Cook en justice dimanche, exigeant qu’elle supprime la messagerie russe de son magasin d'applications. Autre critique souvent adressée à Telegram : l’appli n’active pas le chiffrement de bout-en-bout par défaut.
Sa particularité : La possibilité de créer de très grands groupes de conversations, réunissant jusqu'à 200 000 participants. L’appli est par ailleurs à la recherche d’un modèle d’affaires. Son projet de crypto-monnaie Gram n’ayant pas abouti, Telegram se tourne désormais vers les services payants aux entreprises. Et l’appli compte aussi créer sa propre plateforme publicitaire…
Les données collectées : numéro de téléphone, contacts, identifiants.
Olvid, la frenchie
La messagerie française créée en 2018 aurait fait face à un “afflux monumental” ces derniers jours selon son dirigeant interrogé par RTL. La messagerie reste toutefois loin derrière ses concurrents en matière de nombre d’utilisateurs : environ 10 000 contre plusieurs centaines de millions pour Telegram et Signal, et 2 milliards pour WhatsApp. Olvid cible avant tout les entreprises. Et c’est d’ailleurs en leur proposant des services payants (vidéoconférence chiffrée de bout-en-bout notamment) que cette application gratuite pour le grand public se rémunère.
Sa particularité : Elle est utilisable sans numéro de téléphone contrairement à la plupart de ses concurrents (Signal et Telegram notamment). La messagerie fonctionne sans serveur central, ce qui lui confère, selon ses dirigeants, une sécurité en plus, car un serveur central peut se faire pirater. Ce qui signifie aussi que l’utilisateur choisit les contacts qu’il veut ajouter, pas de fusion avec ceux de son téléphone. Une autre application française utilise le même modèle : Skred, développé par Pierre Bellanger, le fondateur et PDG de Skyrock.
Les données collectées : aucune
Threema, la payante
L’appli suisse aux quelques 8 millions d’utilisateurs a elle aussi son petit moment de gloire : elle s’est hissée dans le top 3 des applis payantes les plus téléchargées ces derniers jours. La start-up suisse créée en 2012 dit avoir vécu une situation similaire en 2014 lors du rachat de WhatsApp par Facebook. Sur Threema, on peut s’inscrire de manière complètement anonyme : aucun numéro de téléphone ni adresse mail n’est nécessaire. En revanche, Threema est payante : 3,99 euros le téléchargement. Il existe une version de l’application spécialement conçue pour les entreprises : Threema Work.
Sa particularité : Threema se sert d’une librairie open source de logiciels de cryptographie, le NaCl (Networking and cryptography library). Depuis décembre, l’ensemble du code de Threema est libre d’accès.
Les données collectées : numéros de téléphone et identifiants (optionnels)
Il existe une autre application en plein essor : les SMS. Compatible avec tout le monde, gratos, sans pub et sans la pression du témoin de lecture. Le top !