
Nouvelle année, nouvelle résolution. Et c'est du côté des placards que ça se passe avec la méthode infaillible pour se débarrasser de la pagaille : celle de Marie Kondo. Netflix en a fait une série. Résultat : c'est bof bof.
Marie Kondo, ou comment changer le monde en rangeant son placard à chaussettes
Promis, cette année, je range ma chambre ! C’est probablement pour répondre à cette bonne résolution que Netflix a choisi le premier janvier pour sortir sa nouvelle série. Marie Kondo, la célèbre coach en rangement, s’invite chez des Américains pour ranger leurs maisons. Ringard ? Peut-être un chouïa. Mais diablement tendance. Eh oui, il semblerait qu'en 2019, la valeur refuge soit dans le pliage de chaussettes. C'est en tout cas la promesse de la jeune japonaise qui affirme pouvoir répandre la joie dans le monde en détoxant nos placards.
> L'étincelle de joie sur Netflix
Trouvez l'étincelle de joie !
Vous ne connaissez pas Marie Kondo et sa technique ? En apparence, c'est très simple. Il faut faire le ménage par le vide pour ne garder que les objets qui vous procurent - « chting ! » - « une étincelle de joie ». Comment la reconnaître ? Facile. Vous la ressentez au fond de votre coeur quand vous regardez l'objet en question. Certes, c'est plus facile avec cette peluche que votre chéri.e vous a offerte qu'avec vos chaussettes, mais vous le constaterez, on prend vite le pli. Quoi qu'il en soit, avant de déposer quoi que ce soit dans le bac « à donner », vous devrez remercier chacun des objets. La technique peut sembler ridicule. Sauf que c'est aussi une méthode à mi-chemin entre minimalisme asiatique et développement personnel occidental. Marie Kondo propose de repenser notre relation aux objets pour garder uniquement l'essentiel chez soi et dans sa vie.
Rock star du rangement
Sourire ultra bright, robes tulipes et gilets col Claudine, cette japonaise de 34 ans d'un mètre quarante est incontestablement adorable. Mais ne vous laissez pas prendre, derrière cette personnalité kawaii (adjectif japonais signifiant principalement « mignon » ) se cache surtout une redoutable femme d’affaires. Dans notre règne de la surconsommation, elle a fait fortune en nous aidant à nous débarrasser de nos objets. Son best-seller - La Magie du Rangement - s'est vendu à dix millions d’exemplaires, a été traduit en trente-cinq langues, est disponible dans quarante pays. Elle essaime sa méthode lors de formations pour devenir conseillère, et encaisse chaque fois plusieurs milliers d'euros. Et conforte le tout en proposant des boîtes de rangement à 89$ (le kit Hikidashi). Bref, la fée du placard a été rangée parmi les 100 personnalités les plus influentes du monde en 2015, identifiées par le Times. En lançant une série de 8 épisodes sur Marie Kondo, Netflix surfe donc sur une grosse vague.
Ranger le monde
Pour ne rien vous cacher, certaines personnes de la rédaction (dont moi) se sont converties à cette nouvelle religion. À titre personnel, cette méthode a changé ma vie, en plus de métamorphoser mon tiroir à sous-vêtements (oui, c'est le mien sur la photo en-dessous, c'est beau, je suis fière). Petit à petit, pour ceux qui y sont réceptifs, un mécanisme se met en place. Plutôt que de s'attacher à ce qui a une valeur monétaire, on ne garde que ce qui procure une sensation agréable. Finie la culpabilité de jeter ou donner ce qui a été offert par exemple, sous prétexte que ça a coûté de l'argent. C'est aussi l'occasion de se demander pourquoi l'on est si attaché à certaines choses plutôt qu'à d'autres, ou pourquoi l'on garde plusieurs exemplaires. Et petit à petit, l'esprit se met lui aussi à se débarrasser du superflu, du désagréable pour ne conserver que le positif. Par ailleurs, on se sent aussi libéré de la pression quotidienne : chaque chose est à sa place. Ça rassure.
« Hiiiiiiiiiiiiiiiiie ! »
Direction les États-Unis, donc, sur Netflix, pour une « Marie Kondomisation » des immenses intérieurs américains. La série a sélectionné 8 foyers. Tous avec de gros problèmes de rangement. La première chose qui frappe est l'immensité des maisons américaines et les monticules d’objets et de vêtements accumulés. Mais pas de panique, Marie arrive. « Hiiiiiiiiiiiiiiiiie ! », commence alors la petite brune en entrant, suivie de son interprète. « Je suis si excitée, parce que j’adore le bazar ! » s'extasie-t-elle en ouvrant le premier tiroir de la cuisine d'une famille avec deux enfants, manifestement dépassée par les événements.
Au long des quarante-cinq minutes d'émission, Marie Kondo applique sa méthode. Tout d'abord, elle commence par découvrir chaque pièce de la maison, en écoutant les problèmes identifiés par la famille. Puis très vite, c'est le moment de passer à l'acte. Premier chapitre : les vêtements. C'est l'occasion pour la famille d'apprivoiser « l'étincelle de joie » et d'apprendre à se séparer et à remercier les objets jadis chéris. Marie Kondo n'est pas là pendant la totalité du processus, mais revient à quatre reprises pour les chapitres suivants : d'abord les vêtements, puis les livres et la paperasse, et enfin les « komonos », soit le reste des objets du quotidien qui inclut la vaisselle de la cuisine ou les bibelots du salon.
Ranger pour mieux s'entendre
Les couples et les familles se retroussent les manches et sont filmés en train de se questionner sur un livre ou un slip. Très vite, les discussions se mettent en place. Là, c'est une mère de famille qui trouve enfin l'opportunité de responsabiliser chaque membre sur la question du rangement. Ici, une maman retrouve le contrôle de sa maison et opère une répartition des rôles plus égalitaires, là, une femme se détache de la mort de son mari en se débarrassant de ses chemises. Un couple gay passe « enfin » à l'âge adulte pour s'émanciper de sa famille, pendant qu'un couple lesbien se rapproche. Bâti sur le même modèle, chacun des épisodes met en lumière un cheminement personnel et aussi les relations au sein du foyer. Chacun des participants finit ravi, heureux de se diriger vers un futur plus joyeux.
Netflix... peut mieux faire
Côté réalisation, Netflix n'a pas misé sur l'esthétique très spécifique de Marie Kondo. Sur les réseaux sociaux (1 million de followers sur Instagram), la coach fait dans le minimalisme sur un camaïeu de beige et de blanc avec des lignes épurées.
Malheureusement, la série ressemble à une émission des années 2000. Le montage gnangnan, façon télé réalité, vire même à l'ennui. On se croirait dans un épisode de « Changer de look pour changer de vie », une espèce de Top Chef où la mayonnaise ne prend finalement pas tout à fait.
Outre l'esthétique ringarde, on regrette aussi, avec les moyens de Netflix, que le choix se soit uniquement porté sur des maisons américaines. On aurait aimé voir la méthode appliquée dans le monde entier, et notamment dans nos si charmantes chambres de bonne parisiennes (viens Marie, on t'attend).
Au final, on regrette de ne pas en découvrir plus sur la méthode Marie Kondo. Certes la méthode de pliage est illustrée. Sauf que personne ne nous dit qu'il faut aller vite, le plus vite possible, sous peine de lâcher le processus en route. Ou encore que la méthode KonMari conseille de donner plutôt que de vendre, dans le but d'éviter de stocker en attendant de trouver preneur. On aurait aussi espéré une méthode plus détaillée pour les produits de la salle de bain, par exemple.
Bref, la série que l'on attendait avec impatience nous a un peu déçu. Et ça, eh bien ça nous chiffonne un peu... ce qui n'est pas très Kondo's spirit.
Titre racoleur... uniquement pour faire du buzz. Il faut attendre la toute fin de l'article pour voir la critique de netflix dont vous faites état dans votre titre... et au final, c'est la réalisation que vous critiquez... sans jamais citer le nom du réalisateur ou évoquer son rôle... un comble lol. Beau travail journalistique, chapeau bas. 😉
Très bel article sur Marie Kondo et sur la série Netflix, je partage entièrement vos arguments. Moi aussi la méthode KonMari et la personnalité de Marie Kondo ont changé ma vie !