Après la parution d'un témoignage vidéo sur le choix de la journaliste et streameuse Artoise de se faire stériliser, Konbini est accusé de livrer la jeune femme en pâture sur les réseaux. Qu'en est-il vraiment ?
« [...] Marre de la non-modération sous ce type de contenus. Ça fait son beurre sur des personnes qui s’exposent, mais ça ne protège pas de la marée de merde qui suit. [...] » Ce tweet de la sociologue, autrice et militante féministe franco-israélienne Illana Weizman fait suite à un témoignage vidéo publié par Konbini le 7 février. Explications.
Dans cette vidéo, nous découvrons Artoise, connue sur Twitch sous le pseudo d'Artillerie. La jeune femme de 23 ans aux cheveux blancs et noirs s'exprime sur un sujet sensible : elle annonce s'être fait ligaturer les trompes pour ne pas avoir d'enfants. Cette stérilisation lui permet de ne plus avoir à supporter la charge mentale de la peur de tomber enceinte alors qu'elle ne souhaite pas devenir mère, mais aussi de se libérer de la pression sociale qui pèse sur les femmes à partir d'un certain âge.
Konbini, une usine à sujets clivants ?
Une jeune femme de 23 ans qui fait le choix de la stérilité et qui l'annonce sur Twitter dans un média souvent conspué pour mettre en avant des idées socialement progressistes, qu'est-ce qui aurait pu mal se passer ? Bien évidemment, la vidéo vue plus d'une dizaine de millions de fois a provoqué la colère de nombreux internautes, mais aussi de militants et personnalités politiques d'extrême droite. Beaucoup estiment qu'Artoise n'est pas assez mature pour prendre une telle décision et qu'elle le regrettera. D'autres pensent que Konbini est carrément un organe de propagande wokiste et antinataliste et met en exergue d'autres vidéos censées aller dans le sens de son agenda, comme cette vidéo du 15 janvier sur la vasectomie. On ne compte évidemment pas les diverses insultes faites au média ou à la streameuse.
Mais une autre critique, plus discrète, se fait aussi sentir : celle de la récurrence des sujets clivants chez Konbini. Le média vidéo est accusé de baser son business model sur des vidéos chocs créées pour attirer les clics sans pour autant assumer le harcèlement que peuvent subir les témoins. De son côté, la rédaction de Konbini s'en défend. En off, on assume l'aspect viral des vidéos, mais on précise aussi que les sujets les plus engagés sont ceux qui font peur aux annonceurs. Or, la rédaction de Konbini dépend majoritairement des revenus issus du brand content et donc de marques qui ne souhaitent pas être associées à un média clivant.
Les raisons de la tempête
De son côté, Artoise, qui est par ailleurs pigiste pour la rédaction de Konbini, assume le sujet en indiquant qu'elle s'attendait à ce qu'il provoque des remous, même si l'ampleur l'a quand même dépassée. « C'était un sujet que j'avais déjà évoqué sur Twitter et les journalistes de Konbini ont trouvé cool de le médiatiser, raconte-t-elle. J'ai accepté, car je m'étais aperçue que beaucoup de gens étaient curieux sur ce sujet et que beaucoup de femmes s'étaient retrouvées face à des murs en faisant ce type de demande à leurs médecins. C'est important d'apporter ce type d'informations sur nos droits en la matière et de bénéficier de la caisse de résonance médiatique de Konbini. Je pense qu'on est tombés dans un moment qui a fait que le sujet s'est enflammé. On a eu récemment des actualités sur la baisse de la natalité en France, sur la vasectomie qui commence à entrer dans les mœurs, dans un contexte de réforme des retraites. Tout cela forme un alignement de planètes qui fait que mon sujet sur la stérilisation a fait beaucoup parler. Et puis dès qu'on touche au corps des femmes, tout le monde se permet de donner son avis. »
La rédaction à la rescousse
La jeune femme indique aussi que la rédaction ne l'a pas abandonné aux trolls contrairement à ce que pouvaient dire certains twittos. « Je remercie vraiment les équipes et le community manager qui a un peu sué pendant cette période. On a essayé d'effacer les tweets de comptes qui reprenaient la vidéo pour faire du buzz de manière négative. J'ai répondu à certaines remarques au début, puis j'ai laissé tomber, face aux insultes. Mais je tiens à dire que j'ai eu aussi beaucoup de commentaires positifs, qui prenaient ma défense ou qui me contactaient pour me remercier ». Face aux réactions fortes que son histoire a suscitées, Artoise a d'ailleurs prévu d'en parler plus en détail sur Twitch. « Les formats de témoignages vidéo sont toujours compliqués à faire, car j'ai parlé pendant 40 minutes et la journaliste n'a gardé que 4 minutes. Je vais faire en sorte d'approfondir le sujet en live afin de prendre le temps de répondre aux questions. L'idée encore une fois n'est pas de faire de la propagande pour une stérilisation générale des femmes, mais simplement de faire en sorte qu'elles connaissent leur droit pour reprendre le contrôle de leur corps ».
Bravo pour cet article qui remet les pendules à l’heure concernant l’intervention Courageuse d’Artoise, une jeune femme forte et déterminée qui affirme haut et fort le droit à prendre ses propres décisions concernant son corps et son avenir !