La pythie de la mode, Li Edelkoort, interviewée par The Guardian, partage ses prédictions pour la nouvelle décennie. Entre pragmatisme éclairé, goût du temps long et déconsommation, l’avenir aura (aussi) du bon !
La pythie de la mode, la Nostradamus de la sape... Lidewij Edelkoort, chasseuse de tendances mode depuis près de 40 ans a la réputation de ne jamais se tromper. Évidemment, n'attendez pas d'elle qu'elle vous confirme que votre jupe midi est à la bonne longueur, ou que votre legging pue les 80'. Ça fait longtemps que les tendances mode ne dictent plus ce qu'on trouve dans votre placard : chacun pouvant bien faire ce qu'il veut !
D'ailleurs, elle le déclare clairement : elle n’aime pas la mode. Du moins pas ce qu’elle est devenue. En 2015, elle publiait le manifeste « Anti Fashion » , diatribe adressée à une industrie qui lui apparaît comme une « parodie ridicule et pathétique ». Elle prédit aussi aux grandes enseignes un avenir funeste : si elles ne changent pas, elles disparaîtront. Dans une interview du 8 janvier accordée à The Guardian, elle soutient que les consommateurs sont lassés par la surconsommation. On n'y est pas encore en matière de chiffres, mais on atteint le point de bascule. Aussi le défi des marques pour la prochaine décennie sera de réussir « à faire moins, à faire mieux et à faire plus cher » .
Focus sur trois tendances qui feront, selon la spécialiste, la décennie 2020.
Plus de collaboration, de sociabilisation et de connexions
La tendance tient en un mot : co-création. Selon l’analyste, la nouvelle décennie sera celle des amateurs, en mode comme en design, car « les gens seront habilités à être plus créatifs. » À faire mieux avec moins, donc.
Parmi les signaux faibles, elle cite Tokyo et ses bibliothèques où les gens peuvent à la fois venir travailler et dîner ensemble. Dans ces endroits, on prête des vêtements, on peut participer à des cours d’écritures, ou voir des expositions et des concerts. Selon Li Edelkoort, ces lieux de rencontre deviendront « les épicentres des petites villes et villages » et seront en partie gérés par des bénévoles. La déconnexion tiendra bon donc, et la solitude qui touche les grandes villes devrait en prendre un coup.
Moins, mais tellement mieux
Nous sommes de plus en plus nombreux à le comprendre, Marie Kondo en tête de peloton : avoir moins de choses nous rendrait plus heureux. Sur Netflix, la papesse du rangement nous expliquait comment ranger nos placards et développer un rapport plus intime à nos objets et vêtements. Il faut qu’une « étincelle de joie » nous traverse lorsque nous sommes près d’eux.
Selon Li Edelkoort, nous allons effectivement vers ce type de consommation, plus raisonnée, tout en entretenant un rapport quasi animiste avec nos objets. Nous traiterons nos vêtements « comme des animaux de compagnie » . C’est extrême oui, mais si cela peut nous éviter d’acheter, sans envie, un énième jean Zara… alors le rangement en vaut la chandelle.
Pragmatisme, romantisme et retour aux ressources naturelles
L’experte prédit également l’arrivée de couleurs sourdes et moins saturées, « plus tamisées et mélancoliques ». Notre goût pour les couleurs artificielles va s'amoindrir à mesure que les colorants naturels – comme ceux à base d’oignon, d’eucalyptus ou d’avocat – deviendront la norme. Idem pour les tissus plus durables (à base d’orties ou d’algues par exemple) qui tendent à devenir de plus en plus populaires, rapporte The Guardian.
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Notre penchant pour la déconsommation aidant, la mode fonctionnelle, pragmatique deviendra plus populaire.
Ce qui n’enlèvera rien à nos envies de poésie ! « Il y aura toujours un besoin de robes romantiques – taille légèrement haute ; un besoin de volume », prédit la papesse en citant en exemple les créations tout en dentelles, tissus fleuris, et volumes généreux de la britannique Simone Rocha.
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