Un homme d'affaire porte une montre intelligente

Covid-Tech : des bracelets et patchs connectés surveillent la santé des salariés

© Tyler Hendy via Unsplash

Patchs pour mesurer la température, capteurs pour détecter une trop grande proximité... Les nouvelles Covid-Tech à la mode chez les employeurs et universités américaines sont des wearables, parfois perçus comme invasifs.

BioButton est un patch gris en silicone légèrement bombé, comme une sorte de bouton de la taille d’une pièce de monnaie, qui se fixe sur la poitrine. Cet appareil connecté enregistre la température corporelle (plus de 1400 fois par jour), et le rythme cardiaque et respiratoire au repos. De quoi détecter l’apparition de premiers symptômes potentiellement liés au Covid-19, vante sur son site BioIntellisense, la start-up à l’origine de cette technologie. Dans certaines universités et entreprises, ce patch connecté comme d’autres technologies de suivi de santé et de contrôle de la distanciation physique sont désormais recommandés, voire obligatoires, explique The New York Times.

Porter un patch pour aller étudier ou travailler

L’Université d’Oakland a ainsi obligé ses étudiants, professeurs et administrateurs à porter le fameux BioButton. Chaque jour les utilisateurs recevaient une alerte – « cleared » (pas de symptômes détectés) ou « not cleared » (symptômes détectés) – selon les données enregistrées par l’appareil la veille puis analysées par un algorithme, raconte OneZero. Le BioButton est également équipé d’une connexion Bluetooth afin de faciliter le traçage de cas contacts, en identifiant les personnes ayant côtoyé une personne positive au Covid plus de 15 minutes. L’établissement a finalement rendu optionnelle l’utilisation de la technologie après que 2 500 élèves et membres du personnel aient signé une pétition à son encontre. Entre l'utilisation de logiciel anti-triche, l'installation de caméras thermiques, et le déploiement d'applis ou bracelets connectés, les campus américains se transforment en machines de surveillance, estime le média américain. 

Ce type de technologie séduit aussi le monde de l’entreprise. Le laboratoire pharmaceutique GlaxoSmithKline demande aux salariés de son usine malaisienne de porter un capteur développé par Microshare, rapporte The New York Times. Il permet de savoir s’ils ont été à proximité les uns des autres, ou s’ils ont stationné longtemps au même endroit afin de nettoyer cet endroit plus méticuleusement. L’industriel prévoit de déployer ce capteur dans d’autres de ses usines en Europe, en Asie et en Afrique.

Fitbit et d’autres ont flairé le bon filon

Les entreprises qui développent des wearables ont senti le bon filon monter. Fitbit a annoncé fin août que ses bracelets et montres connectés étaient capables d’identifier les premiers signes du Covid-19, grâce à un nouvel algorithme développé par l’entreprise. D’autres comme LifeSignals qui vend des dispositifs similaires aux BioButtons plutôt à destination du secteur médical, signent désormais des contrats avec des entreprises, rapporte la BBC.

« Dispositifs invasifs et non éprouvés »

Ces sociétés disent respecter la vie privée de leurs utilisateurs en chiffrant par exemple leurs données de santé et en s’assurant que celles-ci ne soient pas visibles par leur employeur ou école. Mais les défenseurs des libertés s’inquiètent tout de même de leur démocratisation et craignent que leur utilisation perdure une fois le risque épidémique passé. « Ça fait froid dans le dos de savoir que ces dispositifs invasifs et non éprouvés puissent devenir une condition pour conserver notre emploi, aller à l’école ou participer à la vie publique », s’alarme Albert Fox Cahn, directeur de l’ONG Surveillance Technology Oversight Project, interrogé par le New York Times. Dans ce contexte de crise économique, il est de plus peu probable que des salariés osent s’opposer à ces systèmes, souligne Ivan Manokha, chercheur à l’Université d’Oxford, spécialiste de la surveillance au travail, cité par la BBC.

Autre problème : l’utilité des wearables pour mieux lutter contre le Covid reste à démontrer. Des études explorent la question, mais leurs résultats (parfois encourageants) sont encore trop précoces pour tirer des conclusions.

Marine Protais

À la rubrique "Tech à suivre" de L'ADN depuis 2019. J'écris sur notre rapport ambigu au numérique, les bizarreries produites par les intelligences artificielles et les biotechnologies.
commentaires

Participer à la conversation

Laisser un commentaire