Une licorne et un cafard

Blablacar, Uber, Deliveroo... oubliez les start-up licornes : faites place aux cafards

Dans le monde de la tech, les start-up qui se trouvent valorisées à plus d’un milliard de dollars, sont considérées comme des licornes. Malgré la chasse de cette espèce rare, un pan de plus de plus en plus important de la Silicon Valley craint l’éclatement d’une bulle financière. Et si la solution se trouvait chez les cafards ?  

Guerre froide

Depuis maintenant quelques années, la Silicon Valley semble s’être lancée dans une guerre froide technologique avec la Chine. En plus des affaires d’espionnage qui font souvent la une des journaux, les deux camps s’adonnent à une course à la licorne. On ne parle pas là du sympathique cheval à corne qui galope sur des arcs-en-ciel. Dans le milieu des affaires, il s’agit plutôt d’une entreprise valorisée à plus d’un milliard de dollars et dont le modèle économique vise une croissance très rapide, financée par de multiples fonds extérieurs. Pour le moment, la Chine semble largement en tête de cette course, grâce notamment à un financement public très généreux. Récemment, l'entreprise chinoise Bytedance qui possède TikTok a pulvérisé le record de valorisation d'Uber, en atteignant 75 milliards de dollars. Sur la page Wikipédia listant les licornes, on compte pour le moment 131 entreprises chinoises ayant atteint ce statut, contre moins de 80 pour les Etats-Unis. 

Licorne en berne et peur de la bulle

Mêmes en termes de « découverte de licorne », les États-Unis accusent le coup. Alors que l’on comptait 43 nouvelles boîtes de ce type en 2015, on n'en compte plus que 33 en 2017. De plus, la rentabilité de ces boites est loin d'être assurée. Dans une tribune diffusée sur CNBC, Keith Wright, Instructor of accounting and information services à la Villanova School of Business estime que la plupart de ces sociétés ne sont pas si rentables que ça.  « Plusieurs modèles financiers prévoient que 80 % des compagnies licornes vont échouer dans les deux ans, explique-t-il. Uber, qui est l’entreprise technologique qui détient le plus de valeur, a rapidement augmenté ses revenus, mais reste hautement déficitaire. Même avec 6,5 milliards de revenus en 2016, elle a perdu 2,8 milliards de dollars cette année. »  Face à ce ralentissement, les spécialistes estiment que la Silicon Valley a atteint un pic et craignent de plus en plus l’éclatement d’une bulle spéculative. Si c’est le cas, le monde de la tech pourrait alors connaître une crise encore plus grosse que celle qu’elle a pu traverser au début des années 2000.

A la recherche des cafards

Pour contrer cette bulle, les fonds d’investissements se dirigeraient vers un autre type de compagnies appelé les cafards. À l’opposé des licornes, ces sociétés moins attirantes, auraient une croissance plus lente, mais seraient aussi plus résistantes sur le long terme. Le concept du cafard a été mis en avant par Katarina Fake, fondatrice de Flickr et Hunch devenue femme d’affaires. Dans un post Medium datant de septembre 2015, elle prédisait déjà une tempête à venir.  « Une peste va arriver pour tuer toutes les licornes d’après la plupart des pronostiqueurs de la tech, écrivait-elle. Qui va survivre ?  Comme d’habitude, les peu glamours, mais résistants cafards qui ont déjà survécu aux astéroïdes tueurs et à l’extinction des dinosaures. »

Mais au final, comment reconnaît-on ces fameux cafards ?  Pour Harry Chen fondateur d’Atlcademy, il s’agit avant tout des start-up qui sont profitables.  « Les start-up licornes n’ont pas besoin de faire de l’argent ou de faire la démonstration d’un business plan sain explique-t-il. Elles ont juste besoin de croissance et d’investissement extérieurs. Les cafards projettent dès le début d’être rentables et se concentrent sur le fait de faire de l’argent. » A ce petit jeu, Tesla, qui pendant près 2 ans présentait un bilan en perte, pourrait bien avoir rejoint le club des cafards après un bénéfice net de 311,5 millions de dollars au dernier trimestre. Comme quoi, on n'est pas obligé d’être une licorne pour faire des miracles…

David-Julien Rahmil

David-Julien Rahmil

Squatteur de la rubrique Médias Mutants et Monde Créatif, j'explore les tréfonds du web et vous explique comment Internet nous rend toujours plus zinzin. Promis, demain, j'arrête Twitter.
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