BURN THE WITCH !

Podcast : pourquoi il faut écouter Le procès en sorcellerie de J.K. Rowling

Cette série audio revient en profondeur sur les rapports mouvementés entre l’autrice de la saga Harry Potter et la communauté transgenre de Twitter.

Cet article a été mis à jour le 19/04/2023 suite à la publication d'une vidéo réponse de Natalie Wynn qui regrette son intervention dans le podcast.

Est-il possible de discuter ou de débattre sereinement de transidentité dans les médias et sur les réseaux ? C’est la question de fond que pose le podcast The Witch trial of J.K. Rowling (à traduire par : Le procès en sorcellerie de J.K. Rowling), présenté par l’essayiste Megan Phelps-Roper et produit par le média The Free Press. Cette enquête en 6 épisodes, entièrement en langue anglaise, plonge en profondeur dans le conflit explosif qui oppose l’autrice de la saga Harry Potter, la communauté transgenre ainsi qu’une grande partie de ses fans qui ont grandi avec ses livres. S’il est essentiel de l’écouter, c’est parce qu’il va bien plus loin qu’un simple résumé de l’histoire. Articulé autour d’un entretien fleuve et exclusif avec l’autrice mondialement connue, le podcast remet à plat plus de 20 ans de paniques morales et de bouleversements médiatiques. 

Une autrice qu’on aime détester

À l’écoute du podcast, on découvre à quel point J.K. Rowling a toujours suscité des polémiques violentes. Depuis 2019, elle est sous le feu de critiques, mais aussi d’insultes et de harcèlement en meute. La cause de cet emballement ? Une série de tweets et un essai considérés comme transphobes. Catégorisée comme une « Terf » – acronyme de Trans – exclusionary radical feminist, soit des féministes qui excluent les femmes trans de leur lutte – elle a vu des milliers de jeunes qui ont grandi avec elle lui tourner le dos au point de brûler ses livres publiquement, et réclamer leur retrait des bibliothèques scolaires. Mais ce n'était pas la première fois que l’autrice faisait face à ce genre de crises. Megan Phelps-Roper revient sur la panique morale engendrée par la saga Harry Potter au début des années 2000 au sein des communautés de chrétiens fondamentalistes américains. 

Comment Tumblr a changé Internet

Ces deux grandes polémiques sont largement abordées dans le podcast. Mais ce n’est pas ce récit qui rend cette enquête passionnante. The Witch trial of J.K. Rowling excelle surtout dans la recontextualisation des faits et l’analyse de l'évolution de nos 20 dernières années d’un point de vue sociologique et médiatique. Certains épisodes sont presque uniquement consacrés à la description de ce qu’était l’Amérique des années Clinton et Bush Junior tant au niveau des avancées politiques (sur les droits LGBT notamment) que des grandes craintes qui ont traversé la société au tournant des années 2000, notamment avec la fusillade de Columbine. Plus tard, l’un des épisodes évoque la montée en puissance de la plateforme de microblogging Tumblr et son rôle dans la montée des questions de genre et d’identité sur les réseaux ainsi que de la radicalisation des discours dans son opposition aux trolls d’extrême droite de 4chan. Le tout est raconté par des invités de prestige comme, entre autres, Natalie Wynn de l’excellente chaîne YouTube ContraPoints ou bien Angela Nagle, autrice de Kill all Normies, livre de référence sur les guerres culturelles du Web. 

Sortir de sa bulle de filtre ou manipuler la nuance ?

Au-delà de l’histoire de J.K. Rowling, le podcast retient l'attention par sa ligne éditoriale qui semble refuser de prendre part au conflit mais préfère nous donner toutes les clés de compréhension pour nous permettre de nous faire notre avis. Cette importance donnée à la nuance et au contexte est d’autant plus efficace qu’elle est portée par Megan Phelps-Roper. Dans une autre vie, l’essayiste faisait partie de la Westboro Baptist Church, une organisation religieuse fondée par Fred Phelps qui avait l’habitude de se rendre à des enterrements de militaires ou à des rassemblements pro-LGBT pour y hisser des pancartes haineuses indiquant :  God hate fags (Dieu déteste les PD). Qui mieux qu’une femme ayant passé une grande partie de sa jeunesse à insulter et recevoir des insultes pouvait mieux comprendre et expliquer l’histoire de J.K. Rowling contre les foules numériques ?  

Seulement voilà. Quelques jours après la sortie du septième épisode, Natalie Wynn a sortie un nouvel essai vidéo qui démonte point par point la prétendue neutralité du podcast.

D'après Contrapoint, le podcast donne beaucoup plus la parole à J.K. Rowling qu'à ses opposants et met en place une narration qui la positionne dans un rôle de victime tout en feintant une forme d'objectivisme. La vidéaste contredit aussi le mantra du média The FreePress qui affiche comme objectif de faire sortir ses lecteurs de leur bulle de filtre afin d’avoir une vision complète d’un monde de plus en plus complexe. En effet, ce dernier est fondé par Bari Weiss et Nellie Bowles, deux journalistes controversée qui se positionnent comme « antri-woke ». Si le podcast se garde de donner formellement raison à J.K. Rowling, il fait toutefois passer l'idée que les trans-activistes forment une foule radicale qui serait presque aussi dangereuse que l'extrême droite.

David-Julien Rahmil

David-Julien Rahmil

Squatteur de la rubrique Médias Mutants et Monde Créatif, j'explore les tréfonds du web et vous explique comment Internet nous rend toujours plus zinzin. Promis, demain, j'arrête Twitter.
commentaires

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  1. Avatar Anonyme dit :

    Peut-être parce que c'est un fait que CERTAINS trans-activistes forment une foule radicale qui est presque aussi dangeureuse que l'extreme droite.

    Les faits sont têtus et rien que le remake du jeu wolfenstein transformé en Terfenstein diffusé sur steam ferait scandale si c'était lextreme droite qui l'avait fait en ciblant un groupe qu'ils n'aiment pas. là, ça passe créme, ça vient du "camps du bien"...
    Ou la récente mésaventure de Posie Parker en nouvelle Zélande et des tas d'atres faits de ce genre que personne ne rapporte en dehors des TERF de peur de se faire taxer de facho etc...

  2. Avatar Anonyme dit :

    'Presque', le mot est faible, ils s'en sont pris récemment et physiquement à une nageuse...

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