Comme si voir sa tête sur Zoom à longueur de journée n’était pas suffisamment pénible, des sociétés se sont mis en tête d’évaluer nos visages à coups d’algorithmes.
Des sillons nasaux et des fossettes trop creusés, des poches sous les yeux, des lèvres trop fines… Voilà les principaux défauts de mon visage. Et cela ne risque pas de s’arranger avec l’âge, m’indique Qoves Studio. Ce site australien « conseiller en esthétique » met à disposition un « évaluateur de visage ». En quelques secondes, une intelligence artificielle analyse votre photo et liste les différents traits jugés non esthétiques. Une fois le diagnostic posé, Qoves propose quelques conseils à suivre. Sympa. Dans mon cas : bien hydrater, mais aussi passer par la case botox. Pour plus de détails, il faut payer un rapport plus complet entre 75 et 250 dollars selon la formule choisie.
Ce site fait partie du marché florissant des algorithmes évaluateurs de visages, indique une enquête du MIT Technology Review. Le média américain révèle également l’existence de Face++. Ce service de l’entreprise chinoise Megvii vous donne un score de beauté. Face++ n’y va pas par quatre chemins. Il vous indique deux pourcentages. « Vous êtes plus séduisante que 75 % des femmes selon l’avis des femmes, et plus séduisante que 70% des femmes selon les hommes. » Débrouillez-vous avec ça, Megvii ne dévoile pas la formule qui lui permet d’avancer un tel résultat.
Les algorithmes de notation sévissent aussi sur les réseaux
Ces algorithmes juges de beauté ne sont pas seulement l’apanage de « conseillers en esthétique ». Ils sont très répandus sur le web, pointe le MIT Technology Review. Ils existent dans les applications de rencontres, la vente de cosmétiques en ligne… et les réseaux sociaux. Selon le dirigeant Qoves cité par le média, la plupart des grandes plateformes évaluent le score d’attractivité des utilisateurs et les mettent plus ou moins en avant en fonction de leur résultat. Interrogés par le MIT Technology Review, TikTok et Snapchat n’ont pas souhaité commenter. Facebook et Instagram ont nié l'existence de telles fonctionnalités. L’an dernier, The Intercept avait effectivement révélé que TikTok filtrait les vidéos où apparaissaient des personnes identifiées comme handicapées, « grassouillettes » ou « trop maigres ».
Racisme, sexisme, âgisme
Ces technologies, qui s’appuient sur des photos choisies et évaluées par des humains, sont truffées de biais sexistes, racistes et âgistes. En 2016, le premier concours de beauté évalué par un algorithme n’a couronné quasiment que des personnes blanches, rappelle The Guardian.
Selon Lauren Rhue, une experte en reconnaissance faciale interrogée par le MIT Technologie Review, ces algorithmes n’ont rien d’anodin. Ils changent et rétrécissent notre perception de ce qui est beau en la conformant à des stéréotypes.
Hhh