Scanner les codes-barres pour connaître la composition des produits, c’est un bon début. Mais ScanUp va plus loin : l’application permet aussi aux utilisateurs de co-créer des produits avec les industriels.
ScanUp, vous connaissez ? Cette application pourrait bien voler sa place de choix à Yuka. Parce qu’elle propose le même service – en plus scientifique – et qu’elle va un cran plus loin. Persuadées que le changement viendra (aussi) des grandes marques, les équipes permettent aux utilisateurs et utilisatrices de co-créer les denrées alimentaires de leurs rêves : clean, mieux sourcées, et sans ingrédient transformé.
Transparence alimentaire
Caroline Péchery a co-fondé l’application, sortie en 2017. Gratuite, elle permet aux consommateurs et consommatrices de mieux s’informer sur les produits alimentaires. C’est quasiment devenu un réflexe : plutôt que de lire les étiquettes, aujourd’hui, on scanne les codes-barres ! Mais ici, pas de note fantaisiste à la Yuka : ScanUp affiche notamment le degré de transformation des produits selon une classification scientifique. « Nous sommes partenaires du Siga, explique cette ancienne de KPMG. Nous sommes les seuls à utiliser leur classification scientifique aujourd'hui : leur système donne un indicateur qui va informer sur le degré de transformation des produits. » Le Siga est un organisme qui s’engage en faveur d’une alimentation plus saine. Il est notamment soutenu par le docteur Anthony Fardet, auteur du livre Halte aux aliments ultra transformés ! L’application fournit aussi le nutri-score du produit s’il est disponible pour obtenir ses valeurs nutritionnelles, ainsi que les allergènes, les labels et le détail de la composition. « Nous proposons plusieurs clés de lecture. C’est plus complexe que ce que l’on retrouve sur Yuka par exemple, mais au moins nous fonctionnons avec des informations qui sont cautionnées scientifiquement. » Elle regrette que la méthode de Yuka se base sur des indicateurs aléatoires, mais reconnaît que l’application a eu le mérite de démocratiser le sujet de la transparence alimentaire auprès des consommateurs.
Avoir un réel impact sur la consommation en co-créant des produits sains
Pour aller plus loin que le volet « transparence alimentaire », les équipes veulent accompagner une réelle transition dans l’alimentation – chez les consommateurs, mais aussi chez les industriels. Une fois qu’un produit est scanné, s’il est jugé nocif ou trop transformé, l’application propose un catalogue d’alternatives.
Mais la vraie innovation, c’est l’espace de dialogue entre les marques et les utilisateurs. L’application permet en effet aux utilisateurs et utilisatrices de co-créer des produits avec les entreprises, en votant pour certains critères – dont l’origine des ingrédients, la composition du produit…
À l’issue du vote, ScanUp détaille les étapes de fabrication – en veillant à ce que la composition soit respectée – jusqu’à la commercialisation. « C’est notre business model : les annonceurs payent pour ce service-là. Les tarifs varient en fonction du nombre de questions qui sont posées. »
Les marques veulent des produits clean
En moins de deux ans d’existence, les équipes ont réussi à convaincre de grands noms de la distribution. Premier client de l’application : franprix, qui a lancé au mois de janvier une pizza végétarienne dont 100% des ingrédients sont d’origine française, en accord avec les votes de plus de 4 000 personnes. Caroline Péchery note un vrai intérêt des industriels pour la démarche. « Ils recherchent des clean labels. On leur apporte cette garantie-là. Ils cherchent à faire des produits plus naturels, à répondre aux envies d’une alimentation plus simple. » La dynamique est réelle, et les applications n’y sont pas pour rien. « Elles jouent un peu le rôle de garde-fou pour le consommateur. Ça facilite l’accès à l’information. Résultat, les entreprises industrielles ne peuvent plus se permettre de faire n’importe quoi. »
Pas question néanmoins d’utiliser ScanUp pour redorer son blason : les équipes ne travaillent pas avec n’importe qui. Exit les gros crados qui veulent créer un produit sain pour se faire une jolie vitrine !
Le changement passera… par les industriels
« Notre positionnement est différent de Yuka : nous ne sommes pas des anti-industriels, précise Caroline Péchery. Oui, il y a des choses à améliorer, mais pour avoir un impact sur la qualité des produits de demain, il faut travailler avec ceux qui produisent à grande échelle. » C’est pour cela que ScanUp ne veut pas se positionner dans une forme de confrontation avec les grandes marques. « On collabore pour être dans une démarche plus proactive. Les grandes entreprises sont hyper challengées par les nouvelles marques. Pour se lancer dans l’alimentaire aujourd’hui, il faut être irréprochable, sinon ça fait des projets mort-nés. » Persuadée qu’il n’est jamais trop tard pour changer, Caroline Péchery mise donc sur les gros pour rectifier le tir. « C’est sûr que c’est plus compliqué pour une grosse boîte comme Danone que pour start-up qui vient de se lancer. Ça peut prendre du temps… Mais tous les acteurs du secteur sont dans cette démarche-là. »
10 projets de co-création supplémentaires devraient voir le jour en 2019. En attendant, ScanUp permet aussi de tester certains produits – toujours pour le compte des industriels. Évidemment, il s’agit de produits qui contiennent peu – ou pas – d’aliments transformés !
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