Une femme noire avec un tournesol et des pétales sur le visage

La cosmétique « sauvage », nouvelle tendance du rayon beauté

© Jun via Getty Images

Mode « chasseur-cueilleur » activé ! Surfant sur la conscience écologique des consommateurs, de plus en plus de soins cosmétiques misent sur la cueillette et l’artisanat sauvage. Une tendance saine qui doit à tout prix le rester. 

Des pétales de fleurs en guise de faux-cils, des champignons en boucles d’oreilles, un simili rouge à lèvres fait de lamelles de kiwi, de radis ou de fraise… Comme bon nombre de tendances beauté, c’est sur Instagram que nous avons découvert le travail de Katya, aka @thundergirl_xtal. À seulement 24 ans, la jeune femme cumule les casquettes. Maquilleuse, designer, mais aussi agricultrice, elle abreuve son compte de looks beauté 100% organiques et se transforme quotidiennement en œuvre d’art vivante façon Arcimboldo. C’est chez elle, en Russie, qu’elle cultive une grande partie de ses matières premières.

Sur le réseau social, le « make-up art » sauvage de Katya n’est pas un cas isolé. Il correspond à un retour à la nature de plus en plus incarné, notamment chez les jeunes générations. Une mouvance que le marché de la beauté suit naturellement de près. 

Des cosmétiques sauvages

Dans le sillage de la « clean beauty » (une alternative plus propre, responsable et naturelle aux produits cosmétiques traditionnels), la tendance plonge encore plus loin dans notre quête de naturalité et nos fantasmes de vie pastorale. Il faut pourtant différencier ces « néo-chasseurs-cueilleurs » des consommateurs qui font appel à des marques s’approvisionnant exclusivement en ingrédients cultivés de façon naturelle, précise le média Dazed, spécialiste des nouvelles beautés. 

« Les produits cosmétiques qui misent sur "l’artisanat sauvage" correspondent aux marques qui s'approvisionnent en ingrédients dans la nature, que ce soit dans des jardins sauvages ou dans des environnements complètement naturels, y explique Mallory Huron de l’agence de tendances Fashion Snoops, tandis que la tendance de la cueillette fait référence au passe-temps d'aller dans la nature pour trouver des herbes, des fleurs et des plantes sauvages à utiliser pour la nourriture, la santé holistique ou les soins de la peau. »

Le point commun de ces « nouveaux sauvages » ? Ils et elles s’intéressent aux plantes et se renseignent sur la manière de s’en servir le plus naturellement possible. « C’est un fait, l’intérêt de la cosmétique pour ces espèces végétales qui poussent de façon organique et indomptable s’est intensifié ces dernières années, raconte Thomas Echantillac à Elle. Cueilleur de passion, il est aussi président de l’Association française des professionnels de la cueillette de plantes sauvages (AFC). « Cet environnement, à la fois hostile et poétique, paraît répondre à notre quête croissante de naturalité. »

Les marques s’y piquent

Malgré une croissance encore timide (le chiffre d’affaires mondial des cosmétiques naturels a augmenté de 8,8 % entre 2018 et 2019 et pourrait atteindre 48 milliards de dollars en 2024, ndlr), la tendance de la beauté bio et naturelle s’enracine. Certaines marques vont même de plus en plus loin et prennent le pli de la cosmétique sauvage.

C’est le cas d'Island Apothecary, une petite entreprise de soins naturels basée au large des côtes du Maine aux États-Unis ou encore de Woodspell Apothecary, qui cultive ses plantes en fonction des cycles lunaires pour fabriquer ce qui s’apparente à de véritables potions de sorcière. Dans l’Hexagone, la marque On The Wild Side, lancée début 2019, fait office de pionnière et entend bien inviter la nature brute dans nos salles de bain grâce à une gamme de soins naturels 100% français.

Mais gare à la tentation de passer le modèle à l’échelle, tempère Dazed. Lors de la récolte, frugalité et petites quantités sont de mise pour préserver les écosystèmes dans lesquels ces marques évoluent. Akar Beauty, une marque de soins d'inspiration tibétaine, ne récolte ses ingrédients phares (argousier et baies de goji) qu’une fois par an pour prémunir les sols d’une culture trop intensive. Au-delà du fantasme champêtre, c’est encore l’aspect charmant et imprévisible de la cueillette qu’il s’agit de préserver. 

Margaux Dussert

Diplômée en marketing et publicité à l’ISCOM après une Hypokhâgne, Margaux Dussert a rejoint L’ADN en 2017. Elle est en charge des sujets liés à la culture et la créativité.
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