Ses détracteurs le disent fatigué, empêtré dans des fraudes et souvent superficiel. Pourtant, dans les chiffres, le marketing d’influence progresse et se professionnalise laissant même apparaitre un futur radieux…
On parle aujourd’hui d’un marché qui pourrait peser plus 15 milliards de dollars d’ici 2022, contre 8 milliards en 2019. Portrait-robot, motivations, éthique… on fait le point sur l’état de l’influence avec Reech.
L’influence, une affaire de femmes ?
La rémunération moyenne d’un partenariat a augmenté de 71 % en 2019. Mais qu’est-ce qui motive l’influenceur ? L’argent, le prestige ? Que nenni ! Très loin de l’image de l’influenceur intéressé et glouton de collaborations sans grande valeur ajoutée, 66 % des influenceurs refusent des partenariats, selon une récente étude de Reech. Parce qu’ils n’ont pas d’intérêt pour la campagne et la marque, parce que le produit ou l’entreprise est incompatible avec leur valeur… les influenceurs sont sélectifs.
Et pour cause, au diapason des préoccupations sociétales des consommateurs, 78 % des influenceurs voient leur activité comme un moyen de faire passer un message à leur communauté. Le magazine Elle version US, lui, s’interroge : « Les influenceurs Instagram peuvent-ils aider à sauver la planète ? » Et ce n’est pas un hasard s’il s’agit d’une revue féminine : même si les influenceurs s’expriment sur de nombreux sujets, il s'agit le plus souvent de femmes (75 %) de 29 ans (en moyenne), branchées lifestyle (88 %) à retrouver souvent sur Instagram, réseau de prédilection pour 94 % des influenceurs interrogés !
Marques cherchent audace (et créativité ! ) désespérément
En attendant de sauver la planète, les influenceurs veulent aller plus loin dans les partenariats avec les marques. « Ils veulent des partenariats récurrents, être des ambassadeurs or, ils reçoivent encore trop peu de sollicitation pour ce type de partenariat. Les marques ont pourtant intérêt à collaborer plus étroitement avec les influenceurs de manière pérenne : cela amène de l’expertise, de la cohérence, tout cela dans le respect de l’univers de l’un comme de l’autre », rappelle Guillaume Doki-Thonon, CEO de Reech.
Fini le temps où les influenceurs étaient de simples prestataires de placement de produit. Rappelons ici que lorsque l’on parle d’influenceurs, on ne parle pas des personnalités dont la notoriété dépasse les réseaux sociaux, comme les vedettes de télé-réalité, chanteurs ou acteurs. On parle de personnalités érigées au rang d’expert par des milliers de followers tant ils sont pointus sur les contenus qu’ils partagent autour d’un sujet donné.
Plus que jamais, ils souhaitent être reconnus pour ce qu’ils sont : de véritables créateurs de contenus, de potentiels ambassadeurs de marque afin d’assurer une cohérence entre leurs motivations et les attentes de leur audience. Et des contenus créatifs et authentiques, les marques en ont cruellement besoin. D’ailleurs, savent-elles qu’il existe d’autres plateformes que l’imposant Instagram ? L’étude de Reech met en exergue la poussée de Pinterest et de TikTok, la deuxième plateforme la plus téléchargée au monde rien que sur le dernier trimestre 2019 (1,27 milliard téléchargements dans le monde). Pour les experts du secteur, les opportunités sont aussi sur ces nouvelles plateformes qui séduisent de plus en plus de jeunes. Mais pas seulement, il est temps d’évangéliser le marché pour dédiaboliser et désacraliser l’influence. Les champs à explorer sont presque infinis et les consommateurs sont prêts à découvrir autre chose que des contenus sponsorisés sur la mode et la beauté.
Pas d’influence sans éthique
Il faut dire que le regard du consommateur s’est aiguisé, traquant les fakes ou les partenariats dissimulés. Aujourd’hui, 95 % d’influenceurs déclarent informer leur communauté sur leurs partenariats. Une manière d’en finir avec les terribles séquences de fraudes et d’amateurisme qui rythmaient les débuts du secteur.
Encore une preuve de sa normalisation ? Les influenceurs sont des passionnés et à mesure qu’ils construisent leur communauté, ils bâtissent une confiance. À l’heure où les consommateurs sont moins enclins à faire confiance aux messages des marques, les influenceurs peuvent aider ces dernières à développer des messages percutants, sincères et authentiques. À quand des communautés françaises d’influenceurs éthiques, comme on peut en trouver en Grande-Bretagne ?
Le futur de l’influence sera-t-il virtuel, militant, ou hyperlocal ? En tout cas, son irrésistible professionnalisation et son ambition ont réussi à démontrer son envie de compter demain pour les marques et les consommateurs.
POUR ALLER PLUS LOIN :
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