Un cap, des outils, une méthode. Le laboratoire d'idées The Shift Project fournit un projet pour décarboner l’économie française, secteur par secteur, dès maintenant.
« Avant les ennuis étaient pour plus tard, maintenant ils sont pour tout de suite », expose le médiatique ingénieur et entrepreneur Jean-Marc Jancovici en préambule du plan de transformation de l’économie française, un ouvrage collectif piloté par le think tank The Shift Project et publié chez Odile Jacob.
L’actualité ne peut que lui donner raison. Le prix du diesel bat cette semaine un record et celui de l’essence continue inexorablement de monter. Quiconque possède une voiture peut donc sentir les effets très concrets de ce que les énergéticien·ne·s appellent le pic du pétrole conventionnel. Les factures sont aussi de plus en plus salées du côté des énergies domestiques, électricité, gaz et fioul. Une flambée qui a poussé le gouvernement à mettre en place des mesures pour la contenir, parmi lesquelles le chèque énergie. L'énergie fossile, moteur de notre civilisation, commence donc déjà à manquer. Comment faire pour réduire notre dépendance et apprendre à s'en passer ? Il s'agit du grand défi de notre temps. Les équipes du Shift Project proposent leur plan.
Baisser les émissions françaises de 5 % par an
Si nous nous retroussons collectivement les manches pour amorcer dès à présent une transformation patiente et méthodique de notre économie, il est encore possible de limiter la casse. Tel est le credo du think tank The Shift Project. L’objet du plan est de fournir à la fois le cap, les étapes et les outils pour réduire de 5 % par an les émissions planétaires. Pourquoi 5 % ? Ce chiffre correspond au ralentissement des émissions sur l’année 2020. L’objectif a déjà été atteint, il est donc réalisable ; et il correspond au rythme de ralentissement nécessaire pour tenir les engagements climatiques de l’accord de Paris.
Énergie, industrie, agriculture et alimentation, fret, mobilité quotidienne et longue distance, logement, emploi, santé, culture… tous les secteurs sont passés au peigne fin. Les projections sont chiffrées, précises et évacuent d’entrée toute mystification liée à la possibilité d’une « croissance verte ». Le think tank plaide pour une écologie positive, « ni croissantiste, ni décroissantiste. » L’enjeu est de compter, répertorier et chiffrer afin de fournir des éléments concrets aux décideurs et décideuses publics.
L’emploi, moteur de la transformation bas carbone
L’objectif de cet exercice de planification écologique est aussi de mettre l’accent sur l’emploi. Année présidentielle oblige, les propositions sont pragmatiques et chiffrées. Décarboner l’économie française est un moteur pour l’emploi, soutient le think tank. Parmi les gisements les plus significatifs : l’agriculture. Près de 500 000 emplois pourraient être créés grâce à la relocalisation de la production et la généralisation des pratiques agroécologiques. Le logement (avec la rénovation thermique) et les mobilités (avec le développement de l’industrie du vélo) représentent également de forts gisements d’emplois. Au global, les rédacteurs et rédactrices du plan considèrent que les créations d’emplois seront supérieures aux destructions nécessaires pour réorienter une large partie de la structure de notre économie.
Ni bullshit, ni sermons, uniquement des solutions dans ce plan de transformation de l’économie française. Le document est disponible dans son intégralité sur le site du think tank The Shift Project et également en librairies.
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