
Trois jours par an pour célébrer la connexion à soi et aux autres, c'est la proposition d'un cabinet de conseil nord-américain.
Dans un billet publié sur son blog, la société Bright + Early, spécialisée dans les ressources humaines, explique s'être rendue compte que peu de ses employés célébraient réellement les fêtes traditionnelles d’origine chrétienne comme Noël ou Pâques, qui au Canada et aux États-Unis donnent lieu à la plupart des jours fériés. En parallèle, de nombreux employés prenaient des jours de congé pour assister à leur propre célébration culturelle ou spirituelle. Pour pallier ce problème, le cabinet a mis en place les « journées spirituelles » (spiritual days).
Des jours de congé pour célébrer sa spiritualité
Pour le cabinet de conseil, ces « journées spirituelles » sont pour les salariés « un plus qui encourage l'appartenance à l'humanité dans sa globalité. » À ce titre, les employés peuvent prendre trois jours de congé intégralement payés pour célébrer des évènements culturels ou religieux qui ne correspondent pas aux jours fériés chrétiens. Et pour ceux qui ne s'identifient à aucun groupe religieux particulier, ces congés peuvent être utilisés pour dédier du temps à toute activité qui « nourrit l'esprit » : bénévolat, retraite, méditation ou encore yoga. « J'organise des excursions annuelles en camping pour des groupes BIPOC (ndlr : une association qui vise à construire de la solidarité entre Afro-Américains, descendants Nord-Amérindiens et toutes personnes racisées), et j'ai pu utiliser mes journées spirituelles pour ces voyages-là. Je vois mes jours de vacances comme l'occasion de changer totalement d'air alors que j'utilise mes journées spirituelles pour me connecter à ma communauté », explique une employée.
Notons que dans de nombreux pays, les lieux de travail sont légalement tenus de répondre aux besoins religieux de leurs employés. Cependant, toutes les célébrations ne relèvent pas de ce code, qui exclut les évènements communautaires locaux, les cérémonies autochtones ou les fêtes traditionnelles des pays d'où ont émigré certaines familles. « J’ai profité des journées spirituelles pour assister à un pow-wow (ndlr : un rassemblement de Nord-Amérindiens), ainsi qu’à des fêtes juives, comme Roch Hachana avec la famille de mon mari. Personnellement, je priorise leur utilisation pour les choses qui me permettent de créer des connexions. C’est quelque chose que j’aime vraiment parce que je n’ai pas besoin de choisir entre différents aspects de ma culture ou de ma vie. Cela me permet de m’honorer tout entière », raconte une autre employée.
Le retour des spiritualités néopaïennes
En Grande-Bretagne, les générations Z et Y célèbrent de plus en plus volontiers Midsummer, la fête nordique d'origine païenne préchrétienne qui correspond au solstice d'été. D'après Fay Hield, professeur d'ethnomusicologie à l'université de Sheffield, l'Angleterre serait traversée par un « grand enthousiasme » pour les cultures folkloriques, à savoir les croyances, rites, légendes et fêtes des sociétés traditionnelles. Et depuis le Brexit, le phénomène irait croissant. Sur TikTok, le #midsommar culmine déjà à 2 milliards de vues. Un engouement pour les spiritualités, nouvelles et anciennes, que l'on trouve aux quatre coins du monde. Face à un taux de chômage urbain qui dépasse les 20% dans un monde du travail marqué par la compétition, certains jeunes Chinois épuisés par un rythme de boulot toujours dominé par la culture du « 996 » (de 9 heures du matin à 9 heures du soir, 6 jours sur 7) décident de dire non. Après s'être allongés en signe de protestation, ils troquent leur clavier pour de l'encens et leur studio pour une cellule dans un temple perché dans les montagnes.
Alors. Midsommar. Le moins qu'on puisse dire, c'est que, dans le film du même nom, les participants sortent de leur zone de confort.