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Découvrez les sellennials, ces millennials qui hybrident la tech et le vintage

Vous pensez que les millennials bouleversent les codes ? Découvrez les sellennials, ces millennials qui repensent leurs modes consommation en remettant au goût du jour les codes de nos seniors.

BEAUTE : Nos grands-mères (aussi) le valaient bien…

Côté teint gris et cheveux ternes, la lutte ne date pas d’hier, et sur les Internet, les secrets de beauté se transmettent désormais en format tutos. Vous voulez un regard de velours ? Le masque à la pomme de terre fera disparaitre vos cernes. Faire repousser vos cheveux vous obsède ? La potion oignons, cannelle, gingembre, huile de ricin, vous les fera plus épais et soyeux que jamais. L’éclat de votre sourire manque d’une touche de blanc ? Une cuillère de bicarbonate, et c’est réglé !

Bref. Les nouveaux élixirs coutent trois fois rien, et se fricotent dans votre cuisine sur la base de recettes antiques.

Le « slow cosmetique » a trouvé ses apôtres. Julien Kaibeck donne ses conseils gratis mais les ingrédients de base sont à vendre sur son site. La marque Aroma-Zone a flairé le filon des hydrolats et des huiles essentiels, et dans ses vastes boutiques, ou on line, écoule ses fioles en vous apprenant à réaliser vos mélanges. Et si vous n’arrivez pas à renoncer au confort de mains expertes, le « made home » existe aussi en format institut. Chez Laboté, on ajoute une touche high-tech pour réaliser votre diagnostic et composer une formule toute fraiche et rien que pour vous.

 

SANTE : Le come back des herboristes

Avec le décès en janvier 2018 de Marie Roubieu, dernière survivante des herboristes titulaires du diplôme supprimé en 1941, on pouvait croire que la France avait eu la peau des herboristes. Que nenni. Chassez-les par la porte, ils repousseront par la fenêtre. Le syndicat des Simples revendique aujourd’hui environ 600 paysans-herboristes qui perpétuent les savoirs et les usages de cette pratique. Et tandis que les ventes des médicaments sont en berne, 1 Français sur 3 a recours aux médecines douces : phytothérapie, homéopathie, compléments alimentaires naturels, micro-nutrition, élixirs floraux, aromathérapie.

En décoctions ou en tisanes, de l’ortie aux millepertuis, les curieux redécouvrent les vertus de nos plantes sauvages. Les forums l’assurent : la passiflore aide à mieux dormir, les feuilles de cassis soulagent les douleurs articulaires, celles du noisetier stimulent la circulation. Les cours se multiplient, les ballades botaniques apprennent aux promeneurs à distinguer la carotte sauvage de sa cousine ombelliforme : la terrible cigüe. Une mission d'information parlementaire se penche désormais sur l'avenir de l'herboristerie qui pourrait bien devenir une mine d'emplois. Elle remettra son rapport au Sénat fin septembre 2018.

FOOD : C’est dans les vielles marmites qu’on fait les meilleurs plats

Nos grands-parents n’avaient pas trop le choix : à moins de les avoir en bocaux, forcément, ils mangeaient des produits de saison. Aujourd’hui, même en hyper, c’est le grand retour des fruits et légumes, fussent-ils moches, qu’on aime à se procurer en vrac, jamais trop loin de celui qui les a fait pousser. On veut manger durable, éco-responsable, on composte à la maison, on fait pousser son persil dans sa cuisine

Dans un décor vintage aux relents d’avant-guerre, dans un empilement de cagettes et de papiers kraft, l’épicerie de quartier vente la bière artisanale, les vins biodynamiques et les produits locaux – bio évidemment bio. Les grands chefs baptisent leur resto Albertine, Louison ou Paulette, et sur le net, en vidéos, les grands-mères nous détaillent par le menu les secrets de leurs sauces et de leurs bouillons… Les soirs de fatigue, quand on veut se laisser servir, on dégote dans le fond d’une arrière cours, ou par une porte dérobée, un speakeasy. Dans ce bar qui se la joue clandestin, comme aux temps de la prohibition, on s’encanaille en découvrant des cocktails à base de chartreuse, Fernet-Branca, Picon bière. Et quand c’est bon… forcément, c’est Dubonnet !

 

MODE : L’éternel retour…

Qu’on ne veuille porter qu’une seule couleur de t-shirt façon Mark Zuckerberg, ou théâtraliser son quotidien, les diktats de la mode ne sont plus de saison. Le bilan écologique de nos coquetteries nous pèse et la detox s’applique désormais aux placards.

Retour du lin, le cotons devient bio, et le cuir végétal. On achète en fripe la pièce unique patinée par les ans, et le marketing de la série hyper limitée se revend à prix fort. Sur YouTube, on customise. Pompon, broderie, crochet patiemment ouvragés, plumes, franges, (fausses) fourrures relookent notre veste en jean. Le sabot et l’espadrille se portent en ville sans complexe, le panier en osier s’affiche au marché comme au boulot.

Les pures esthètes consacrent l’extravagance subversive de l’entre deux guerre. Tous les ans, à la Jazz Age Lawn Party, le musicien Michael Arenella organise au large de Manhattan une immense fête où une foule swing, chapeautée et emperlousée façon années 20, pour affirmer que la mode est surtout un mode de vie. Celui de goûter le lent plaisir de nouer ses lacets de cuirs sur des chaussures bicolores soigneusement cirés, et de laisser délicatement briller son bandeaux à strass en tenant à deux doigts son interminable fume cigarette. Et pour tirer de chaque instant le suc, les hommes se font tailler la barbe en devisant chez leur barbershop.

RETRO GAMING : Pong is not dead !

Les gamers ne sont pas que des juniors. En moyenne, ils auraient 35 ans. La première génération a pris un peu de ballon, et revendique ardemment que leur hobby prenne enfin la place qui lui revient dans la (pop) culture. L'association française MO5 milite pour préserver le patrimoine vidéoludique, et les geeks peuvent se réjouir : un peu partout dans le monde, des musées ouvrent leurs portes. Les marques évidemment ne laissent pas filer la tendance, et, comme les marchands de sneakers, les éditeurs rééditent leurs succès d’antan. Le mythique ordinateur personnel, le Commodore 64, fait son come back, Atari promet le sien avec l'Atari VCS au design retro qui pourra lire les jeux anciens comme les nouveaux, et Nintendo adoube la ferveur des ex fan des 90’ avec le retour de sa Super NES Mini devenu introuvable en moins de temps qu’il n’en faut pour finir une partie de masocore.

Quant au marché de l’occasion, il se porte bien, merci. Les cartouches de collection retrouvent une seconde jeunesse dans les boutiques spécialisées et les sites de vente en ligne. Le retrogaming est devenu un genre à part entière tandis que le « neo-gaming » se développe en composant aujourd’hui des jeux au graphisme minimaliste digne de la première époque. Quant aux youtubeurs, ils peuvent savourer les vidéos caustiques et furieusement documentées du joueur du grenier.


Cet article est paru dans le numéro 15 de la revue de L'ADN. Vous voulez en lire plus ? Vous avez bien raison. Cliquez ici pour vous procurer votre numéro.


Photo by Allyson Weislogel on Unsplash

Béatrice Sutter

J'ai une passion - prendre le pouls de l'époque - et deux amours - le numérique et la transition écologique. Je dirige la rédaction de L'ADN depuis sa création : une course de fond, un sprint - un job palpitant.
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