Comptes TikTok d'influenceuses ayant eu recours à un lip dissolving

Lip dissolving : désormais, les influenceuses dégonflent leurs lèvres

© TikTok

Et ceci n’est pas forcément le signe d’un désamour pour la chirurgie esthétique. 

« Je commence à revoir la ligne de ma lèvre supérieure que je ne voyais plus ». Dans une vidéo TikTok, l’influenceuse australienne Emily Davies commente en direct, heure par heure, les effets de son “lip dissolving”. Cette chirurgie qui consiste à réduire des lèvres préalablement grossies à coups d'injections d’acide hyaluronique. On administre par aiguille une substance baptisée hyaluronidase qui dissout l'acide hyaluronique. Au début, la piqûre cause une inflammation impressionnante des lèvres, puis celles-ci se dégonflent progressivement. Emily Davies y a eu recours car elle n’aimait plus ses lèvres artificiellement repulpées aux injections.   

@emdavies___

WAIT IM STARTING TO LOVE THEM???!!!! (watch until the end for 4 hours post dissolve) #lipfillerdissolved #lipdissolving

♬ original sound - em davies

Les vidéos d’Emily sont l’un des nombreux exemples sur TikTok, YouTube et Instagram de jeunes femmes racontant leur lip dissolving. Elles l’agrémentent souvent d’une vidéo reveal (révéler) où l’on découvre leurs lèvres de retour au naturel. Le hashtag lipdissolving cumule plus de 70 millions de vues sur TikTok. 

Une banalisation de la chirurgie esthétique 

Serait-ce le début de la fin de la banalisation de la chirurgie esthétique ? Les actes esthétiques se sont considérablement multipliés ces dernières années, en particulier chez les jeunes. Les 18-34 ans y ont davantage recours que les 50-60 ans, rapportent les journalistes Ariane Riou et Elsa Mari dans leur enquête Génération Bistouri. Et l’injection d’acide hyaluronique est l’un des actes les plus plébiscités. Selon un sondage de Save Face, 59 % des GenZ interrogés estiment que cet acte est comparable à une coupe de cheveux ou une manucure. Il est devenu tellement courant que des versions low cost prolifèrent. Des « injectrices » sans aucune formation médicale facturent à moindre coût des injections dans des conditions sanitaires douteuses, et sans aucun suivi médical, provoquant parfois des dégâts irréversibles sur le visage des patientes. 

The Feed, compte Instagram de l’agence WeAreSocial qui repère les tendances sur les réseaux sociaux, voit dans la popularité du hashtag lipdissolving un backlash contre la chirurgie esthétique, voire la fin du « visage Instagram ». Une allure marquée par des sourcils épais, des yeux de biche, des pommettes saillantes, un nez fin et des lèvres extrêmement pulpeuses. Ce canon de beauté quasi inhumain a été popularisé par Kim Kardashian ou Kylie Jenner, mais aussi par les filtres - dont le dernier en date “Bold Glamour “ propose d’adopter cette apparence de façon très réaliste. Toutefois, se défaire de la chirurgie esthétique n’est pas exactement la démarche des influenceuses qui ont recours au lipdissolving.

La fin du « visage Instagram » ? Pas vraiment

Faire dégonfler ses lèvres est souvent un moyen de rattraper une chirurgie ratée, pour mieux recommencer ensuite. Au fil du temps, l’acide hyaluronique a tendance à migrer en haut et en dessous des lèvres, donnant un aspect gonflé, et crée parfois de petites grosseurs. Des lèvres ratées suite à des injections trop nombreuses depuis trop longtemps sont parfois appelées “trout pout” (ou moue de truite) dans le jargon flatteur de la chirurgie esthétique. Ce qui vous donne une idée du résultat. Pour certaines donc, il est recommandé de passer par une phase de réduction - parfois très mal vécue - avant de grossir de nouveau ses lèvres. 

En atteste la série de vidéos TikTok d’Ellie Scales. Sur l’une d’elles, on voit cette influenceuse britannique en pleurs, cachant ses lèvres redevenues naturelles. « Ce n’est pas moi, ce n’est juste pas moi. (...) J’ai hâte d’avoir de nouveau des injections. J’ai perdu ma confiance », dit-elle dans une autre vidéo face à la caméra. 

La jeune femme, raillée par les réseaux sociaux à cause de ses lèvres malmenées par la chirurgie, indique faire des injections depuis ses 18 ans. Elle a aujourd’hui une trentaine d’années. À force, ses lèvres sont devenues inégales, avec des excroissances à certains endroits. Au point que certains lui affublent le surnom de Botched Queen - botch est un terme utilisé pour désigner une chirurgie ratée en anglais. 

Après le lip filler, le lip tattoo

Si de nombreux abonnés ont salué son lip dissolving, cela n’a pas empêché ses détracteurs de continuer à humilier la jeune femme. « Je suis sur les réseaux sociaux depuis 10 ans. J’avais des commentaires haineux quotidiens sur mes lèvres. Je pensais que cela allait s’arrêter. (...) Mais cela n’a pas marché. Je ne gagnerais jamais (...) mais je fais ça pour moi ». Gonflées ou dégonflées, les lèvres de ces femmes, comme toutes les autres parties de leurs corps, continuent d’être sujettes à commentaires. 

@ellieeewbu

Replying to @Chloe Fernandez i cant stop crying I HATE IT😭😭😭 idk if this is the best or worst decision ive ever done

♬ original sound - Ellie Scales

Emily Davies, elle, ne souhaite pas avoir recours à de nouvelles injections. Mais elle indique quelques semaines après son dissolving, avoir eu recours à un tatouage permanent sur les lèvres qui leur donne une teinte plus foncée qu’au naturel. « Je suis obsédée », « j’ai déjà envie d’avoir une couleur plus vive. »  

Marine Protais

À la rubrique "Tech à suivre" de L'ADN depuis 2019. J'écris sur notre rapport ambigu au numérique, les bizarreries produites par les intelligences artificielles et les biotechnologies.
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