
44 % des répondants au baromètre numérique annuel de l’Arcep considèrent qu’internet et les ordinateurs sont une menace pour l’environnement. Un changement de perception important par rapport à 2008.
Il y a dix ans, le numérique était considéré comme une chance à tout point de vue : l’emploi, l’éducation et même la transition énergétique. Cette vision est en train de s’effriter sur certains aspects, révèle le rapport de l’Arcep (Autorité de régulation des communications électroniques, des postes et de la distribution de la presse), du Conseil général de l'économie (CGE) et de l'Agence du numérique sur les pratiques numériques des Français, publié mercredi 27 novembre 2019.
En particulier sur la dimension écologique. Depuis plusieurs années, différents experts nous alertent sur le bilan environnemental problématique du numérique. Cette idée semble commencer à faire son chemin dans les esprits des Français. 44 % des 2 259 répondants à ce baromètre annuel pensent que le numérique constitue une menace pour l’environnement. Et seuls 38 % estiment qu’au contraire internet et les ordinateurs représentent une chance pour la transition écologique. La tendance s’est inversée par rapport il y a dix ans. En 2008, ils étaient 53 % à considérer le numérique comme une chance pour la planète et 35 % à le voir comme une menace. Ce désenchantement est particulièrement visible chez les plus jeunes. Une génération sensible à la crise écologique. Seuls 33 % des 12-17 estiment que le numérique a un rôle positif pour la planète, contre 43 % en 2008.
Les Français prêts à faire des efforts
Face à ces inquiétudes, 80% Français se disent prêts à changer moins souvent de smartphones, tablettes et ordinateurs, et à acheter d’occasion. Une tendance qui semble se confirmer dans les faits si l’on en croit la bonne santé du marché des appareils reconditionnés.
69 % se disent même prêts à réduire l’impact de leurs usages. Un chiffre étonnement haut. Dans la pratique, cette tendance n’est pas encore visible. 78 % de la population utilise internet quotidiennement, contre 80 % il y a un an. Une baisse qui n’est pas significative selon les auteurs du rapport, qui parlent plus d’une « stagnation ».
L’usage de la vidéo en ligne, pourtant accusé de représenter une importante partie de l’impact environnemental du numérique, progresse lui à grande vitesse. 36% des utilisateurs de smartphone disent utiliser une application de vidéo à la demande, une progression de 11 points par rapport à 2018.
Pas de politique publique claire sur le sujet
Que compte faire le gouvernement pour répondre à ces craintes et réduire l’empreinte environnementale du numérique ? Pas grand-chose pour le moment. Cédric O, secrétaire d’État au Numérique, présent lors de la remise du rapport, estime que le sujet est complexe et difficilement mesurable. « L’impact global du numérique sur l’environnement est assez incertain. La transition d’un modèle énergétique centralisé vers un modèle en réseau, qui est clé pour aller vers une sobriété énergétique, n’est pas possible sans l’outil numérique. De la même manière l’impact du e-commerce n’est pas évident. Il n’est pas certain qu’une camionnette qui fait des trajets optimisés à certaines heures n’ait pas un impact moindre que toutes les familles qui vont faire leurs courses dans le centre commercial du coin. Il est donc difficile de définir des priorités de politique publique sur ce sujet, il faut continuer d’étudier. »
Concernant la consommation énergétique des data centers, Cédric O dit ne pas avoir la main sur ceux qui stockent les données liées à la vidéo en ligne. « La plupart ne sont pas en France. Pour les data centers du pays, il faut par contre continuer les initiatives permettant de réduire leur impact, comme celle mise en place dans le 13ème arrondissement parisien (où la chaleur d’un data center permet de chauffer une piscine). »
Seule réelle piste de solution avancée par le secrétaire d’État : la sensibilisation, notamment concernant l’impact de la vidéo en ligne car « de nombreux citoyens n’en ont pas encore conscience », estime-t-il. Selon le baromètre, 45 % disent ne pas avoir été assez informés des enjeux environnementaux liés au numérique.
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