Synthétiser l'ADN d'une marque dans une œuvre d’art virtuelle, c’est ce que propose la start-up Coinception qui surfe sur la vague spéculative des NFT. En plein boom, ces actifs numériques qui permettent de créer de la rareté autour d’objets virtuels, offrent aux marques de nouvelles perspectives de revenus et de communication.
Une pizza vendue à plus de 8 800 $. Cela vous paraît invraisemblable ? C’est pourtant ce qu’a réussi à faire la chaîne Pizza Hut en mars dernier lorsqu’elle a transformé les parts d’une pizza virtuelle en de véritables actifs numériques soutenus par la blockchain. L’opération, qui permettait aux clients de la marque ou aux spéculateurs de tous poils de s’en offrir une part et éventuellement de la revendre, se base sur les NFT, ces « jetons non-fongibles » qui rendent uniques et infalsifiables tous types d’objets physiques ou virtuels.
Marotte des amateurs d’art et des collectionneurs de cryptomonnaies, le phénomène commence doucement à intéresser les marques qui voient là l’opportunité de créer de la rareté autour de leurs produits et de leur univers.
« Tokeniser » une image de marque grâce aux NFT
C’est précisément à cet interstice que se positionne la start-up Coinception. Lancée il y a tout juste un mois par Emmanuelle Dubois et Ludovic Galampoix, un binôme de créatifs publicitaires, la jeune pousse française a pour ambition de devenir la première plateforme dédiée à la création d’œuvres numériques NFT pour les marques. L’idée ? Les mettre en relation avec des artistes de manière à transformer leur univers en une œuvre graphique, certifiée et authentique – soit de bâtir un nouveau point de contact virtuel avec les consommateurs.
« Nous avons développé et déposé à l’INPI le concept Brand NiFTy », explique Emmanuelle Dubois, soit l'équivalent des NFT, mais pour les marques. « De cette manière, chaque œuvre virtuelle va s'inspirer d’un branding pour donner naissance à une création unique qui reflète le territoire d'une marque. » Selon l’entrepreneuse, les entreprises ont une véritable carte à jouer sur le marché des objets numériques, qu’il s’agisse de « tokeniser » leur image pour la rendre plus désirable ou de proposer une version NFT de produits cultes à collectionner en ligne.
Mais attention, on ne crée pas un NFT de marque juste pour surfer sur une mode, insiste-t-elle. « Il s’agit de créer des œuvres numériques authentifiées sur la blockchain tout en respectant la stratégie de marque des entreprises. On se servira ensuite du NFT dans un dispositif de communication globale, pour mettre en avant un produit, ou communiquer sur certaines valeurs. »
Des bénéfices encore flous
La start-up, qui travaille actuellement à la conception d'œuvres NFT pour une marque d’agroalimentaire et une autre de cosmétiques, reconnaît toutefois une part d’abstraction dans la tendance. « Le phénomène des NFT part encore dans tous les sens, mais il est en train de se structurer, assure Emmanuel Dubois. Il faut se dire que ce n’est que le début. Nous n’avons pas encore conscience de toutes les possibilités, de toutes les passerelles qu’il peut y avoir entre le monde physique et les espaces virtuels. »
Les exemples, eux, sont de plus en plus nombreux et proviennent de secteurs très variés. Pionnière sur le sujet, la NBA permet depuis 2020 d’acheter, de collectionner et de revendre des extraits de match ou des extraits vidéo de moments forts, sous la forme de NFT. Du côté des produits physiques, on est en droit de se demander si la tendance ne conduira pas certaines marques à hybrider gammes de produits physiques et lignes entièrement virtuelles. Chez StockX, site d'achat et de vente de sneakers de collection, la question n’est pas si aberrante : « Une marque pourrait mettre en vente des sneakers et les acheteurs recevraient le titre de propriété mais pas le produit lui-même, expliquait Olivier Van Castel, VP International de la plateforme. Ils pourraient le revendre sans que les chaussures ne quittent les locaux de StockX, où ils sont authentifiés. »
Pour les créateurs de Coinception, une seule certitude prime : prendre le train en marche, même si l’on apprend en faisant, conclut Emmanuelle Dubois, car « les NFT vont devenir un outil de communication à part entière », n'en déplaise aux instigateurs des NFT dont le rêve initial était de donner plus de pouvoir aux artistes... sans nécessairement passer par la case profit.
Participer à la conversation