
Refuser un emploi par manque d’argent, un phénomène en hausse au Royaume-Uni.
Une enquête du Prince's Trust (organisation caritative fondée par le roi Charles II) révèle que l'inflation au Royaume-Uni a de « graves conséquences » sur les aspirations de toute une génération. Selon l'indice de jeunesse 2024 (NatWest Youth Index 2024 ) réalisé chaque année au Royaume-Uni, un jeune sur dix a dû refuser un emploi en 2023 en raison des coûts. Être NEET (un NEET étant un jeune âgé de 16 à 25 ans qui n'est ni en études, ni en emploi, ni en formation) pour raison économique plutôt que par choix, c’est le quotidien de nombreux jeunes britanniques.
Travailler n'est pas trop dur, mais trop cher
C'est la première fois depuis sa création que l'indice de jeunesse, qui surveille le bien-être des jeunes au Royaume-Uni, examine comment les jeunes font face à la hausse des prix. Le constat est alarmant : l'inflation aurait un impact « paralysant » sur l’éducation et l’emploi, ainsi que sur la vie quotidienne des juniors. Ainsi, près d'un cinquième des jeunes ayant participé à l'enquête* a déclaré envisager de terminer ses études plus tôt afin de pouvoir commencer à gagner de l'argent. Des problèmes financiers qui impactent directement leur quotidien puisqu'environ 5 % ont admis avoir manqué l'école ou le travail par manque d'argent pour se déplacer et 40 % reconnaissent que la galère financière les empêche de se concentrer à l’école. Une situation inquiétante selon Jonathan Townsend, directeur général britannique du Prince's Trust : « L'indice de la jeunesse de cette année met en évidence les conséquences désastreuses de la crise du coût de la vie sur l'éducation, l'emploi et le bien-être des jeunes, menaçant les aspirations de toute une génération. »
Trop pauvres pour travailler
Vêtements, transport, équipement de travail… Autant de coûts associés au travail et qui contraignent de nombreux jeunes au chômage à refuser un emploi. C'est le cas de Tara Cousins qui a passé près d'un an au chômage après avoir obtenu son diplôme universitaire. « Il devient très difficile d’avoir une vision claire de mon parcours professionnel à cause de toutes ces pressions financières. Il est difficile de planifier sa vie autour d'idéaux tels qu'un " travail de rêve " ou une " satisfaction professionnelle " lorsque le coût de la vie est si élevé ». Une angoisse partagée par 53 % des jeunes qui craignent que le coût de la vie ne les empêche de prétendre à la sécurité financière. Une réalité qui pourrait avoir de graves conséquences pour l'avenir du Royaume-Uni. « L’une des conséquences les plus flagrantes de la crise du coût de la vie est que les coûts associés à un emploi – ou même à la poursuite des études – obligent les jeunes à devenir ou à rester NEET » , souligne selon Barry Fletcher, directeur général de la Youth Futures Foundation.
L'inflation accentue le déterminisme social
Sans surprise, l'enquête révèle que les jeunes ne seraient pas tous égaux face à cette pression financière. Étudier ou manger ? C'est le triste choix que doit faire un jeune sur cinq issu d'un milieu défavorisé qui admet sauter des repas pour faire des économies. Un déterminisme social qui se reflète dans la réussite des élèves. Selon Barry Fletcher : « L'écart de réussite entre les élèves défavorisés et leurs pairs s'est creusé de 3,6 % pour les étudiants du GCSE (examen britannique de fin d'études secondaires que passent tous les élèves au Royaume-Uni) et de 6,7 % pour les élèves de 16 à 19 ans depuis avant la pandémie, pour atteindre la plus grande disparité depuis 2012. » Au-delà de la réussite scolaire, la crise économique impacte directement le bien-être psychologique des jeunes : 40 % indiquent avoir connu un problème de santé mentale et 1 sur 5 déclare que sa santé mentale s'est détériorée au cours de la dernière année. Dans l’ensemble, la moitié des jeunes ont déclaré que leurs soucis financiers avaient eu un impact plus grave sur leur vie que la pandémie. Face à cette réalité alarmante, Fletcher appelle les autorités à soutenir les jeunes : « Les effets cicatriciels causés par le fait d'être NEET signifient qu'ils sont plus susceptibles d'être au chômage à l'avenir, tout en subissant également un impact à long terme sur leur santé mentale et physique. »
Source : Le rapport « The Prince's Trust Natwest Youth Index 2024 » est basé sur une enquête YouGov menée auprès de 2 239 jeunes âgés de 16 à 25 ans.
Participer à la conversation