De nouveaux médias parient sur l'éditorialisation d'un seul objet du quotidien pour l’étudier sous toutes ses coutures. Une tendance dont les marques devraient s’inspirer pour magnifier leurs produits et émerger du vacarme ambiant.
Avouons-le, médias et marques ont souvent tendance à poster à gogo. Souvent pour ne rien dire, ou pas grand chose. Dans cette cacophonie ambiante, de nouveaux médias émergent et expérimentent d'autres formats. Surfant sur la tendance du « slow content » , certains osent une approche radicalement arty.
Ces projets éditoriaux qui rendent hommage à des objets du quotidien
Sur l’impulsion d’un bouillon de créateurs - artistes, directeurs artistiques, journalistes… – de nouveaux formats éditoriaux voient le jour. Ils redonnent vie à une esthétique qui ne date pas d’hier : la magnification de l’ordinaire.
On vous explique.
Photo : Machin Chose
Prenez Machin Chose par exemple. Semestriel gratuit, il ne jure que par la déconne (avec du sens) et s’attache à décrypter, en long, en large et en travers, des objets de nos vies de tous les jours. Son premier numéro était, tenez-vous bien, dédié à l’histoire du coton-tige, à ses liens avec l’esclavage et le commerce triangulaire ou à toutes ses applications actuelles.
L’idée ? Sublimer nos objets triviaux du quotidien en les décortiquant, en mettant en avant leur « intelligence fonctionnelle » mais surtout en abordant leur histoire et leur ancrage sociologique.
« Dans un monde d’hyper-consommation et de marques en constante concurrence, nous voulions prouver que l’on peut revenir à des choses triviales, absurdes, tout en les reliant à des thématiques plus sérieuses », justifiait Joachim Roncin, directeur artistique du magazine lors d’une interview pour L’ADN.
Photo : Machin Chose
Dans la même lignée, avec toutefois plus de penchants pour le design d'intérieur, le magazine néerlandais MacGuffin aborde aussi des éléments fonctionnels du quotidien. Lits, cordes, fenêtres, éviers, armoires et maintenant ballons, tout y passe. Surtout, tous sont décryptés pas des professionnels. Designers, auteurs ou encore photographes apportent au média un cachet plus critique, voire scientifique.
Photo : MacGuffin Magazine
Autres médias non identifiés
Du côté des médias un poil plus barrés, nous retrouvons le magazine d’Anna Broujean. Journaliste et artiste - elle s’amuse notamment à nous envoyer des newsletters surprises tous les mercredis – elle publie tous les ans le magazine Club Sandwich.
À chaque numéro, un aliment et sa représentation dans notre société sont analysés. Étudiés sous toutes les coutures, l’œuf, le champignon (et bientôt le chocolat) sont abordés selon des angles décalés et variés comme l’art, la culture, l’histoire, la sociologie, l’économie ou la politique.
Photo : Club Sandwich - L'oeuf
Sur ordinary-magazine.com, le concept de l’objet unique est poussé un peu plus loin. On peut en effet souscrire à un magazine trimestriel au sein duquel une vingtaine d’artistes se sont littéralement lâchés sur un thème prédéfini.
Photo : Ordinary Magazine - La chaussette
Artistes : Julia & Vincent
Coutellerie, éponges, coton, chaussettes, air… qui aurait cru que des choses aussi banales pouvaient inspirer autant ?
Un revival de l'ordinaire qui devrait plaire aux marques
Il y a comme un goût de déjà-vu dans ces nouvelles initiatives créatives. On semble vouer un nouveau culte à la banalité du quotidien, un peu comme quand Andy Warhol dessinait ses conserves de soupe, ou comme Magritte durant sa période surréaliste. En filigrane, la culture populaire et toutes ces choses qui la rendent ordinaire sont sublimées.
Et qu’il devient délicieux, surtout, de ne se concentrer que sur une seule chose à la fois ! À des années-lumière du phénomène d’infobésité, ces formats à « objet unique » proposent un temps de lecture différent, certes obsessif, mais plus sélectif, et qui redonne le goût des choses.
De quoi donner des idées aux marques sur la façon dont elles peuvent « sacraliser » leurs produits, à l’heure où l’attention devient une denrée rare.
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