« YOLO economy » : quand les privilégiés de la pandémie plaquent tout pour changer de vie

« YOLO economy » : quand des privilégiés de la pandémie plaquent tout pour changer de vie

Le u003cemu003eNew York Timesu003c/emu003e met le doigt sur une nouvelle forme « d’intrépidité professionnelle » qui pousse de jeunes travailleurs à mettre leur carrière en péril pour entreprendre ou démarrer une nouvelle vie. 

Ils et elles en ont marre des réunions Zoom, des heures supp’ entre quatre murs et des modes de travail modernes, aussi « flex’ » et « agiles » soient-ils. Après un an d’anxiété et de stress pandémique, de jeunes salariés sont prêts à en découdre et à tout plaquer. Bienvenue dans la « YOLO economy », là où risquer sa carrière et son open space pour une autre vie est permis.

« YOLO »

« Si ce mouvement a un cri de ralliement, c'est bien YOLO (You Only Live Once) », décrypte le New York Times. L’acronyme, « on ne vit qu’une seule fois » en français, a été popularisé il y a une dizaine d’années par le rappeur Drake. Il est depuis employé par les jeunes générations sur les forums de discussion et les réseaux sociaux, en particulier pour décrire des situations dans lesquelles on se trouve littéralement… en roue libre.

À en croire le quotidien new-yorkais, la pandémie a en partie favorisé l’émergence de ces « joyeux preneurs de risques » , en particulier parmi les travailleurs de la génération Y. Galvanisés par leurs économies et leurs compétences professionnelles, ils et elles font preuve d’une nouvelle forme « d'intrépidité professionnelle. » 

Si pas maintenant, alors quand ? 

Il y a d’abord ce jeune avocat, fatigué de travailler 10 heures par jour depuis sa cuisine, qui démissionne pour une petite entreprise aux horaires plus confortables. Il y a aussi cette cadre d’une entreprise technologique qui a peur de passer à côté de sa vie et de ses enfants. Il y a enfin cet acheteur en distribution textile qui refuse de retourner au bureau, en dépit des consignes de son employeur. À la place, il a créé un tableau Excel qu’il baptise sommairement : « Crise de la fin des années 2020 ». On y trouve la « bucket list » de sa vie future : apprendre à coder, acheter de l’Ethereum, déménager dans les Caraïbes et lancer une boîte dans le tourisme.

Bien sûr, ne crie pas « YOLO » qui veut, car ce changement de vie radical ne concerne qu’une poignée de privilégiés, souligne le média. « La plupart affirment que la pandémie a détruit leur confiance envers les cols blancs traditionnels. Ils ont vu certains de leurs pairs indépendants s'enrichir en rejoignant des start-up ou en pariant sur des crypto-monnaies. En parallèle, leurs patrons les ont noyés dans des tâches banales, ont tenté d'automatiser leur travail, et ne les ont pas soutenus durant l'une des années les plus difficiles de leur vie. »

Le retour de bâton des « bullshit jobs », terme conceptualisé par l’anthropologue et économiste américain David Graeber, ne date pourtant pas de la pandémie. En France, 42% des personnes travaillant dans le numérique envisageaient de quitter leur job en 2017. Ailleurs, certains cadres ont déjà tout quitté pour se reconvertir dans les métiers de l’artisanat. En 2021, il n'a jamais semblé aussi tentant de se poser la question de la reconversion : si pas maintenant, alors quand ?

Margaux Dussert

Diplômée en marketing et publicité à l’ISCOM après une Hypokhâgne, Margaux Dussert a rejoint L’ADN en 2017. Elle est en charge des sujets liés à la culture et la créativité.
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