Des chercheurs du MIT ont développé une intelligence artificielle qu'ils disent capable de détecter les malades asymptomatiques du coronavirus en analysant leur toux. Leur but est de l’intégrer à une application utilisable par tous.
Comment mieux identifier les porteurs asymptomatiques du Covid-19, qui peuvent transmettre le virus sans le savoir ? Des chercheurs du Massachussets Institute of Technology misent sur un algorithme détecteur de toux. Car lorsqu’ils se forcent à tousser, les malades asymptomatiques auraient une toux légèrement différente d’une personne en bonne santé. La différence est ténue et donc très difficile à détecter pour une oreille humaine. C’est en revanche dans les cordes d’une intelligence artificielle, avancent les chercheurs.
Dis-moi comment tu tousses, je te dirai quel malade tu es
Pour développer leur modèle mathématique, cette équipe de recherche utilisé de d’enregistrements de toux transmis par 4256 volontaires via leur smartphone ou leur ordinateur. Lorsque de nouveaux enregistrements sont soumis à l’algorithme, ce dernier parvient à identifier les Covid + asymptomatiques dans 100 % des cas avec une spécificité (la probabilité qu’une personne saine obtienne un diagnostic négatif) de 83,2 %, selon les résultats de cette étude. Ces derniers ont été publiés fin septembre dans IEEE Journal of Engineering in Medicine and Biology.
Des chercheurs avaient déjà utilisé des modèles similaires lors de précédentes études sur d’autres maladies comme l’asthme, les pneumonies, mais aussi la maladie d’Alzheimer. Car certains aspects du langage et de la toux peuvent évoquer un affaiblissement des cordes vocales, qui peut être l’un des signes de cette maladie neurologique.
Une appli utilisable par tous ?
Le but de cette équipe de recherche est d’incorporer cet algorithme à une application gratuite, facile d'utilisation et de demander l’approbation de la FDA, l’organisme qui autorise la commercialisation des médicaments et équipements médicaux aux États-Unis. Chaque jour, l’utilisateur pourrait tousser près du micro de son smartphone, et l’appli se chargerait de lui dire s’il est potentiellement porteur asymptomatique du nouveau coronavirus. De quoi l’inciter à se faire tester et s’isoler en cas de doute. « La mise en œuvre efficace de cet outil de diagnostic de groupe pourrait réduire la propagation de la pandémie si tout le monde l'utilisait avant d'aller dans une salle de classe, une usine ou un restaurant », juge Brian Subirana, l'un des chercheurs co-auteurs de l'étude.
La fiabilité de l'étude remise en question
En France, un projet similaire baptisé « Toux pour la science » a été lancé en juin par l'Université de Bordeaux.
L'étude du MIT laisse toutefois des observateurs, comme le sociologue Antonio Casilli spécialiste du numérique, sceptiques. La fiabilité de l'étude est remise en question. Car sur les participants à l'étude, une large partie (58,9 %) s'est auto-diagnostiquée Covid positif ou Covid négatif.
Bad BBC, bad! You publish this unverified ? and then one has to spend three days fending off journalists' questions about whether this is true or not. (Clue: it's more 'or not') https://t.co/NtKpJuSzjX
— Casilli (@AntonioCasilli) November 2, 2020
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