
Vous avez du mal à vous concentrer ? Cette plateforme vous met en relation avec des inconnus qui vous regardent travailler… culpabilisant, un peu creepy, mais radical.
Seriez-vous plus efficace si quelqu’un vous observait en permanence, lorsque vous travaillez ? C’est le pari de Focusmate, une plateforme qui met en relation les individus en mal de concentration par webcam interposée.
Un genre de Chatroulette… mais corporate.
Connecter une communauté de gens engagés, qui ont parfois du mal à se concentrer
À l’origine du projet, l’entrepreneur Taylor Jacobson. À l’occasion d’une discussion avec l’un de ses amis, procrastineur auto-proclamé et travaillant depuis chez lui, il tente une expérience. Les deux compères se connectent sur Skype, en même temps, pour une durée de 2h… et travaillent sans se parler, en laissant la vidéo tourner. Ils ne se parlent pas, mais prennent le soin d’établir des objectifs en amont, et de se tenir informé de leur progression – histoire d’avoir une certaine responsabilité vis-à-vis du travail rendu.
Miracle : les deux jurent n’avoir jamais été aussi productifs de leur vie.
C’est le début de l’histoire Focusmate : Taylor Jacobson embauche un designer et un développeur.
Un collègue virtuel sur demande
Le principe réplique exactement l’expérience de Taylor et de son ami. On se connecte sur la plateforme, on donne ses créneaux de travail (par tranche de 50 minutes), et on est mis en relation avec un « collègue virtuel » dont les créneaux correspondent. Ensuite ? La vidéo s’enclenche, on se présente, on explique rapidement son objectif… et en voiture Simone.
Le dispositif est surtout efficace pour les travailleurs et travailleuses adeptes du télétravail, mais rien ne vous empêche de vous connecter à la plateforme en plein open space.
Culpabilité et solidarité
Le New Yorker identifie deux forces à l’œuvre pour expliquer le fonctionnement de Focusmate. D’une part, on aime être « plusieurs dans le même bateau ». Il se crée de ce rapprochement forcé, même avec une personne inconnue, une sorte de solidarité qui rend le travail plus agréable.
L’autre… c’est la culpabilité générée par l’observation. « La honte devient le moteur premier de la productivité », affirme le média, ainsi que le sentiment de redevabilité.
Et le voyeurisme, dans tout ça ?
Tout le monde connaît les dérives des plateformes qui permettent un échange visuel. On ne compte plus le nombre de nudes non désirés qui finissent dans la nature (ou dans nos smartphones), et on se demande bien si Focusmate va pouvoir échapper à la règle. Le service, qui se considère à mi-chemin entre réseau social et espace de co-working, prend néanmoins le soin de préciser à sa communauté qu’il ne s’agit en aucun cas d’un site de rencontres. « Toute avance sexuelle ou romantique sera suivie d’un bannissement immédiat et permanent », peut-on lire sur le site. Au moins, c’est clair. Et si c’est vraiment le cas, peut-être que d’autres pourraient s’en inspirer… En tout cas, pour l’instant, aucun incident ne semble à déplorer !
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