Une femme tenant deux demi pamplemousses devant ses seins

Les soutifs ont disparu pendant le confinement, mais pourraient bien revenir à la charge

© OSTILL via Getty Images

Les joggings ont peut-être connu un retour en grâce pendant notre enfermement forcé, mais les soutiens-gorge, eux, ont disparu du quotidien de bon nombre de Françaises.

Une étude réalisée par l’IFOP début avril révélait que 8% des femmes confinées ne portaient plus de soutien-gorge, contre 3% avant le confinement. Cette tendance du « no bra » s’est avérée encore plus présente chez les moins de 25 ans : 20% des jeunes femmes déclaraient ainsi avoir laissé leur soutif au placard.

Objectif confort

Plusieurs femmes interrogées par 20 Minutes expliquent que cette décision est surtout liée à une envie de confort. Au même titre que nous avons troqué nos tenues de boulot pour des fringues nettement plus confortables (combo slip-sweat / survêt’ intégral / pyjama / plaid à manches – rayer la mention inutile), les sous-vêtements des femmes n'ont pas fait exception. Sans soutien-gorge, les femmes qui témoignent parlent de facilité à respirer, d’un sentiment de liberté… serait-il en voie de disparition ?

Le « poids des injonctions extérieures »

Rien n’est moins sûr. Selon la philosophe Camille Froidevaux-Metterie, cette libération corporelle s’accompagne aussi de celle du regard des autres. Également interrogée dans l’article de 20 Minutes, elle analyse la tendance au prisme du poids des injonctions extérieures. « Pendant le confinement, les femmes se retrouvent débarrassées du poids des regards extérieurs. C’est inédit. Elles ont pu en profiter pour changer certaines habitudes. » Il n’est donc pas certain que la tendance survive à la reprise d’un rythme « normal », qui s’accompagnera forcément à nouveau de ces regards extérieurs.

Charge mentale… et esthétique

Il faut dire que pendant le confinement, les injonctions à rester belle ont pesé lourd. Entre les mèmes qui moquaient les femmes aux racines apparentes, aux ongles non manucurés, ou aux kilos accumulés pendant la période, la charge esthétique était bien présente… et a fait son taff de « normalisation » des corps… L’application de réservation de soins de beauté Treatwell enregistrait fin avril une augmentation de 39% de ses réservations chaque semaine en France depuis le début du confinement. Parmi les soins les plus réservés pour les 15 premiers jours du déconfinement, l’épilation intégrale du maillot arrivait en tête. Interrogée par Glamour, l’activiste à la tête du compte Instagram Corps Cools explique que la « période a mis en lumière que les femmes (parce que ces injonctions s’adressent surtout aux femmes) n’ont jamais de répit. Et même enfermées solo chez elles, on leur fait croire que le plus important est de rester "désirable" (selon des normes toujours). »

Le confinement aura réussi à freiner la prolifération du virus, peut-être pas complètement celle des diktats de la beauté au féminin.

Mélanie Roosen

Mélanie Roosen est rédactrice en chef web pour L'ADN. Ses sujets de prédilection ? L'innovation et l'engagement des entreprises, qu'il s'agisse de problématiques RH, RSE, de leurs missions, leur organisation, leur stratégie ou leur modèle économique.

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commentaires

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  1. Avatar Maire dit :

    Même constat pour le rouge à lèvres, dont la consommation va chuter avec le port du masque.
    Nouveau paradoxe on se maquille chez soi et on ne se maquille plus pour sortir !

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