Elon Musk sur un trône

« Revenez au bureau ou démissionnez » : chez Tesla, Elon Musk serre la vis sur le télétravail

Dans une série de mails au ton menaçant envoyés aux équipes de Tesla, Elon Musk est catégorique : il ne veut plus de télétravail ! Une position à rebours des mutations en cours.

Les cols blancs de Tesla sont confrontés à un choix difficile : retourner au bureau comme leurs collègues sur la chaîne de montage ou commencer à faire leurs cartons. En effet, dans deux mails destinés au « ExecStaff » (personnel de direction), le milliardaire clivant s'est clairement prononcé contre le télétravail. L'objet du premier mail est sans équivoque : « Le travail à distance n'est plus acceptable » (Remote work is no longer acceptable). Comme on peut le lire dans la note partagée par Sam Nissim, actionnaire de Tesla, il y indique que « quiconque souhaite travailler à distance doit être au bureau pendant un minimum (et je veux dire *minimum*) de 40 heures par semaine ou quitter Tesla ». Il précise aussi que les 40 heures hebdomadaires sont « moins que ce que nous demandons aux ouvriers dans les usines ». Selon Musk, le Home Work ne doit être envisagé que dans les cas extrêmes.

Interrogé sur l'authenticité du document, le milliardaire a confirmé sa véracité et a clairement indiqué qu'il avait une « tolérance zéro » pour ceux qui exigeaient le droit de conserver ce mode de travail mis en place lors de la pandémie. Pour Musk, les employés en télétravail « font semblant de travailler » et il leur conseille de le faire ailleurs que dans son entreprise.

Selon Elon Musk, le télétravail serait un facteur d'inégalités sociales

Si de nombreux partisans du travail à domicile affirment qu'il permet d'améliorer la qualité de vie et la productivité des employés, il semble qu'Elon Musk ne soit pas du même avis. Son argument ? Le télétravail favoriserait les inégalités sociales. Selon lui, le télétravail créerait une main-d'œuvre à deux niveaux dans laquelle les yuppies (Young Urban Professionals), terme (péjoratif) employé aux États-Unis pour qualifier les jeunes cadres dynamiques et ambitieux, bénéficieraient de tous les avantages que la flexibilité a à offrir tandis que les employés cols bleus en seraient privés. Sur le papier cet argument peut être considéré comme recevable, voire légitime venant de celui qui avait déclaré faire du camping sur le toit de l’une de ses usines, pour éviter de perdre 30 minutes de trajet pour se rendre à l’hôtel le plus proche. Mais il révèle à n'en pas douter une vision anti-télétravail en totale contradiction avec la modernité affichée de Tesla, ainsi qu'avec les mutations en cours.

Revenez au bureau ou quittez Tesla

Dans un second mail, intitulé « Pour être super clair », le patron de Tesla ne laisse aucun doute sur ses intentions : « Tout le monde chez Tesla doit passer au moins 40 heures au bureau par semaine. De plus, le bureau doit être l'endroit où se trouvent vos collègues réels, et non un pseudo-bureau distant. Si vous ne vous présentez pas, nous supposerons que vous avez démissionné. » En d'autres termes, « revenez ou démissionnez ». Plus loin, il justifie sa position en mettant en avant ce qui selon lui serait la clé de sa réussite : « Plus vous êtes senior, plus votre présence doit être visible. C'est pourquoi j'ai tant vécu à l'usine – pour que ceux qui étaient présents puissent me voir travailler à leurs côtés. Si je n'avais pas fait cela, Tesla aurait fait faillite depuis longtemps. »

L'e-mail ne mentionne pas de date d'entrée en vigueur de cette nouvelle politique, mais elle suscite déjà le débat. Sur le site The Fortune, certains observateurs estiment que Musk joue un jeu dangereux et pourrait perdre de nombreux salariés qui préféreraient démissionner plutôt que de se plier à ses ordres. D'autres considèrent que le risque est minime. Un rapport d'impact publié en 2021 mentionnait que Tesla avait plus de 3 millions de potentiels candidats à l'emploi dans le monde.

Le télétravail, un sujet qui divise les entreprises

À l’instar d'Apple ou de Microsoft, de nombreuses entreprises s’efforcent de rapatrier leurs salariés sur site, comme le révélait un article paru dans le New York Times. Après deux ans de visioconférences et de chats Slack, les grandes entreprises technologiques déploient le fun wagon. Elles rivalisent de créativité (concerts, food trucks...) pour convaincre leurs salariés de revenir au modèle des trajets quotidiens du matin et des open spaces bruyants.

À l’inverse, d'autres entreprises considèrent désormais la flexibilité comme un outil de recrutement. Une mutation nécessaire pour répondre aux nouvelles aspirations des salariés en quête d’émancipation, de flexibilité, d'équilibre et de sens. C'est le cas de Salesforce et Airbnb qui ont instauré le Work From Anywhere, ou encore de HSBC pour qui « l'avenir sera diversifié et hybride ». C'est en tout cas le souhait de Jennifer Strybel, directrice de l'exploitation de HSBC.

Peggy Baron

Chaque jour je m'installe à la terrasse de l'actu et je regarde le monde en effervescence. J'écris aussi bien sur les cafards cyborg que sur le monde du travail, sans oublier l'environnement et les tendances conso.

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