Contrairement à la campagne de 2017, les militants ne se mobilisent plus sur Twitter, tandis que d’autres réseaux prennent le relai. Décryptage.
Où sont passés les militants déchaînés, les trolls et les cellules de riposte qui avaient fait les grands jours de l’élection présidentielle de 2017 ? Pour cette campagne de 2022, la mobilisation des militants sur le web semble moins forte et moins bruyante qu’il y a 5 ans. C’est le constat de Nicolas Vanderbiest, directeur des opérations du cabinet Saper Vedere, dans un thread traitant des réactions Twitter ayant accompagné le débat télévisé La France face à la guerre. D’après son analyse, seuls Jean-Luc Mélenchon, Philippe Poutou (pourtant absent du débat) et Éric Zemmour bénéficient de relais sur Internet avec respectivement 10,8 %, 9,71 % et 8,76 % de volume de tweets écrits pendant l’émission. Les autres candidats ont pour ainsi dire abandonné les réseaux.
Macron à la traine et Le Pen dépossédée de ses équipes
Plutôt bien positionnés sur les réseaux lors du scrutin de 2017, malgré une ambiance extrêmement toxique à base de campagne de harcèlement vis-à-vis des journalistes, les supporters d’Emmanuel Macron n’ont réussi à produire que 5,45 % des tweets. Ce dernier se repose sur des porte-paroles à forte audience, mais n'active plus vraiment cette cellule de riposte qui avait fait tant parler d’elle. Même constat chez Marine Le Pen alors que le RN a toujours bénéficié de relai puissant sur les réseaux. Pour Nicolas Vanderbiest, les départs en cascade de certains collaborateurs pour rejoindre Zemmour ont beaucoup joué. Ce dernier bénéficie d’un réseau qui se mobilise vite et fort, mais qui sait aussi gonfler artificiellement son nombre avec des multi-comptes.
Ohé ohé, mon Twitter abandonné
De manière globale, Nicolas Vanderbiest note un désinvestissement global de Twitter avec une activité réduite « au strict minimum » et des chiffres légers, notamment au niveau des vidéos. Fort de son avance dans les sondages, il est possible qu’Emmanuel Macron n’ai pas vraiment investi ce réseau tandis que d’autres candidats comme Anne Hidalgo, Fabien Roussel et Yannick Jadot ne comptent que peu de militants numériques. Il est aussi possible que Twitter ne soit plus le centre de gravité de la campagne numérique. Les militants soutenant Éric Zemmour se trouvent en très grand nombre sur les réseaux du dark social comme Telegram, très prisé par l'extrême droite. Quant à Jean-Luc Mélenchon et sa base de supporters, on les trouve beaucoup plus actifs sur Twitch, une plateforme qui sert de carrefour de dialogue à une grosse partie de la gauche. Le candidat cumule sur la plateforme 88 000 followers.
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