Alors que la pandémie s'éternise, le sentiment de solitude s'accentue partout dans le monde. Et certains redoublent de créativité pour y remédier.
Après plus d’un an de pandémie, deux confinements et demi et de nouvelles habitudes « sans contact », la crise du Covid-19 se double d’une pandémie de solitude. En France, près d’une personne sur cinq (18%) se sent seule, indique une étude Ifop pour Astrée parue début 2021. C’est cinq points de plus que le niveau d’avant-crise, mesuré en 2018. Des chiffres similaires s’observent un peu partout dans le monde. Au Royaume-Uni, 25% de la population faisait état d’un sentiment de solitude fin 2020. En février 2021, le Japon a même créé un Ministère de la Solitude pour faire face à une augmentation des suicides.
Comme le rappelle l’autrice France Ortelli dans son ouvrage Nos cœurs Sauvages, à la différence de l’isolement qui est objectif, la solitude est un sentiment. Pour contrer ce ressenti, de nouvelles méthodes, parfois surprenantes, se développent.
Le robot aussi imparfait qu’un humain
Au Japon, le remède anti-solitude s’appelle Nicobo. Et c’est un robot ! Mais un robot pas comme les autres. Le petit automate ne peut ni vous préparer le petit-déjeuner, ni calculer la trajectoire de la prochaine fusée SpaceX, ni même vous dire le temps qu’il fera demain. À vrai dire, le petit robot, qui ressemble surtout à une grosse peluche, est à peine capable de converser et s’en tient à quelques mots comme « bonjour » ou « oui ». À l’heure des assistants vocaux et des IA toujours plus performantes, Nicobo fait figure de « robot inutile ». Pourtant, il a tout ce qu’il faut pour lutter contre le sentiment de solitude. Il ne se déplace pas mais en revanche, il réagit au toucher, reconnaît le visage de son propriétaire et exprime ses humeurs en clignant des yeux ou en remuant la queue. Au Japon, Nicobo fait un carton.
La giga coloc' pour ne jamais être seul
Autre idée pour ne jamais se sentir seul, se confiner dans une méga-colocation. Dans Vice, Paul Albert raconte son expérience au sein d’une maison de 22 habitants en région parisienne. Baptisée la « Villa Philosophe », la résidence a été créée par deux frères jumeaux qui cherchaient un endroit où leur frère bipolaire ne serait jamais seul. Tout y est donc pensé pour la vie en communauté. La mini-société recréée dans la « Villa Philosophe » ressemble surtout à une colonie de vacances pour jeunes adultes mais c’est peut-être une des clés dans la lutte contre la solitude.
Prête-moi ta mère
Pour celles et ceux qui auraient besoin d’une petite dose de réconfort et d’empathie minute, direction Reddit. Sur le réseau social, les forums « Mom for a Minute » et « Dad for a Minute » sont en plein boom. Le principe : « si tu as besoin de félicitations, d’encouragement, de conseils ou d’une oreille attentive de la part d’une figure maternelle mais que tu n’en as pas, nous sommes là », indique la description du groupe. Les 160 000 membres viennent donc trouver une mère ou un père de substitution le temps d’un message. Une autre façon de penser les liens sociaux.
Est-ce vraiment la faute du Covid-19 ?
Les idées pour lutter contre la solitude générée par la pandémie ne manquent pas. Mais pour certains, le Covid-19 ne serait qu’un catalyseur et non le véritable responsable de cette autre épidémie. Dans son livre The Lonely Century, l’économiste Noreena Hertz pointe du doigt une économie du « sans contact ». Un modèle de société « sans friction » mais aussi « sans interaction ». Et ce, bien avant que le nouveau coronavirus ne débarque dans nos vies.
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