Le réseau social s’avère être le premier jouet numérique des enfants avant que ces derniers ne puissent officiellement s’inscrire sur TikTok et Instagram.
Vous n’utilisez pas Snapchat, mais il y a une chance sur deux que votre enfant de moins de 13 ans y ait ouvert son premier compte de réseau social. C’est du moins ce qu’il ressort d’une étude statistique recueillie par l’association Génération Numérique et mise en avant dans Born Social, la conférence annuelle d’Emmanuel Berne, le directeur des études de l’agence Heaven. Ce dernier a pu dresser un portrait de cette génération « fantôme », qui n’a officiellement pas le droit d’être présente sur les réseaux sociaux, mais qui fait bien souvent ses premiers pas dans cet univers vers l’âge de 11 et 12 ans.
Snapchat au début puis TikTok et Insta ensuite
D’après l’étude, près de 54 % des enfants de 11 ans sont inscrits sur un réseau social en 2021. À 12 ans ce chiffre passe à 71 % pour atteindre les 88 % à 14 ans. Emmanuel Berne note que ces chiffres sont stables depuis 2018. Si l’on exclut YouTube, qui n’est pas vraiment une plateforme sociale et qui est maintenant considérée comme une application dédiée à la vidéo longue, c’est donc Snapchat qui reste le réseau le plus utilisé pour 51 % des 11-12 ans. Instagram et TikTok sont juste derrière avec 36 % et 34 % d’utilisation. WhatsApp et Twitch ferment la marche avec 21 % et 9 %. Facebook et Twitter sont considérés comme des réseaux de vieux et constituent des repoussoirs importants.
Un jouet qui se renouvelle
Pour expliquer le succès de Snapchat, Emmanuel Berne revient sur le développement de la plateforme. Cette dernière fait clairement office de premier jouet numérique avec la présence de filtres qui déforment le visage comme produit d’appel. La géolocalisation des amis inscrits sur la plateforme est aussi très attractive pour les préadolescents qui peuvent voir ou montrer à tout moment où ils sont. La pratique des flammes, qui consiste à gagner des points en continuant d’échanger des snaps avec un ami pendant plus de 3 jours est toujours autant utilisée. Enfin, depuis 2020, la dernière tendance consiste à mettre en avant son « profil astrologique » qui permet de voir avec quels amis les utilisateurs sont les plus compatibles. L’ajout régulier de nouvelles options au sein de la plateforme permet donc à cette dernière de rester attractive.
Génération cyberharcèlement
Emmanuel Berne prévient toutefois que l'application est aussi souvent utilisée via du chat de groupe. Certains enfants n’hésitent pas à harceler leurs petits camarades en ligne à coups de messages vocaux insultants. D’après l’étude, 20 % des 11-12 ans reconnaissent que ces plateformes contribuent au cyberharcèlement. Mais pour 26 % d'entre eux, le risque le plus important des plateformes sociales reste le risque de dépendance. La génération fantôme est bien enthousiaste sur l’utilisation de Snapchat et des autres applications, mais elle n’est pas si naïve que ça sur les risques qu’elle encourt.
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