Fautes de frappe, ponctuations passives-agressives et quiproquos... Pourquoi opter pour une conversation saine et régénérante alors que l'on peut s'engueuler par textos à la place ?
Des rendez-vous amoureux aux réunions boulot, beaucoup de nos interactions se téléportent en ligne, et les disputes ne font pas exception. Une pratique de plus en plus répandue qui porte désormais un nom : le fexting.
C'est quoi le fexting qui nous retourne la tête ?
Néologisme né de la fusion des termes fight (dispute) et texting (le fait d'envoyer des textos), le fexting désigne les conversations houleuses et répliques acerbes assénées via textos, généralement depuis deux coins diamétralement opposés de la maison. Une manie globalement délétère et contre-productive, entre usage intempestif des points d’exclamations, points de suspensions annonçant la rédaction d'un message (qui parfois ne vient pas et nous plonge dans les méandres de l'angoisse) et Fa!àuuTES de frappe rendant la lecture extrêmement laborieuse. Ce n'est pas pour autant que nous avons banni le fexting de nos habitudes. Au contraire, nous y aurions de plus en plus recours, pour le plus grand plaisir de certains. Comme l'observe The New York Times, « le fexting fournit beaucoup de boulot aux thérapeutes et aux avocats spécialisés en divorce. »
« Cela revient souvent dans ma pratique », confie Laura Wasser, avocate en droit de la famille basée à Los Angeles. Après avoir représenté Kim Kardashian, Britney Spears et d'autres célébrités, l'avocate a vu défiler son lot d'échanges enflammés, de photos compromettantes, de captures écran, d'aveux involontaires et de menaces proférées par textos. « Nous recevons des pages et des pages d'impressions de messages texte, ce qui peut grandement contribuer à fournir des preuves au juge », souligne l'avocate. Les thérapeutes ont eux aussi beaucoup à faire avec le fexting. À ses clients en crise, Debra Macleod, conseillère conjugale canadienne, conseille d'effectuer des cures et de bannir les échanges écrits pour des durées allant d'une semaine à trois mois.
Capture écran et fexting : une pratique à éradiquer ?
Les conversations difficiles menées par textos sont-elles donc à annihiler complètement ? Pas forcément. Pour la journaliste Clio Chang, les conversations numériques et les captures écran racontent aussi notre vraie vie. « Quand je suis lovée dans mon lit la nuit et que je veux passer en revue mes souvenirs, je vais d'abord dans mon dossier de captures écran, pas dans mes albums photo », expliquait-elle en juillet 2021 dans le New York Times Magazine. Parce que nos captures écran, ce sont nos photos et échanges délestés des artifices de la mise en scène, quelque chose de plus brut et véridique. Comme le soulignait récemment la chercheuse Charleyne Biondi, docteure en science politique : « Nos existences sont devenues indissociables des technologies qui les médiatisent : on pense avec les moteurs de recherche, on se souvient avec l’IA d’iPhoto ou des réseaux sociaux, on ne pourrait même plus tomber amoureux sans textos… » Ni se séparer sans textos lacrymaux. En témoigne la quantité phénoménale de chansons qui évoquent inlassablement tourments amoureux, coups de fils manqués et textos qui ne viennent pas.
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