charte graphique loopsider

Loopsider : comment fabriquer un média 100% social sans « faire du Brut » ?

Comment définir son identité lorsqu'on est un média 100% vidéos ? L’agence de design Upian a planché sur la question en travaillant sur le design de Loopsider, un média 100% vidéo, lancé en janvier dernier.

« J’existe ! » Non, il ne s’agit pas du cri d’un humain en pleine crise existentielle, mais de celui des médias qui tentent, tant bien que mal, d’attirer l’attention des internautes sur les réseaux sociaux. Et pour Alexandre Brachet, directeur général d’Upian, c’est complètement raté. La plupart du temps. Selon lui, les médias manquent souvent de personnalité visuelle et deviennent transparents, noyés par la concurrence. « Il faut donner du caractère au web ! Il existe une grande tendance à rendre le design interactif invisible pour aller directement au contenu. C’est une erreur ! » L’agence a mis ses convictions en pratique et créé l’identité de Loopsider, le média 100% social, lancé le 10 janvier 2018.

Ce n’est pas un hasard si Johan Hufnagel, ancien patron de Slate et ex numéro deux de Libération, s’est tourné vers l’agence de design de la rue Saint-Maur dans le Xe arrondissement de Paris pour concevoir l’identité de Loopsider. « Nous avons une relation particulière avec Hufnagel », confesse Alexandre Brachet. Certes, leurs bureaux sont voisins - « c’est pratique » - mais, surtout, l’agence n’en est pas à son coup d’essai. C’est Upian qui a conçu le site de Slate ; celui de l’Équipe aux 3,1 millions de vues en avril, 11,4 millions sur mobile et l’impressionnant score de 140 millions de pages vues pendant la première semaine de la coupe du monde 2018. Upian a aussi signé l’identité de Binge Audio, le nouveau réseau de podcasts (dans laquelle Upian détient environ 7% des parts).

Créer l’identité visuelle d’un média social pour 100 000€

« Ça a été fusionnel au début. Monter quelque chose à partir de rien, c’est donner un peu de soi ! » Thomas Deyriès est directeur de la création et directeur associé chez Upian. Il s’est chargé de concevoir le projet en un temps record : « Trois mois intenses avec 3 ou 4 personnes à temps plein et une dizaine d’intervenants au total ». La demande de la part de Loopsider était double : émerger au milieu du bruit visuel, mais aussi devenir autonome avec les bons outils le plus rapidement possible, pression économique oblige, pour une enveloppe de 100 000 €, « dans une logique de partenariat», précise Alexandre Brachet.

Pour répondre à cette problématique, l’agence a commencé par travailler sur l’identité graphique. « Créer un logo, c’est évidemment important, mais ça reste un classique.» Un fond noir a été privilégié pour qu’il « vibre » en dessous du logo vert. « Ce truc là, on l’a bien senti. Ça ressort sur les vidéos avec les contraintes liées aux plateformes » analyse le directeur de création. « Et ce n’était utilisé par aucun média », ajoute Alexandre Brachet.

Une fois les bases posées, Upian s'est installé pendant deux mois rue de la Fontaine au Roi, chez Loopsider. « Tous les jours, on s'imposait de faire du prototypage vidéo, en travaillant main dans la main avec les journalistes », explique Thomas Deyriès. « On a fait du “templating” avec des motion designers. On a fait des dizaines d’ “assets” : pour les citations, les photos qui défilent, les titres… », jargonne Alexandre Brachet. Concrètement, les journalistes ont à leur disposition des dizaines de calques à apposer sur leur montage de manière précise : le logo toujours au même endroit en haut à droite, les mêmes couleurs pour les sous-titres, les noms ou fonctions des personnes présentes à l’image, ainsi que le type de typographie utilisée :

De la maquette à l’itération

Chaque détail, de la transition des images - « de gauche à droite ou l’inverse » - au moindre symbole, a été longuement discuté jusqu’à ce que chacune des parties tombe d’accord. « Aujourd’hui, le leitmotiv, c’est l’engagement. On ne veut pas que les gens survolent, mais qu’ils cliquent et tapent », décrypte le directeur général. « Nous sommes allés très loin dans la distribution d’outils graphiques. Avant, on présentait des maquettes. Aujourd’hui, l’usage est beaucoup plus important. On crée, on partage avec les journalistes, puis on ajuste. », complète Thomas Deyriès. La totalité des « assets » (ressources) est disponible et mis à jour régulièrement en fonction des besoins sur le logiciel de montage Adobe Premiere, pilier central du montage pour les journalistes de Loopsider. Chacun d’entre eux publie aujourd’hui entre une et deux vidéos soit 14 par jour au total.

La recette semble avoir séduit le public. Loopsider compte à ce jour plus de 360 000 fans sur Facebook et un peu plus de 9 000 followers sur Twitter.

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