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Télétravail : de l'engagement au surengagement ?

© Glenn Carstens-Peters via Unsplash

De plus en plus d'actualité, le télétravail est pratiqué par un tiers des salariés et des entreprises en France. Les collaborateurs sont d'ailleurs 84% à déclarer télétravailler de leur propre chef. Une liberté qui pose la question suivante : le salarié est-il autant engagé depuis chez lui ?

« Dans le télétravail, il y a un apprentissage, non seulement des activités (…), mais aussi l'apprentissage des compétences qui permettent aux salariés de réguler ces espaces nouveaux, soudains et émergents. » Pour les chercheurs du Cnam, le télétravail, ça ne s’improvise pas ! Décryptage avec deux experts du travail sur les bénéfices de la pratique et leurs conseils de mise en place.

Améliorer l’engagement

Selon 75% des dirigeants, le télétravail contribue à booster l’engagement des collaborateurs. Les salariés déclarent d'ailleurs à 88% que le télétravail accroît leur productivité. Des chiffres confirmés par Marc-Éric Bobilier Chaumon, professeur au Cnam. « Le télétravail favorise un engagement favorable pour l’entreprise, en termes de productivité ». La pratique n'altèrerait donc pas la motivation du collaborateur et peut même être une source de productivité pour les organisations. 

D'autres bénéfices s'ajoutent à cette pratique. 46% des salariés l'envisagent pour réduire le temps de trajet. Un point très positif pour les Franciliens qui peuvent cumuler jusqu’à deux heures de trajet par jour. Viennent ensuite la planification et la flexibilité des horaires de travail selon les besoins (39%) comme lors des derniers mouvements sociaux par exemple, et une meilleure conciliation entre vie professionnelle et personne (37%).

Former les employés

Flore Barcellini, professeure en ergonomie au Cnam met en garde. « Il faut faire attention à ne pas transposer le lieu de travail à l’identique quand on est à la maison. Il est nécessaire de se faire accompagner par des professionnels lors de la mise en place de nouvelles formes de travail, et notamment du télétravail ». L’être humain est un animal social qui a besoin de la reconnaissance de ses pairs. « Le salarié a besoin de faire partie de l’entreprise, même lorsqu’il est absent », ajoute Marc-Éric Bobillier Chaumon.

Comment accompagner favorablement la mise en place du télétravail  ?

Une partie de la réponse se trouve certainement du côté de l’encadrement. Le télétravail n'est pas l'affaire du seul et unique collaborateur, qui plus est à distance. Les managers aussi sont concernés par la question des conditions de la mise en place du télétravail. Les méthodes et le management changent du tout au tout si l’on encadre des collaborateurs présents dans l'entreprise ou travaillant à distance. Flore Barcellini préconise de « ne pas minimiser les reconfigurations des activités collectives et d’associer des spécialistes du travail au projet de mise en place du télétravail ».

Car même si le télétravail est réclamé par les salariés, 69% des entreprises ne l’encadrent pas de manière officielle. Marc-Éric Bobilier Chaumon souligne par exemple le phénomène de surengagement.  « Le salarié peut se sentir privilégié et redevable de sa situation en travaillant plus et faisant acte de présentéisme par mail ». Un cas qui devrait motiver managers et salariés à mettre en commun leurs bonnes pratiques.

Alors quelles sont les (autres) préconisations pour un télétravail positif ?

Utiliser les outils sans oublier l’humain

Ils sont 45% des dirigeants à peiner à mettre en place le télétravail à cause des difficultés techniques et de la sécurité des outils et des données. Les outils de communication sont indispensables, notamment pour lutter contre l’isolement des télétravailleurs. Mais « il ne faut pas oublier les salariés qui travaillent depuis l’entreprise en relation avec le télétravailleur », ajoute Marc-Éric Bobillier Chaumon, qui ont besoin également d’échanger avec lui. « Les régulations informelles et la confiance entre les collaborateurs sont essentielles. On peut discuter rapidement, se mettre d’accord et voir également que le collègue est affairé à la tâche confiée », analyse Marc-Éric Bobillier Chaumon.

Attention au risque de déshumanisation du salarié et à son éloignement de l’entreprise, notamment via les nouvelles formes de travail nomades. Faut-il pour autant transporter la culture de l’entreprise jusqu’à son bureau lointain ? Rien n’est moins sûr. Mais maintenir les mêmes privilèges qu’un collaborateur présent dans les locaux est important. Sans oublier l’engagement par la parole et les réunions quotidiennes, qui permettent au salarié de s’impliquer dans les décisions de l’entreprise.



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