Cafeier

Le café menacé par le changement climatique

© Persy Cabrera

Mauvaise nouvelle pour les amateurs de café : l'une des boissons les plus consommées au monde est directement menacée par le changement climatique.

Hausse des températures, sécheresses, multiplication des parasites… Selon une étude publiée dans la revue scientifique Plos Climate, la production de café pourrait diminuer de moitié d'ici 2050. En cause : la sensibilité des caféiers aux variations climatiques. Conséquence : un prix du café qui a bondi de 15 % et une consommation quotidienne de tasses de café à travers le monde en baisse. Selon les calculs de la banque néerlandaise Rabobank, les importations de café dans l’Union Européenne et au Royaume-Uni ont chuté de 13 % au deuxième trimestre de cette année, tandis que les États-Unis ont enregistré une baisse de 11 % sur un an. Il s'agit du plus grand effondrement observé au cours des 15 années, note la banque néerlandaise.

Baisse de production en Amérique du Sud et en Afrique

« La succession de sécheresses et de gels qu'a connue le Brésil en 2021 et 2022 a eu pour effet de faire monter les prix et par conséquent baisser la consommation », explique la raison de cette hausse de prix indique Albert Scalla, vice-président de la société financière américaine StoneX. Et le phénomène EL Niño, installé début juillet 2023 dans le Pacifique tropical, s'annonce comme un défi supplémentaire. « L’arrivée d’El Niño augmentera considérablement la probabilité de battre des records de température et de déclencher une chaleur plus extrême dans de nombreuses régions du monde et dans les océans », a déclaré Petteri Taalas, Secrétaire général l'Organisation météorologique mondiale. Même constat en Afrique. « Nous subissons des chocs de rendement résultant de conditions météorologiques défavorables et du fardeau des ravageurs et des maladies qui ont un impact substantiel sur les revenus des petits exploitants agricoles », a déclaré à African Business, Kenneth Barigye, directeur général de Mountain Harvest.

Le café, une culture très sensible

L'étude a également examiné l'impact du changement climatique sur les conditions de culture des noix de cajou et des avocats. Pour ces produits, la hausse des températures pourrait créer de nouveaux environnements de croissance viables dans certaines régions, selon le rapport. Cependant, le café « s’est révélé le plus vulnérable, avec des impacts climatiques négatifs dominant dans toutes les principales régions productrices ». Une vulnérabilité qu'explique le professeur Michael Hoffman, directeur exécutif émérite du Cornell Institute for Climate Smart Solutions : « Le café est très sensible aux augmentations de température, même minimes, et l'impact peut varier en fonction du stade auquel se trouve la culture ». Et les prévisions ne sont pas optimistes. Selon le rapport, d'ici 2050, on devrait assister à une augmentation des zones inadaptées et impropres à la culture du café. Une catastrophe écologique mais aussi économique puisqu'après le pétrole, le café est la matière première la plus commercialisée sur le marché mondial (126,17 milliards de dollars).

Les auteurs ont conclu que pour les trois cultures, « une adaptation au changement climatique sera nécessaire dans la plupart des grandes régions productrices ». Cela pourrait inclure la sélection de variétés mieux adaptées aux nouvelles conditions. Dans le cas du café, cela pourrait également impliquer de passer aux arbres Robusta, plus résistants, mais généralement considérés comme de moindre qualité que les Arabica.

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Peggy Baron

Chaque jour je m'installe à la terrasse de l'actu et je regarde le monde en effervescence. J'écris aussi bien sur les cafards cyborg que sur le monde du travail, sans oublier l'environnement et les tendances conso.
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