Google vient de s’offrir North, un spécialiste de la lunette connectée. Comme tous les géants de la tech, la firme s’acharne à élaborer des smart glasses, et ce malgré les nombreux échecs déjà essuyés par ce type d’appareil.
Porterons-nous des lunettes connectées dans un futur proche ? C’est bien probable. En tout cas, les GAFAM y croient dur comme fer. Google en apporte une nouvelle preuve en s’offrant la start-up canadienne North, spécialiste des lunettes connectées, pour 180 millions de dollars selon le Globe and Mail. Apple et Microsoft planchent aussi sur le sujet depuis plusieurs années. Facebook a déjà investi le marché de la réalité virtuelle en rachetant Oculus en 2014, et ne cache pas son ambition de développer des lunettes de réalité augmentée qui permettront de mêler le réel au virtuel.
Avec Facebook, Google, Microsoft et Apple sur le coup, soyons réalistes : nous n'échapperons pas aux smart glasses dans la prochaine décennie. Et ce même si les premières générations de ces appareils ont été des échecs notoires.
Les Google Glass au musée des échecs commerciaux
Celui des Google Glass lancées en 2014 reste le plus emblématique, à tel point qu’il est devenu un cas d’école enseigné dans les écoles de commerce et que les lunettes ont désormais leur place dans un musée dédié à l’échec commercial en Suède. Les causes de ce raté : un design pas des plus esthétiques, des inquiétudes concernant la sécurité du produit et la protection de la vie privée et, surtout, le manque de fonctionnalités réellement utiles.
Google n’est pas le seul acteur de la tech à s’être cassé les dents sur ce marché. En 2018, Intel a abandonné Vaunt, son projet de lunettes intelligentes, avant même de commencer à les commercialiser. North, l’entreprise que vient d’acquérir Google, n’aurait vendu que 1 000 paires de Focals (des lunettes permettant notamment d'afficher SMS et indications GPS) selon le Globe and Mail avant d’arrêter leur production en décembre 2019. Google a d’ailleurs annoncé dans un billet de blog que les Focals 2.0, en préparation par la firme canadienne, ne seront jamais commercialisées.
Snapchat s'acharne à nous refourguer ses Spectacles
Snap Inc s’est aussi lancé dans la lunette. Et en a fait les frais. En 2017, le réseau social lance les Spectacles, des lunettes aux allures de joujoux équipées d’une caméra connectée à Snapchat. Malgré des efforts marketing considérables (à base de robots distributeurs de lunettes et de photos de Karl Lagerfeld), la hype autour des Spectacles retombe très vite. Des centaines de milliers de paires invendues seraient restées dans les entrepôts de Snapchat selon The Information. Pas de quoi arranger les finances déjà fragiles du réseau social. En cause : l'incapacité de Snapchat à prouver que ses lunettes servaient à faire des contenus intéressants, des bugs techniques, un design trop gadget.
Cela n'a pas empêché l'entreprise de lancer une seconde version des Spectacles en 2018, puis une troisième à l’été 2019, bien plus chère que les précédentes. Avec cette ultime monture, il est possible d’ajouter des effets en réalité augmentée. Mais malgré cette nouvelle fonctionnalité, les Spectacles 3 peinent encore une fois à convaincre. Pour TechCrunch, elles sont surtout un moyen pour Snapchat de rester dans la course aux lunettes de réalité augmentée, en collectant des données sur la façon dont elles sont utilisées et ainsi lancer une prochaine version, plus adaptée aux usages que souhaitent en avoir les utilisateurs.
Encore plusieurs années de développement
Car c’est bien là tout le problème : personne ne sait pour le moment quelles fonctionnalités pourraient rendre les lunettes connectées indispensables (ou au moins un peu utiles) au grand public. Notons que dans le monde professionnel, et notamment dans les usines, elles se révèlent bien plus adaptées.
Même Rick Osterloh, le patron de la division hardware de Google, le reconnaît. « Cela prendra du temps pour que ces technologies atteignent leur maturité… Certainement quelques années. Nous allons devoir investir jusqu’à ce que la technologie corresponde à ce que les gens en attendent », déclarait-il au journal The Telegraph en 2018.
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