Ils sont le signe d’appartenance à une communauté très sélect, les best-sellers des NFT, l’un des projets phares du Web3.
Certains ont un cigare en bouche, d’autres des lasers à la place des yeux, une tenue léopard ou encore un chapeau de cow-boy… Tous ressemblent à des singes anthropomorphes à l’air légèrement blasé. Peut-être les avez-vous déjà croisé en photo de profil de certains comptes Twitter. Le présentateur américain star Jimmy Fallon a par exemple affiché fièrement le sien il y a quelques mois. Leur nom ? Le Bored Ape Yacht Club. Il s’agit d’une collection NFT, ces objets numériques (en l’occurrence des images) certifiés sur la blockchain.
Le best-seller des NFT
On compte 10 000 Bored Apes, chacun est unique et a été généré aléatoirement par un algorithme. Et ils brassent des milliards de dollars. Leurs ventes auraient généré 2 milliards de dollars depuis leur création par Yuga Labs en avril 2021, selon le site spécialiste Nonfungible. Le plus cher d’entre eux a été vendu 2,9 millions de dollars en septembre 2021. Il s’agit donc du projet de NFT qui amasse le plus d’argent, devant le jeu Sandbox et les CryptoPunks, d’autres avatars à collectionner, pionniers du genre.
Petite subtilité : il existe également 20 000 Mutant Bored Apes, leurs petits frères à l’allure plus délurés, qui peuvent être créés uniquement si vous possédez déjà un Bored Ape et un autre NFT de type « sérum ». Tout un programme.
Comme d’autres NFT dits « collectibles », ou objets de collection, les singes Bored Apes permettent avant tout d’appartenir à une communauté très select (dont le ticket d’entrée minimum en ce moment est de 78 Ethers, soit 240 000 dollars selon la marketplace OpenSea), d’afficher son trophée en avatar sur Twitter, d’obtenir certains accès à des événements privés en ligne ou IRL. En septembre dernier, le NFT.NYC, sorte de Coachella pour cryptobros, illustrait bien ce nouveau gotha. Les heureux propriétaires de NFT étaient invités à se retrouver pour faire la fête sur des yachts.
Inventeurs d’un nouveau type de divertissement ?
Mais les Bored Apes ont une particularité (et pas des moindres) par rapport à leurs frères CryptoPunks. Les propriétaires de Bored Apes peuvent exploiter commercialement le personnage qu’ils ont acheté. Ils en sont pleinement propriétaires, ce qui n’est pas le cas des acheteurs de CryptoPunks par exemple, souligne Fast Company. Cela signifie qu’un détenteur de Bored Ape peut créer un film, une musique, une marque en utilisant l’image de son singe. Bref, se faire un peu d’argent sur un JPEG qui lui a quand même coûté un bras.
Jim McNelis, amateur de NFT, a ainsi créé un groupe de musique baptisé « Kingship » en partenariat avec 10:22 (un label d'Universal), avec 4 de ses Bored Apes – il en possède 167 au total. Leur musique sera disponible sur les sites de streaming classiques, et leurs clips visibles dans divers jeux vidéo et métavers. « Chaque membre du groupe a sa propre histoire et personnalité », précise 10:22 dans un communiqué.
Le producteur star Timbaland a quant à lui annoncé sa société de divertissement métavers, Ape-In Productions, qui produira des artistes propriétaires de singes NFT, comme le groupe de hip-hop The Zoo constitué de 5 singes. Un autre propriétaire de NFT a créé une marque autour de son Bored Ape « Jenkins the Valet » et a développé un projet d’écriture collective autour de son nom.
Le crash-test du Web3 ?
Pour Fast Company, le modèle du Bored Ape Yacht Club est une sorte de crash-test pour savoir si la rhétorique Web3 sur la décentralisation, le contrôle rendu aux utilisateurs, peut se vérifier. La manière dont les détenteurs de Bored Apes vont profiter de leurs droits de propriété intellectuelle répondra à une partie des interrogations autour de cette nouvelle version du Web.
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