Trois internautes ont créé un service mail et un compte Instagram qui répond aux invectives des femmes blanches racistes qui sont régulièrement exposées sur les réseaux sociaux.
« Combien de temps encore tu vas te soucier du racisme ? Reprends-toi et passe à autre chose », « Vos accusations de racisme ont nui à mon entreprise, j’appelle mon avocat ». Ces phrases tapissent le mur de My Karen Translator, un compte Instagram créé en juin 2020 qui aide les internautes à faire face aux personnes racistes dans une conversation en ligne.
La suprématie blanche pour les nuls
Imaginé par trois Américaines se revendiquant de l’antiracisme, ce service propose de répondre à la place des personnes sommées de justifier leur militantisme ou bien devant faire face à des comportements agressifs ou racistes. Il suffit pour cela d’envoyer l’extrait de la conversation sur la page mykarentranslator.com et attendre quelques jours pour avoir une réponse personnalisée. Les créatrices affirment sur le média onezero.com qu’elles reçoivent entre trois et cinq demandes par semaine. Chaque réponse démarre par l’expression « Dear "Karen"», un prénom qui est utilisé pour désigner de manière péjorative des femmes blanches de 40 ans qui sont régulièrement affichées sur les réseaux à cause d’un esclandre.
L’émergence des Karen
Autrefois réservé aux femmes demandant à « parler au manager », le terme Karen (ainsi que le nom Ken qui désigne le mari) est maintenant largement entré dans le vocabulaire de lutte antiraciste. Le prénom désigne surtout les femmes conscientes de leur privilège blanc et menaçant des personnes racisées, à l'instar de cette promeneuse qui a appelé la police après qu’un Afro-Américain lui ait demandé de mettre son chien en laisse. Une vidéo de l'événement a été postée le même jour que la mort de George Floyd.
Oh, when Karens take a walk with their dogs off leash in the famous Bramble in NY’s Central Park, where it is clearly posted on signs that dogs MUST be leashed at all times, and someone like my brother (an avid birder) politely asks her to put her dog on the leash. pic.twitter.com/3YnzuATsDm
— Melody Cooper (@melodyMcooper) May 25, 2020
Décharger les personnes concernées
Vouloir « éduquer » les Karen n’est-il pas un peu vain ? Pour les fondatrices du compte My Karen Translator, là n’est pas la question. Beaucoup de personnes faisant appel à leur service n’enverront sans doute jamais la réponse demandée. L’idée est plutôt de soulager les personnes confrontées à une parole ou un comportement raciste en « plaçant le fardeau de la confrontation et de l’éducation sur les épaules des personnes blanches ».
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