Copie d'écran YouTube Roya Aghighi

Un tissu vivant, l’idée d’une designeuse pour lutter contre la pollution textile

© Copie d'écran YouTube de Roya Aghighi

Roya Aghighi a mis au point un tissu à base d’algues capable d’absorber le CO2. De quoi créer des « vêtements vivants » qui pourraient changer notre rapport à la mode.

Si nos vêtements étaient « vivants », nous serions certainement moins enclins à les jeter pour les remplacer par d’autres. C’est l’hypothèse de la designeuse iranio-canadienne Roya Aghighi. Le tissu qu’elle a développé en partenariat avec l’Université de British Columbia (UBC), présenté dans un article de CNN, est confectionné à partir de cellules vivantes – d’algues, plus précisément.

Ce « biogarmentry » transparent et moucheté (et plutôt élégant) est biodégradable et absorbe le CO2 pour purifier l’air qui l’entoure. Pour activer son pouvoir de photosynthèse, il faut le placer deux heures au soleil. Un soin particulier qui permettrait selon Roya Aghighi d’ « encourager un changement dans la perception que nous avons de la mode et la façon dont nous traitons nos vêtements », explique-t-elle sur son site. Si nos vêtements deviennent des « êtres dépendants », nous construirons avec eux « une relation plus intime en prenant soin d'eux ».

Il ne s’agit pour le moment que d’un prototype. Mais ce type d’expérimentation ouvre de nouvelles perspectives à la seconde industrie la plus polluante au monde (responsable de 10 % des émissions de CO2 dans le monde), en quête de solutions pour se renouveler.

Algue is the new black

Roya Aghihi n’est d’ailleurs pas la seule à s’intéresser aux bio-textiles à base d’algues. La designeuse Rachel McCurdy a, elle aussi, développé un prototype d’imperméable dit « carbon negative » constitué d’algues marines et d’autres matériaux biodégradables, explique CNN.

Le business de l’algue serait en plein essor selon le média américain. Pour le textile, mais pas seulement. Stephen Mayfield, professeur de sciences biologiques à l'UC San Diego qui a fabriqué des tongs biodégradables, affirme que les matériaux à base d'algues sont, actuellement, sur la même lancée que les véhicules électriques il y a dix ans. « Il était clair qu'ils représentaient l'avenir du transport, il fallait juste leur donner du temps. (…) Les algues en sont au même stade aujourd’hui. La technologie est maintenant prête pour le prime time. » Vous êtes prévenus.

Marine Protais

À la rubrique "Tech à suivre" de L'ADN depuis 2019. J'écris sur notre rapport ambigu au numérique, les bizarreries produites par les intelligences artificielles et les biotechnologies.
commentaires

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  1. Avatar HAVETTE NADINE dit :

    N'y a-t-il pas à terme un risque de surexploitation des algues, entrainant de nouveaux déséquilibres environnementaux ?

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