Qu’il s’agisse de bâtir une marque employeur solide ou de séduire les consommateurs, les mèmes prennent une place de plus en plus importante dans la communication des entreprises. Ils ont désormais leur propre intitulé de poste.
Alors que les GIF envahissent depuis un certain temps nos conversations Slack, l’art des mèmes, un tantinet plus compliqué à manier, conquiert enfin nos open spaces. Et ils vont même plus loin. Là où les GIF n’ont pas vraiment d’autre fonction que celle d’exprimer des émotions, les mèmes véhiculent une certaine culture, une personnalité et une tonalité d’expression.
Cela, Bud Light l’a bien compris. Fin août 2020, la marque de boisson américaine annonçait vouloir recruter un « Chief Meme Officer » pour promouvoir sa gamme d’eaux pétillantes alcoolisées. « Nos mèmes sont vraiment bons à jeter, rapportait la marque sur la page de l’annonce. Nous avons donc besoin de quelqu'un qui peut en faire pour nous, de quelqu’un qui peut nous éviter d'être cringe, de quelqu’un qui sait utiliser l’outil lasso sur Photoshop, de quelqu’un comme vous. »
Et autant dire que les twittos s'en sont donné à coeur joie.
Over the past 4 weeks, I've made at least 1 meme/gif a day for @budlight trying to become their new #ChiefMemeOfficer. This is my last post; highlights of all the posts I made. Good luck to everyone who applied! : ) pic.twitter.com/Yn2p3N2nC6
— iH8myPP (@Beau_Elliot) September 18, 2020
En quête de reconversion ? Devenez « chargé-e de mèmes »
Mais à quoi ça ressemble au juste un Chief Meme Officer, ou plutôt un ou une « chargé-e de mèmes » ? Selon le magazine Paper, il s’agirait d’une personne qui crée et publie du contenu. Mais contrairement au community manager, elle est embauchée par une entreprise dans le but d’établir une solide identité de marque, de promouvoir ses valeurs et sa culture auprès des consommateurs comme de ses salariés et potentielles recrues.
« Au cours de ces six derniers mois, des start-up et de grandes entreprises ont commencé à pourvoir ce nouveau poste, rapporte Brianne Kimmel, fondatrice de la start-up créative Worklife. Les entreprises prennent désormais les mèmes plus au sérieux. Il y a plus de pression pour qu'elles adoptent une position politique, plus de pression pour qu’elles aient une marque employeur avec de la personnalité où les gens savent exactement ce que l'entreprise représente et ce que c'est d’y travailler. »
@budlight #ChiefMemeOfficer pic.twitter.com/o7sCWNZBnn
— ? ?????? ? ???? (@memeley_troll) September 17, 2020
Quel CV ?
Mais pour espérer décrocher le poste, il faut déjà pouvoir se vanter d’avoir une solide fan base personnelle.
« Les chargé-es de mèmes sont des individus qui gagnent en popularité en ligne et qui ont déjà une réelle fiabilité, un réel alignement dans un écosystème donné, poursuit Brianne Kimmel. Ils ont plus d'abonnés que l'entreprise elle-même, ils sont connus parce qu’ils créent des vidéos ou parce qu’ils ont leur propre marque personnelle. Concrètement, ils commencent déjà à attirer des clients. »
En France, la nouvelle fiche de poste n'a pas encore été officiellement adoptée par les entreprises. Elle devrait pourtant séduire les jeunes recrues, à commencer par celles de la génération Z. Biberonnées à la culture mème et au personal branding, une étude estimait qu'elles seraient plus susceptibles d’accepter des postes créatifs et plus enclines à chercher du travail par « projet » plutôt que par « statut » ou par « poste » .
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