Les intelligences artificielles se perfectionnent et sauront bientôt analyser notre psyché en détectant nos émotions. Des avancées considérables pour le ciblage sont à présager. Doit-on rêver du meilleur ou craindre le pire ?
La naissance de l’IA empathique
États d’âmes, affects et dopamine
Extension du domaine du ciblage
Évidemment, les applications vertueuses ne manquent pas. Côté éducation, IBM planche sur un programme qui permet de personnaliser les enseignements en fonction de l’état émotionnel des élèves. Côté business, la société Affectiva travaille à un algorithme de reconnaissance des émotions, à partir de l’analyse de données biométriques du visage (inflexions faciales, regard, sourire). Elle vise le marché de l’automobile et souhaite implanter le logiciel dans les véhicules autonomes pour permettre de prévenir les accidents : l’algorithme pourrait notamment repérer les signes précoces de fatigue au volant. Il est possible d’envisager, qu’à terme, il soit en mesure de détecter directement les émotions du conducteur pour adapter la conduite du véhicule. Côté marques, les spécialistes du marketing se réjouissent déjà de pouvoir enfin réellement comprendre les drivers de leurs cibles.
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— Affectiva (@Affectiva) June 21, 2018
En effet, avec l’IA émotionnelle ce ne sont plus les catégories traditionnelles comme l’âge, le sexe, la catégorie socioprofessionnelle ou la localisation qui déterminent le ciblage : ce sont les profils psychologiques inférés à partir de l’analyse des orientations politiques, des goûts artistiques…. L’IA est ensuite en mesure de proposer des contenus ajustés à l’humeur du moment, à l’instant T. Un pas de géant pour toute une industrie.
Pourtant, de la bonne intention à la manipulation, il n’y a qu’un pas. En Mars 2018, le scandale éclate : l'entreprise Cambridge Analytica contribue à déstabiliser les élections électorales dans plusieurs pays, dont le Kenya et les États-Unis. Son arme ? Le profilage puis le micro-ciblage des électeurs en fonction de leur personnalité pressentie et de leur système de valeurs. Grâce à l’analyse des métadonnées issues des profils Facebook, l’entreprise a pu envoyer des messages personnalisés à des centaines de milliers d’électeurs et les influencer dans leurs choix politiques.
Cambridge Analytica: how did it turn clicks into votes? https://t.co/eGGM930rG3
— The Guardian (@guardian) May 6, 2018
À ce jour, l’IA émotionnelle n’a pas encore donné la pleine mesure de ses potentialités. Demain, serions-nous prêts à tomber amoureux d’une entité virtuelle, quitte à devenir dépendant ? À être analysés jusque dans nos moindres battements de cils ? À ce que l’on pénètre notre for intérieur pour en tirer des conclusions marketing ? Pas si sûr, pourtant Google, Amazon, Facebook, Apple et Microsoft y travaillent d’arrache-pied.
Ce papier est paru dans le hors-série “Benevolence” réalisé par L’ADN Studio en partenariat avec l’agence Change.
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