Quatrième semaine de confinement et toujours scotchés à nos écrans... L'occasion de questionner les technologies qui animent nos vies avec ces trois textes repérés dans la presse et sur le web.
Pour affronter ses paradoxes
Le texte : Pourquoi mes livres sont en vente sur Amazon, François Ruffin sur sa page Facebook.
L’idée principale : Peut-on ouvertement critiquer Amazon et tout de même y vendre ses ouvrages ? C’est le dilemme auquel doit répondre François Ruffin. Pour son entourage, « ça fait désordre », il faudrait « un peu de cohérence » … Dans un long post Facebook, il s’exprime sur le sujet. Oui, ses livres sont en vente sur Amazon, mais c’est surtout pour toucher un maximum de gens. On adore peut-être critiquer la plateforme en public, il n’empêche qu’elle reste un endroit privilégié pour faire ses courses pour bon nombre d’entre nous. Et donc pour diffuser des idées. François Ruffin l’admet : il n’est pas parfait. Mais ce n’est pas là le problème. Le problème, c’est que, selon lui, ce ne sont pas les gestes individuels qui font la différence. Ce qui permettra au système de changer, ce n’est pas quelques appels au boycott des GAFA par-ci, par-là. Ce sont les lois, les taxes, les quotas. C’est l’État.
La citation forte : « Je ne crois pas aux gestes individuels. On peut les faire, parfois on le doit : pour soi, pour sa conscience. Mais pas dans l’espoir de transformer la société. Je crois, moi, à des règles communes, qu’on se fixe et qu’on respecte. »
Pour comprendre ce que d'autres font derrière leurs écrans
Le texte : The enduring and ongoing legacy of Bjergsen de Noah Smith, The Washington Post (en anglais)
L’idée principale : À quoi ressemble la (très courte) carrière d’un pro de l’e-sport ? Éléments de réponse dans cet article du Washington Post qui retrace l’itinéraire de Søren « Bjergsen » Bjer. Ce joueur star de League of Legends vient de prendre sa retraite… à 24 ans. Le jeune Danois ne quitte toutefois pas la scène du gaming, il sera désormais l’entraîneur en chef de l’équipe TSM. Le quotidien américain raconte comment le jeune homme a commencé sa carrière à 15 ans, alors que l’e-sport n’en était qu’à ses balbutiements et gravi les échelons pour devenir l’un des joueurs clés d’une équipe américaine. Un parcours entre persévérance et doutes personnels, et une manière de jouer qui continuera d’influencer le monde de League of Legends, selon le WP.
La citation forte : « La quantité d'attention que vous obtenez, à la fois positive et négative, sur différents forums et médias sociaux, peut vraiment déformer un jeune esprit », déclare-t-il, affirmant que parfois il pensait être le mec le plus cool, le meilleur joueur, tandis que d'autres fois, il se sentait “nul”, prêt à arrêter. « Je pense qu’aucun jeune ne peut gérer cela ».
Pour arrêter de fantasmer (et de trop s'inquiéter)
Le texte : Meet GPT-3. It Has Learned to Code (and Blog and Argue), Cade Metz, The New York Times (en anglais)
L’idée principale : GPT-3, ces initiales (à ne pas prononcer à la française) agitent le monde des spécialistes de l’intelligence artificielle. C’est le nom d’un algorithme qui génère automatiquement du texte (fiction, lettres, tweets, langage informatique…) à partir de quelques consignes. Le New York Times raconte plusieurs des expérimentations de testeurs ayant eu accès en avant-première à ce système de la société OpenAI. Un psy a pu créer un double de lui-même, un informaticien lui a demandé de coder une application (et l’algorithme s’est plutôt pas mal débrouillé)… Là où un article d’il y a trois ans sur l’intelligence artificielle se serait extasié et inquiété des prouesses d’un tel algorithme, en prédisant la fin des journalistes, des psys et des codeurs, le New York Times met au contraire en garde contre la fascination que peut susciter GPT-3. Car cet algorithme, si intéressant soit-il, échoue autant qu’il réussit, et nécessite beaucoup d’aide de l’humain pour parvenir à ses fins. Un intéressant changement de ton médiatique sur l’intelligence artificielle.
La citation forte : Lorsque les chiens et autres animaux présentent certains comportements humains, nous avons tendance à supposer qu'ils nous ressemblent plus que ce n’est vraiment le cas. Il en va de même pour les machines, explique Colin Allen, professeur à l'Université de Pittsburgh spécialiste des compétences cognitives chez les animaux et les machines. « Les gens se font avoir, dit-il, même s'ils savent qu'ils sont en train de se faire avoir. »
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